Lundi 30 mai 2016 à 18:57

A la caisse d'un supermarché, j'ai revu un souvenir. Une image de quelqu'un qui n'existe plus, son image adolescente. Un visage encore rond, la peau abîmée et cette manière de se tenir. Son odeur, avant qu'il commence à mettre du parfum. Son odeur à lui qui se mêle avec celle de la lessive. J'ai eu le visage surpris lorsque je l'ai vu là, moi qui avait pourtant grandi. J'étais là, à la caisse d'un hypermarché, ce qui est invraisemblable, mais cela m'évoque des moments d'enfance; Et je me fais penser à ma mère, dans ce rêve. Je panique un peu, je fais la sérénité mais j'aurais envie qu'il parte. Même si au réveil, j'ai toujours un peu de tristesse.

Lundi 23 mai 2016 à 16:37

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Ce sont des couteux bien aiguisés que je m’enfonce sans trembler dans le ventre. J’ai l’esprit qui roule dans tous les sens, qui se cogne contre les pans de mur, de mots. Les émotions en panique, les liens absurdes et l’angoisse qui gronde. Je marche dans la rue, mes yeux me semblent étrangement tendus et lourds. Ce qui m’entoure me paraît grossièrement découpé et trébuche dans de bizarres appels au sens. Mes larmes à l’intérieur. Je voudrais parler à voix haute pour faire couler ce flux maladif coincé dans ma tête. Mes lèvres forment des mots absents mais je vais trop vite. J’ai l’impression de tout mélanger, et de tout fuir. Mon esprit se rétracte

Un refus. Devant l’obstacle, le cheval, pourtant si entrainé, malgré la pression des cuisses sur son ventre immense. Le cheval a baissé la tête et n’a pas sauté, il ralentit et s’avance en trottinant vers les barres alignées. L’angoisse soudaine, au-dessus de lui, vient-elle couler dans son corps ? La raideur passagère des jambes qui l'entourent, les mots à peine formulés « eh bien ? Qu’est ce qui ne va pas ? ».

Mon corps amarré pleure soudain, et tremble si fort. Un refus. Je voudrais pouvoir noyer mes mots à travers d’autres mots, à travers l’illusion d’une volonté plus forte. Je voudrais me faire taire.

Un refus. J’ai honte. J’ai peur de rentrer à l’appartement. Je m’enferme dans la bibliothèque blanche, qui se remplit tout au long de la journée. Cela me fait frémir. J’ai envie de plonger dans les rainures d’un livre et d’oublier longtemps la couleur de mes jours.

C’est une violence absurde et la fatigue, peut-être, c’est un amas de jugements-poignards qui se trament sous ma peau.


Lundi 16 mai 2016 à 13:12

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 Je pourrais divaguer longtemps sur la lueur des choses passées et sur la puissance sourde des souvenirs, où se dressent comme des amarres les traces de nos sens et les mots déjà dits. Toute entière habitée de ces tonalités vagues, toute entière je rejoue les partitions que je n’oublie pas. Avalée et redite, contractée et envahie. La clarté à découvrir, au creux de ce qui se joue, au fond de moi.

***
 

J’ai la bouche fermée à mes lèvres, elle souffle doucement. Le jour est déjà loin, pourtant la nuit s’absente. Je ne suis qu’à ses yeux et leur aube palpitante. Sa main qui trace des contours invisibles sur la table en bois vieilli se courbe doucement. Le silence est si présent et si important qu’il m’obsède, mon esprit, au secours de ma voix, se distrait, regarde ses mains, ses yeux, imagine des conversations muettes et voudrait ne rien briser. Mon esprit veille, suspendu. Je pense à toute allure, morceaux d’équilibristes virtuoses et inutiles, c’est ainsi que j’attends. Ses lèvres entrouvertes « hum, je ne sais pas… ». Quatre cent fois je me retiens de compléter, de tenter de la délier en jetant au hasard de mon imagination et de mon amour, mille perches, mille débuts, mille formulations-tremplins, comme quand il s’agit de consoler, ou de continuer à ouvrir ce qui s’est laissé deviner. Mais je perdrais trop. Il faudrait pourtant calmer mon regard, troublé par l’agitation hasardeuse de mon esprit qui peine tant à se taire. Ne pas la fixer, ne pas regarder trop au loin. Le menton glissé au creux de ma main, je m’entraine à des nuances imperceptibles de sourires, ridicule, en imaginant les inflexions de ses lèvres. Dans ce café par ailleurs presque vide, on vient acheter des cigarettes. Un défilé irrégulier de noms communs et de costumes sombres. La porte qui s’ouvre rafraichît l’atmosphère. Sa voix. D’un coup, sa voix timide, qui vient se dérouler longtemps. Un bonheur qui me parcoure le cœur et les tressaillements de ma joie. Je l’écoute, la nuit glissant son chemin. Elle dit.  

Samedi 14 mai 2016 à 23:48

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Un jour, j'écrirai un poème,
Avec toutes les voix que mon esprit butine,
En défaisant doucement cette immense clameur,
En émergeant longtemps de la lenteur de mes pas.

J'arracherai bien sûr les mots à leurs visages,
Pour entretenir beaucoup les ports de l'aventure
Et pour voler plus haut au coeur des precipices
Pour voler !

J'aimerais que cela soit beau, ou bien peut être pas.
J'aimerais que l'on puisse le chanter
Comme on crie,
Comme on crie,
Avec la raideur douce des mots qui passent les lèvres
Et plongent dans le gouffre clair du monde qui s'ignore.

Quelque chose comme ça,
Un poème.

Dimanche 1er mai 2016 à 14:53

Le soleil luit au dehors mais mon intérieur est si râpeux, ma tête boursouflée d'éclats de rage et lancinances.
Agressée par le moindre son, je me sens dévorée et peu à peu devenir liquide.
Impuissante devant mon propre rejet au monde, ma mauvaise humeur se nourrit d'elle même.
Je voudrais retrouver une grotte silencieuse et douce,
Les pas rageurs du voisin du dessus résonnent sur mes tempes,
Les basses trop fortes de la télévision, en dessous, me donnent la nausée,
Mon frère grommèle et l’ordinateur ne cesse de faire du bruit.
Je voudrais,
Faire entrer de l’air dans mon esprit.

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