Ressentir, sans pouvoir la faire taire, une profonde lassitude du quotidien. Une de ces lassitude qui vous dévore, qui vous donne des envies de voyages qui tournent à l'obsession. J'ai peur. Peur par ce que ma vie tourne en ce moment autour de deux obsessions émotionelles : l'amour et le voyage, des obsessions que je ne peux réaliser ni l'une ni l'autre. Je ne suis que profondément heureuse que dans la fuite du quotidien, dans l'oubli de l'Amour. C'est dangereux par ce que, naturellement il semblerait que je tende vers la solution de facilité qui est la fuite en avant. Comme si mon esprit n'en pouvait plus. N'en pouvait plus de jouer le jeu. