Mercredi 23 avril 2014 à 12:07

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Henri Michaux
 
"Avec simplicité les animaux fantastiques sortent des angoisses et des obsessions et sont lancés au-dehors sur les murs des chambres où personne ne les aperçoit que leur créateur. La maladie accouche, infatigablement, d’une création animale inégalable. Dès le premier malaise, ils sortent des tapisseries les plus simples, grimaçant à la moindre courbe, profitant d’une ligne verticale pour s’élancer, grossis de la force immense de la maladie et de l’effort pour en triompher ; animaux qui donnent des inquiétudes, à qui on ne peut s’opposer efficacement, dont on ne peut deviner comment ils vont se mouvoir, qui ont des pattes et des appendices en tous sens. […] Le malade est dans son lit, sous des couvertures plus lourdes que lui-même et sa main pendante, faible comme bandage défait. Quel animal n’en profiterait ? Juste revanche. Des loups viennent mordre le poignet sans détente, et la main qui s’épuise […] Impuissance, puissance des autres. "

Henri Michaux
 

Dimanche 20 avril 2014 à 22:32

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J'avais dessiné très précisément les contours de mes doutes, et circonscrit avec patience l'identité de mes béances. J'avais appris à compter le noir et les virgules de ses nuances. Le temps passé et le chagrin moins lourd j'avais saisi ma peine pour la rentrer au loin du monde, tu vois. J'ai vécu ainsi à aimer, et les vagues connues n'ont pas éloignés les rivages. Je ne niais rien de leurs violence, précisons-le de suite. Je ne niais rien. Le jour venu, au retour de la rupture (dans sa répétition, son scandale et sa force), j'ai commencé à perdre de moi. Le tumulte dans le paysage déjà troublé par le changement (de lieu, de perspective, et les évolutions mordantes). Le tumulte déjà, les perspectives d'un coup retournées, redistribuées et floues. Le tumulte qui me rendait inaudible, impossible d'entendre, impossible à entendre. Une nouvelle donne brusque, le temps d'une secousse et les repères chamboulés. Je n'ai pas eu le temps, vois-tu, de mesurer les pas. Aujourd'hui je recouvre peu à peu l'étendue de mon espace, et je découvre à nouveau les lignes qui le courbent. Réveillée sur le rivage, je regarde les dunes nouvelles et les gouffres révélés. Le ciel est perlé de trainées violettes et rouges, le soleil est près comme une planète écarlate et je regarde les météores tomber à l'infini. Le vent courre sur mon visage et j'aimerais pouvoir chanter, invoquer les esprits de ma propre lueur tremblée, peu à peu réouverte à sa propre vie. Le sol frémit aux impacts tonnant des étoiles qui tombent et s'embrasent. Le champs de bataille revenu à mon esprit, je reprends la route.

Kanashimi to ikari ni hisomu makoto no
Kokoro wo
Shiru wa mori no sei
Mononoke tachi dake
Mononoke tachi dake

 

Dimanche 20 avril 2014 à 21:19

Le long du chemins des larges,
L'antenne se fait la belle
Et résonne ce qui lui reste d'envie.

L'animal affamé est en proie aux lions.
Et mon coeur et mon coeur

Vendredi 11 avril 2014 à 20:33

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"Dans le sentiment que j'avais d'une faillite intérieure, je n'ai pas fui, je n'ai que faiblement tenté de me donner le change et surtout, je n'ai pas réussi. Ce que j'aperçois est l'entier dénuement de l'homme, à la clé son épaisseur, condition de sa suffisance. "

"Le mot silence est encore un bruit, parler est en soi-même imaginer connaître, et pour ne plus connaître, il faudrait ne plus parler. Le sable eût-il laissé mes yeux s'ouvrir, j'ai parlé : les mots qui ne servent qu'à fuir, quand j'ai cessé de fuir me ramènent à la fuite. Mes yeux se sont ouverts, c'est vrai, mais il aurait fallu ne pas le dire, demeurer figé comme une bête. J'ai voulu parler, et, comme si les paroles portaient la pesanteur de mille sommeils, doucement comme semblant de ne pas voir, mes yeux se sont fermés. C'est par une "intime cessation de toute opération intellectuelle" que l'esprit est mis à nu. Sinon, le discours le maintient dans son petit tassement. Le discours, s'il le veut, peut souffler la tempête, quelque effort que je fasse, au coin du feu le vent ne peut glacer. La différence entre expérience intérieure et philosophie réside principalement en ce que, dans l'expérience, l'énoncé n'est rien, sinon un moyen et même, autant qu'un moyen, un obstacle ; ce qui compte n'est plus l'énoncé du vent, c'est le vent. "

G.Bataille

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