Il cherche dans un mur l’hypocrisie d’un sentiment. Il faudrait que tu tombes, les cartes, le masque et les embrassades. La folie secrétée en poésie vibre à en mourir. Ce n’est pas du sang, c’est du souffle en peinture rouge, elle dégouline nos ombres avec un bruit d’eau en colère. En colère.
Il avance sur la toile, chacun de ses pas résonnent en couleur, imprègnent le blanc du tumulte des choses vaincus. Il peint. Il courre dans le drap des blancs cassés, coloriés par avance en toujours en crise. Il ne voit plus. Elle chante : « Paysages émotifs, ils me puzzle, confuse. Et pousse moi haut dans cet état d’urgence, c’est là que je veux être. ». Peut-être n’est-il pas seul. Il entend. Le bras soulevé dans un air de romance il empoigne et plie ses certitudes. En quatre, en mille. En découpe les contours avec les dents, pour venir les cracher aux pieds des étendues de soi. Elle dit : « Prends mes mains, elles tremblent. ». Il se précipice enfin à la recherche du froid qui la brule, du vide qui l’emplit. Il faudrait qu’il fasse, il ne sait que penser. Les rythmes s’accélèrent, par ce qu’ils les provoquent de son souffle saccadé, empoisonné d’amour fou, celui qui fait qu’il respire à l’oreille, en devinant des pas qui ne sont plus les siens et qui viennent s’immiscer dans les toiles alanguies de son gris intime. Pourtant, cela hurle de couleur. Mais il n’a pas de temps, elle a froid. Elle va mourir. Il l’entend : « Prends mes mains. Souffle moi sur la nuque. Doucement. Réaccorde moi avec la réalité matérielle que mes élans m'enlèvent.» Alors elle crie. Comment on sauve ce qui se meurt ? Il balance les instants volés dans les malles à souvenir, se déshabille entier de son passé, libre d’avenir, seulement vêtu d’espoir. Pour courir plus vite, pour les sauver, elle et lui. Mais elle crie toujours et l’infini s’agrandit. Il ne la voit pas. Jamais. Elle pleure, murmure : « Pars sans moi, n’attend pas autour de moi ». Ses jambes ne le portent plus, le noir les ronge. Le vide béant de la course sans sens, juste accrochée au son d’une agonie. Il veut qu’elle l’attende, par ce qu’il court vers elle avec ce qu’il a de moins laid, avec la joie. Il entend résonner des pas, qui sont comme des coups dans une Eglise. Ce sont ses yeux qui cognent à la fenêtre. Il la voit.
Elle est nue dans un silence. Le passé l’habille déjà de son vêtement argent, du deuil embaumateur d’amour. Il voudrait la toucher, il ne la jamais pu. Elle s’enroule en fumée quand ses doigts l’effleure, quand son esprit la prend en douceur avec des mots. La sensualité l’emplit tout d’un coup, elle le déroule comme une bobine de fils et il voudrait se mélanger, entre corps et corps. Mais elle n’est plus que cendre. Il crie. Et des cailloux sortent de sa bouche, sa langue saigne. Il chante et ca le blesse. Et puis, il sculpte l’une de ses larmes pour arriver à dire : « Je ne t’aimais pas, c’est différent ». Il dit. « C’était mieux, c’était plus beau. » La fumée frétille autour de lui. Un arbre apparait : « va t’en, elle ne respire plus ». L’homme se met à rire, comme dans un théâtre : « on Habite toujours nos amours, même en fumée, même en soupir, même en bonheur, même en ailleurs. Je ne peux pas partir. » Manger de rideau.