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Je voudrais me souvenir de cet été là, passé dans des salles bordées de livres et de rangées de table. Chaque bibliothèque est comme une personne, son profil et ses habitants murmurent quelque chose de sa personnalité. La vieille bibliothèque où résonnent les craquements du parquet, comme un bastion secret, caché dans un bâtiment moderne et trop protégé. La grande bibliothèque, immense et moderne, tellement plus accueillante et bigarrée. Les heures avalées dans un soupir de concentration.  J’ai pris goût à ce rythme de la ville. A l’écart de mes quartiers, éloignée toute la journée de mon appartement, je me construis mon monde entre deux rangées de chaises. Il y a Eva, les carrés de chocolats, les heures passées à se réciter des chiffres et des arrêts, peu à peu soulagée de voir, qu'enfin, j'arrive à m'astreindre à ce genre d'apprentissage un peu mécanique. Au dehors, la lumière et le ciel changent doucement au fil du jour. Parfois, l’orage couvre l’horizon d’une lueur irréelle. Aux antipodes des représentations de l’été, nous travaillons là tous les jours. Ce décalage rend le tout agréable, presque irréel. Ca, et la pression qui monte. Je sens gonfler en moi les respirations de l’adrénaline, je sens ma mémoire qui rugit et mon cerveau qui presse, presse, presse. J’apprends à noyer mon doute dans l’urgence qui s’incarne peu à peu. J’apprends à me faire taire et je me fonds dans une routine intense.

La dernière grande salle n’est pas tout à fait inconnue, mais j’y rentre presque excitée. Les après-midis disparaissent quand les copies se retournent, les heures semblent s’envoler chaque coup d’œil à l’horloge rouge. Les doutes resurgissent je les pousse au rebord, encore, encore, encore. Les journées sont encore plus distordues, encore plus remplies et défilent. J’ai presque l’impression d’une lutte, parfois joyeuse. C’est étrange.

C’était il y a deux semaines et j’ai l’impression d’un autre monde. Je dois retrouver ma tonalité, mon rythme pour le second round. Je pense que je suis fatiguée. La semaine dernière, je me sentais encore portée par cette énergie, là j’ai envie de dormir, j’ai des rêves plus agités et j’ai plus de mal à fixer mon esprit. Je me murmure que tout ira bien, que c’est normal et que je vais pouvoir me lancer encore, à tête perdue, dans des sujets que je ne connais pas encore.

Musique