Henri Michaux
"Avec simplicité les animaux fantastiques sortent des angoisses et des obsessions et sont lancés au-dehors sur les murs des chambres où personne ne les aperçoit que leur créateur. La maladie accouche, infatigablement, d’une création animale inégalable. Dès le premier malaise, ils sortent des tapisseries les plus simples, grimaçant à la moindre courbe, profitant d’une ligne verticale pour s’élancer, grossis de la force immense de la maladie et de l’effort pour en triompher ; animaux qui donnent des inquiétudes, à qui on ne peut s’opposer efficacement, dont on ne peut deviner comment ils vont se mouvoir, qui ont des pattes et des appendices en tous sens. […] Le malade est dans son lit, sous des couvertures plus lourdes que lui-même et sa main pendante, faible comme bandage défait. Quel animal n’en profiterait ? Juste revanche. Des loups viennent mordre le poignet sans détente, et la main qui s’épuise […] Impuissance, puissance des autres. "
Henri Michaux
Henri Michaux