Lundi 29 juin 2009 à 23:24

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" J’aime les néons, ils s’allument en bégayant, ils ronronnent en brillant, ils veulent bien faire mais ils abîment les yeux ; ce sont des maladroits "

" Mourir n'est pas facile, s'endormir non plus. Combien de suicidés ont oublié que leur geste risquait de leur coûter la vie ? Regarde moi, regarde-moi, je vais mourir dit-il, l'arme à la main, juste avant de rater son coup et de mourir comme un con, pour de vrai. Je vais mourir, tu parles. Et qu'est ce que tu espères ? Pour qui tu te prend ? Va mourir, connard. Va mourir si tu veux, on meurt de toute façon. Ce n'est pas ton suicide qui va te sauver la vie. "

"Que voit-on quand on regarde ? Le monde tout nu, l'indivisible altération des natures vives, le sursaut des objet que la candeur dépouille de leur fonction, des choses étranges : un mille-pattes au fond de la gorge, une mouette dans un ballon, des taupinières dans les rides du visage [...] Une terre toute plate dont la beauté dépend de l'œil. Un monde, en un mot, dont la science et ses squelettes ne disent pas grand chose, et qui, peut-être, à trop subir les lois de l'esprit, finit par rendre l'âme."

" Avant qu'elle nous lise "Parfums exotiques", Baudelaire n'était qu'une syphilis, un toxicomane alexandrin qui faisait la gueule sur les photos. Mais elle a pris le texte en main et l'a scruté amoureusement. Elle a passé deux heures sur la première virgule pour décrire la suspension du temps. Elle a mêlé le jaune et le bleu pour colorer de vert l'adjectif "monotone". [...] Mme Maurel, c'est la casquette de Charles Bovary, cet objet impossible "dont la laideur muette, dit Flaubert, a des profondeurs d'expression comme le visage d'un imbécile" et dont elle se servait pour nous montrer que plus on s'approche du réel, moins on le saisit."
R. Enthoven

"Un jour,j'étais âgée déjà, dans le hall d'un lieu public, un homme est venu vers moi. Il s'est fait connaître et il m'a dit : 'Je vous connais depuis toujours. Tout le monde dit que vous étiez belle lorsque vous étiez jeune, je suis venu vous dire que pour moi je vous trouve plus belle maintenant que lorsque vous étiez jeune,j'aime moins votre visage de jeune femme que celui que vous avez maintenant, dévasté. "

" Sous le chapeau d'homme, la minceur ingrate de la forme, ce défaut de l'enfance, est devenue autre chose. Elle a cessé d'être une donnée brutale, fatale, de la nature. Elle es t devenue, tout à l'opposé, un choix contrariant de celle ci, un choix de l'esprit. Soudain, voilà qu'on l'a voulue. Soudain je me vois comme une autre, comme une autre serait vue, au dehors, mise à la disposition de tous, mise dans la circulation des villes, de route, du désir. Je prends le chapeau qui me tout entière à lui seul, je ne le quitte plus. "

"Elle entre dans l'auto noire. La portière se referme. Une détresse à peine ressentie se produit tour à coup, une fatigue, la lumière sur le fleuve qui se ternit, mais à peine. Une surdité très légère aussi, un brouillard, partout."

"C’est à Cholon. C’est à l’opposé des boulevards qui relient la ville chinoise au centre de Saïgon, ces grandes voies à l’américaine sillonnées par les tramways, les pousse-pousse, les cars. C’est tôt dans l’après-midi. Elle a échappé à la promenade obligatoire des jeunes filles du pensionnat

C’est un compartiment au sud de la ville. L’endroit est moderne, meublé à la va-vite dirait-on, avec des meubles de principe modern style. Il dit : « Je n’ai pas choisi les meubles ». Il fait sombre dans le studio, elle ne demande pas qu’il ouvre les persiennes. Elle est sans sentiment très défini, sans haine, sans répugnance non plus, alors est-ce sans doute là déjà du désir. Elle en est ignorante. Elle a consenti à venir dès qu’il le lui a demandé la veille au soir. Elle est là où il faut qu’elle soit, déplacée là. Elle éprouve une légère peur. Il semblerait en effet que cela doive correspondre non seulement à ce qu’elle attend, mais à ce qui devrait arriver précisément dans son cas à elle. Elle est très attentive à l’extérieur des choses, à la lumière, au vacarme de la ville dans laquelle la chambre est immergée. Lui, il tremble. Il la regarde tout d’abord comme s’il attendait qu’elle parle, mais elle ne parle pas. Alors il ne bouge pas non plus, il ne la déshabille pas, il dit qu’il l’aime comme un fou, il le dit tout bas. Puis il se tait."

