"Ce livre, le plus pénible de tous à déchiffrer, est aussi le seul que nous ait dicté la réalité, le seul dont « l’impression » ait été faite en nous par la réalité même. De quelque idée laissée en nous par la vie qu’il s’agisse, sa figure matérielle, trace de l’impression qu’elle nous a faite, est encore le gage de sa vérité nécessaire. Les idées formées par l’intelligence pure n’ont qu’une vérité logique, une vérité possible, leur élection est arbitraire. Le livre aux caractères figurés, non tracés par nous, est notre seul livre. Non que les idées que nous formons ne puissent être justes logiquement, mais nous ne savons pas si elles sont vraies. Seule l’impression, si chétive qu’en semble la matière, si invraisemblable la trace, est un critérium de vérité et à cause de cela mérite seule d’être appréhendée par l’esprit, car elle est seule capable, s’il sait en dégager cette vérité, de l’amener à une plus grande perfection et de lui donner une pure joie."
Le temps retrouvé, M. Proust
Ca y est, c'est fini. "La recherche" achevée, et demeure une incroyable impression de mélancolie, de nostalgie. J'ai commencé à la lire début d'hypokhagne, il y a trois ans, et puis j'y revenais régulièrement, de plus en plus emportée par le rythme écoulé des pages, à cerner ce narrateur, ses propres mensonges, son éclosion volontaire, à me perdre et à retrouver les personnages (et leurs envolées, leurs décadences). La petite musique inscrite en moi, profondément.
Ah, et je me suis inscrite sur Sens Critique (x)