Je suis sur mon lit, la nuit est brisée, tombée. J'écoute Björk, comme avant. Et ce sont des murmures qui s'allongent, au plus profond de moi. Je suis sur mon lit, mon ordinateur callé sur mes jambes, mal éclairée, et je suis en arrière. C'est étrange, ces sensations qui se réveillent, pourtant détachées de leur objet de l'époque. Je revis des sentiments à la dérive, et cela m'apaise. Depuis quelques jours, j'ai cette sensation de retourner à des sentiments, des habitudes de pensée de cette époque de lycée, si intense. Peut être que cela me rassure. J'ai cette question d'identité qui ne fait que de remuer: me suis-je perdue en route ? Et maintenant, Julie ? Il y a eu cette période où je me connaissais très bien, et je passais beaucoup de mon temps à contenir, border et comprendre mes sentiments, et qui j'étais. Puis il y a eu cette course où, sous l'impulsion du bonheur puis, de l'euphorie, puis, de cette course. Je n'ai pas totalement arrêté d'écrire, mais j'ai arrêté de m'analyser autant. Voire j'ai arrêté. Je sens, je sais, que beaucoup de choses ont évoluées. Alors, alors, y a t-il quelque chose à re-prendre? Et ces sentiments, ces sensations, marqueraient une continuité. Et ma capacité à aimer, à nouveau, à sentir, encore (oui oui, j'ai ce genre de peur). Je ne glisse pas tout les quatre matins. Ce ne sont pas des souvenirs, ce n'est pas une nostalgie, c'est un re-vécu, par bribes et par esquisses mais de la puissance. "It's in our hands, it always was". Refoulements, refoulements. Et les vagues se creusent, toujours plus profond. Je ressens, et je vois, à travers les trainées grises de mes respirations, dans une sorte de tornade. Cette impression qui dort tout au long de moi. Et puis maintenant, et puis vraiment ? Pas les orientations, les chemins à tracer. Juste soi, et à nouveau. Devant cette place immense, qui donc ai-je à re-connaître ? Non pas que je me sois perdue, mais c'est un certain rapport, très précis. Je déborde. Voyez-vous. Ce sont mes sens. J'avais peur qu'après cette apnée inédite de quelques semaines (le concours, bien sur mais depuis que j'en ai "marre"), je sois asséchée. C'est mon imagination que je ne voulais pas abimer, sur cette fin. Alors qu'elle s'était tant nourrie (innutrition). Voilà.
J'avais envie de jeter des conneries.
J'avais envie de jeter des conneries.