" Nous nous sommes baigné ensemble avec l'eau fraiche des jarres, nous nous sommes embrassés, nous avons pleuré et ça a été encore à en mourir mais cette fois, déjà, d'une inconsolable jouissance. Et puis je lui ai dit. Je lui ai dit de ne rien regretter, je lui ai rappelé ce qu'il avait dit, que je partirais de partout, que je ne pouvais pas décider de ma conduite. Il a dit que même cela lui était égal désormais, que tout était dépassé. alors je lui ai dit que j'étais de l'avis de son père. Que je refusais de rester avec lui. Je n'ai pas donné de raisons."
 
M. Duras
J'aimerais tellement vous faire partager un  peu de ces livres.
Les extraits sont dérisoires mais moins peut être que ce que l'on peut en dire.

En deux jours, deux livres.
La philosophie - un jeu d'enfant. Enthoven
L'Amant, Duras

Je ne sait pas écrire mon avis sur un livre, sur des livres. Je n'ai pas le goût sur et la prétention de pouvoir faire ressortir quelque chose d'important d'un bouquin. Mais, dans Enthoven, la délicieuse périgrination d'une intelligence sensible. Dans Duras, juste l'écriture aimant d'une histoire qui s'éparpile dans les recherches resonantes. Deux histoire de lectures totalement différentes. Mais un réel plaisir, un apport concentré. Cela faisait longtemps. J'ai l'impression de retrouver une partie de moi.
Par Satine le Mardi 30 juin 2009 à 8:19
c'est vrai que ce sont de très beaux passages ^^
Par maud96 le Mardi 30 juin 2009 à 8:58
J'ai adoré toutes ces citations... une douche rafraîchissante ! merci.
Par Lucifuga le Mardi 30 juin 2009 à 9:57
J'aime beaucoup tes petites citations, mais je n'ai lu aucun des livres.
Du Yann Tiersen, j'adhère aussi totalement :)
Par Asi.ElSea le Mardi 30 juin 2009 à 10:11
" Mourir n'est pas facile, s'endormir non plus."

C'est tellement ça. Cette phrase est magnifique. Elle résume un bon nombre de choses que je pense.
Par Princess-Maorie le Mardi 30 juin 2009 à 11:33
Rohhhhh ! Pleins de citations de livres ! J'adore ! Surtout, comme l'a fait remarqué Asi.ElSea, "Mourir n'est pas facile, s'endormir non plus".

Ah... moi aussi j'aimerai mettre des citations de mon livre sur mon blog... >< mais c'est trop risqué je pense. Pfff... une ou deux d'accord mais je crois que je peux pas aller plus loin (et puis ça fait trop prétentieuse je trouve XD)
Par B0uille le Mardi 30 juin 2009 à 13:31
L'amant, j'ai lu, il y a longtemps mais j'ai lu, et je dois avouer que Duras, je passe un peu à côté. J'ai pourtant dévoré la Douleur, et j'ai ressenti beaucoup de choses. Et puis j'ai lu Le ravissement de Lol v Stein, et là je n'ai pas aimé du tout. J'ai été peu séduite par Moderato Cantabile, alors j'ai décidé d'arrêter Duras.
Par monochrome.dream le Mardi 30 juin 2009 à 23:11
Jamais lu Enthoven, mais je l'entend, souvent pertinent sur France culture dans les nouveaux chemins de la connaissance.
Merci pour ces délices d'extraits... :)

