Lundi 13 février 2012 à 10:30


Ma vie s'arrêta
J'étais en plein océan. Nous voguions. Tout à coup le vent tomba. Alors l'océan démasqua sa grandeur, son interminable solitude.

Le vent tomba d'un coup, ma vis fit « toc ». Elle était arrêtée à tout jamais.

Ce fut une après-midi de délire, ce fut après-midi singulière, l'après-midi de « la fiancée se retire ».

Ce fut un moment, un éternel moment, comme la voix de l'homme et sa santé étouffe sans effort les gémissements des microbes affamés, ce fut un moment, et tous les autres moments s'y enfournèrent, s'y envaginèrent, l'un après l'autre, au fur au mesure qu'ils arrivaient, sans fin, sans fin, et je fus roulé dedans, de plus en plus enfoui, sans fin, sans fin.
Henri Michaux



Lundi 6 février 2012 à 11:45

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J’erre, sans but c’est évident, à l’horizon du soir, à pas d’argiles dans le silence, colorés d’un souffle qui ne sourit jamais. Je marche, lentement, c’est devinable, pour connaître chaque mur d’un pari insensé, les limites échouées de morceaux de granit. Dans la fraicheur du temps, l'accalmie est secrète et dans un saut si pâle qu’il ne se laisse entendre, la lune se devine, entrecoupée de plaies. J’entends trop bien ton cri pour pouvoir y répondre, je comprends trop bien ta bouche pour pouvoir y survivre, certes. Caressées dans l’absence d’un futur bienvenu, les rues sont si grises qu’elles jouissent à en pleurer. Il y a des creux si durs qu’il faudrait les toucher. Peut-être, cela pourrait advenir, ceci a un risque de se produire, cela peut-être, l’ontologie incertaine vacille sur les pans de trottoirs humides, et les feuilles en bouillies, misérables cadavres. Dans un souffle si pure, tu sais que tu as tort, il n’y a pas d’esprit à réaliser au-dehors, seulement des bribes, comme toujours, arrachées, au lendemain d’un échec qui dit trop souvent son nom. C’est trop flou, les mots ne sont plus tard, ils viennent à genoux, mendier du désespoir/ Pour paraître un peu plus, pour vivre à nouveau/ la phrase à l’émotion facile et au sourire las, complaisante en elle-même, à vomir, à cracher. Je ne sais que te dire, je voudrais te déshabiller. Le vide est trop pur par ce n’est que stérile, paradoxe incongru qui a perlé du mal, d’où perce un peu de lumière infini, quand afin ivre de la nuit, je tape bien plus fluide. Tu sais. Le fleuve est toujours beau, dans sa discrétion satinée, même si tous les jours encore, s’y déverse l’horreur, la peur, le misérable et un soupçon d’ennui. Le fleuve est toujours pur, le fleuve est. J’adore l’eau dans sa bouche, coulante et caressante au creux de ma peau. J’adore l’au-delà du chant des instants oubliés, ceux qui supportent tout, sauf le souvenir.
Tout est si clair ce soir que j’en-.
Tu sais tout est facile quand l’étoile est partie et qu’il reste au fond que l’infini si noir. Perles disparues, il n’y a plus d’espoir. Tu sais tout est facile quand on n’y croit plus.
J’envisage clairement de jeter l’homme à l’amer. De baiser le front d’une guerre sans merci. J’envisage clairement de boire l’eau clair de mon cœur trop fatigué.
Quand dans l’herbe crasse, le silence se fait, il y a un charme fou à entendre l’impossible, derrière l’immobilisme intense, choisir la faille, pour l’arracher d’un coup et faire hurler le tout.
Il est un champ si dense que les rochers qui sont perdus, que la terre cachée n’y perle pas. Dans un instant sauvage, j’y suis revenue, le coquelicot était mort, et tu n’y étais plus.
La teinte de cette fatigue est particulièrement voilée, froncée et dorée. Un peu salie, comme la tour de Paris, celle, qui toujours jauni les horizons célèbres. Tu ne peux plus comprendre, alors je bats les cartes.
J’ai envie d’aimer avec ce désir d’enfant, mêlé aux plus avoués de mes instincts.


La fraicheur pâle des feuilles de ma peau plisse doucement la surface du tout, j’avance immobile et tendre, dans un espace étroit, blanc et brisé. Hâlée de quelques fluxs qui ne savaient revenir,
je marchais en tremblant dans chaque nouveau terme et la suite bridée d’un hasard un peu terne commençait à allonger son cours dans un désordre plaisant. il suffit de chanter pour que le soleil naisse, mais le son est bridé au plus profond des montagnes, gelé à l’intérieur des sommets, foulé dans l’infiniment haut. Il trébuche si souvent qu’il en a pris le pli.
Les images me manquent.
S’abstraire de l’aurore, du factuel et du sien.
Libérer.


(Texte d'il y a quelques semaines. Monochrome m'a donné envie d'aller embrasser les poussières.)


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