Mardi 17 février 2009 à 23:29

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Au creux de mon oreille, j'entendais le doux murmure du piano. La chanson qui défilait me semblait alors comme une petite comptine, une comptine sombre, où la mort se profile à chaque couplet mais avec l'apparente légèreté d'un boîte à musique, d'une  mélodie d'enfants. Les songes ont des âmes que l'on trouve, égarées ... Je me suis assise doucement sur une des pierres longues et grises qui parsemaient la pelouse, devant la petite bâtisse gris-marron qui constituait le cabinet. Le vent, avec sa fraîcheur de fin d'hiver, soulevait les branches désespérément vides des noisetiers aux abords de la rue et me caressait délicatement les joues, ces joues encore rougies par les larmes de rages et de déceptions. Quelques uns de mes cheveux en désordre glissaient le long de mon visage, leur présence était délicate. Le ciel était gris, d'un gris plutôt clair, strié à l'horizon par de minces nuages blancs. Déjà, le soleil semblait vouloir se retirer et, peu à peu l'obscurité  se glissait doucement en jetant un voile sur le monde. La lumière devenait alors plus tamisée, proférant à l'environnement une ambiance quasiment étouffante mais que l'on aurait pu qualifier de ... poétique. Dans cette grisaille ambiante, seule ressortait le vert presque luxuriant de l'herbe grasse, encore gorgée d'eau. J'étais assise en plein milieu d'un lotissement. Un lotissement modeste et tranquille où demeuraient alignées des maisons, identiques, dont la façade était grossièrement enduite de blanc, devenu grisâtre depuis longtemps. Le long de ces murs, on pouvait voir de longues traînées rougeâtres qui semblaient dégouliner et gâcher l’effet de lisse, de conforme que devait sûrement produire ces maisons à leur construction. En arrière plan, sur le côté droit, il y avait une aire de jeu, une sorte de petit parc où était installé des balançoires et un toboggan On entendait des rires d'enfants, de ces rires si précieux qui égaillaient à eux seuls tout le tableau qui se déroulait devant moi. Emmitouflés dans des bonnet de laines descendus au plus près des yeux et de gros manteaux, les plus petits ressemblaient à des petits astronautes, encore frêles sous les petites jambes, cherchant obstinément à choisir la direction de leur marche, mais doucement dirigé par les petites pressions des mains, d'abord affectueuses puis franchement agacées de leur parents. Quelques enfants plus vieux, fiers comme Artaban sur leurs vélos s'amusaient à faire crisser leurs roues sur le bitume déjà abimé. Ils parlaient de leurs exploits, d'autres garçons moins sympathiques ou qui avaient peut être juste le tord de demeurer absents. Des filles, elles aussi sur leur vélos, se racontaient leur histoires, en roulant plus lentement, et deux par deux, pour pouvoir mieux discuter.

Et le flux de gens demeurait régulier, l'affluence était certes relative mais je m'amusais beaucoup à voir, au loin, toute cette vie paisible d’un lotissement de banlieue tranquille. Des fois, quelques vélos s'aventuraient dans la rue, encore plus rarement, des voitures. J'étais toute recroquevillée, assise, les genoux légèrement repliés sur moi, mon casque blanc bien fixé à mes oreilles. Mes cheveux étaient encore en bataille et mes yeux rouges. J'étais seule. J'attendais Maman et, il faut le dire,  à ma vue, les gens posaient sur moi un rapide coup d’œil furtif intrigué mais rarement plus. A part peut êtree que les petits garçons en vélo roulaient plus vite et dérapaient encore plus fort. J'appréciais. J'avais envie que l'on continue de m'oublier le temps d'une petite pause dans l'espace temps, le temps d'un souffle. J'étais juste, profondément bien dans ce tableau vivant. Ce tableau vivant qui, cela devait sûrement du à mes humeurs ainsi qu'à la musique, me semblait  particulièrement singulier, comme emprunt d'une atmosphère unique. Malgré une banalité apparente, j'y voyais un tableau riche en humanité, chargé d'une mélancolie particulière et mes yeux, fidèles instruments de mon âme optimiste y voyaient même  une touche d’espoir, une lumière qui empêchait à ce monde de se détruire complètement, qui lui permettait aussi de résister à l'obscurité écrasante, à la fatalité dramatique que l'on tentait de lui imposer, qui permettait aux gens de croire encore en leur avenir, ceux de lors enfants, qui privilégiait les échelles plus petites, plus humaines, moins abstraites, profondément ancrée dans la réalité. Cette réalité qui semblait être cachée par les grands problèmes de notre société, par les titres des journaux, ces médias qui oublient ces gens, qui oublient les gens. Cette réalité moi je l’aimais bien, avec sa simplicité essentielle, son calme. Ces sorties dans le parc, c’était une pause dans la vie de ses gens. Il fallait les entendre rire ! Ces vies n’étaient sûrement pas roses tout le jour, je le savais, il y avait ici sûrement des gens blessés, ce n’était pas un tableau rose, c’était un tableau gris, mais un joli tableau gris, un tableau gris qui avait mon affection, l’espace d’un instant. De mon côté, je n'avais rien à faire, juste à me laisser emporter par les sons qui continuaient de défiler et de résonner en moi avec l'écho si agréable que la musique procure. Go wait at the window, don’t leave it until you can see better days that are coming You just have to way. Et puis … laisser mon imagination s'envoler, mes yeux errer dans ce paysage qui me semblait chaque seconde un peu plus familier, sentir le vent me caresser la peau et sentir les odeurs de la nuit qui tombe doucement. Puis, je me suis levée, tranquillement, j’avais les jambes toutes engourdies. J'ai commencé à faire quelques pas, en équilibre sur les petites pierres, comme quand j'étais enfant, en murmurant les paroles. Je repensais que j'avais passé une bonne journée malgré que j'aie manqué mon rendez vous. La déception et la haine contre moi d'avoir ainsi été en retard et de m'être perdue étaient désormais totalement parties en fumée et, surtout, je sentais que je n'étais plus bloquée. Que, même si cela me coûtait et que mes pas étaient infimes, j'avais recommencé à avancer. J'étais tout simplement bien et, de surcroît, je m’en rendais compte.

Et puis j'ai mis de la musique sur mon blog  ...

Par niarkos le Mercredi 18 février 2009 à 0:17
waouh, lovely
Par Got-a-secret le Mercredi 18 février 2009 à 21:01
Quel beau texte !!
Par Claire le Vendredi 27 février 2009 à 17:07
Hey ca a géré à l'atelier écriture ! :D
Par LambeauxDeVie le Mercredi 16 décembre 2009 à 21:42
(J'ai pris un article au hasard ;) )
Ca fait bizarre, je te l'accorde. Mais dans une certaine mesure vous vous envoyez déjà des mails. Ce qui peut paraitre bizarre aussi. Et c'est risqué, il faut que tu te sentes capable de gérer le tout : l'invitation, l'attente, "le verre" et après. Mais de toute façon, qui sera au courant ? L'idée est bizarre en elle-même, mais dans ton contexte, pourquoi pas ?
 

Chuchoter à l'oreille









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