(et j'ai bien reçu ton mail ! Pas signe de vie avant aujourd'hui parceque je ne suis qu'une escargote, débordée -oui tu parles on est en vacances-, mais débordée quand même. C'est souvent pendant les vacances qu'on fait le plus de choses.
Le deug, à vrai dire, officiellement ça n'existe plus. Mais en philo ils ne font rien comme tout le monde et ils nous l'ont envoyé quand même. C'est un "diplome" qui atteste qu"on a bac+2, mais qui ne sert pas à grand chose. Je continue en L3 l'an prochain...)
Par Ch0u.Fleur le Mercredi 1er juillet 2009 à 13:53
Oh, l'Amant est splendide. J'ai adoré.
Oui j'ai vécu une histoire similaire. Je ne sais pas si je l'écrirai finalement, mais ca m'a fait tellement de bien, et tellement de mal, mais un mal pour un bien finalement, de lire la tienne et de m'y retrouver.
Cet homme qui nous apprend a vivre comme tu l'as dit. A aimer a s'intéresser a être curieuse a imaginer a s'imaginer a nous imaginer a [...] tant d'autres choses. On voudrait le remercier, on voudrait qu'il comprenne ce qu'il est pour nous et en même temps c'est si gênant.
Comment se passe ta reconstruction, tu y arrives ?
C'est un peu banal de dire ca, et je pense que ca peut paraitre abstrait a ce stade, mais en effet, le temps atténue les sentiments. Je ne voulais pas l'oublier, je ne l'ai pas oublié, mais en plus, il a changé de lycée, alors ca m'a aidé.
Plein de bises !
Par douee.pour.le.silence le Mercredi 1er juillet 2009 à 14:19
Je ne pensais qu'à une chose durant mes révisions de bac, à l'instant où tout serait fini et où je pourrais de nouveau me plonger à corps perdu dans le premier bouquin venu, ce temps là est arrivé et malheureusement je ne sais sur quel livre jeter mon dévolu, je n'ai lu aucun des deux dont tu parles, alors, pourquoi pas...
Par ou-allez-vous-d0rmir-ce-soir le Mercredi 1er juillet 2009 à 18:13
Beau je ne trouve pas vraiment. Ca me pourit, oui. Ca me vide. Oui. Ca m'essoufle.
Mais ca n'a rien d'exfoliant. Je suis une romantique ratée, et pleine de désillusions.
Par Hello-Goodbye le Mercredi 1er juillet 2009 à 22:10
Très sympa la photo <3 !
Et t'inquiètes, on en profites à fond (pour une fois que la piscine nous sert ^^' !)
Par Sourires le Jeudi 2 juillet 2009 à 19:01
J'ai aimé ton histoire de sourire.
Elle était. Sans mot. J'imaginais, ce sourire réparateur. Celui qui illumine, peut-être sans trop le savoir. Un sourire franc et sincère, les plus beaux..
C'est une belle histoire, vraiment.
Je t'en remercie. Si tu en as d'autres, n'hésites pas.
=)

Milles sourires.
ps : j'aime beaucoup la photographie, les couleurs, la douceur aussi. ( perso, je serai déjà tombée de mon vélo =D )
Par alesia le Samedi 11 juillet 2009 à 19:18
Duras => une révélation, pour moi. Un modèle. L'Amant relu année après année, chaque été, au bord de la piscine (toute une ambiance, presque un rituel !)

R.Enthoven => Je ne connais pas. J'aimerais bien le nom des livres dont tu as tiré tes extraits 2 et 3. Ca a l'air bien :)
Par douee.pour.le.silence le Mardi 21 juillet 2009 à 12:14
J'ai finalement retrouvé en trifouillant dans la bibliothèque un bouquin qu'on m'avait offert il y a quelques temps et que je n'avais pas daigné ouvrir... et contre toute attente ça m'a beaucoup plus, ça fait un peu "saga de l'été sur france 2", mais ça détent, et puis ça dépayse, ça se passe au Chili...il me reste le tome 3 et après je compte bien faire une razzia dans une bibliothèque...affaire à suivre^^
Par douee.pour.le.silence le Mardi 21 juillet 2009 à 12:15
Je voulais dire une razzia dans une librairie, mais bon, le pincipe et le même...
 

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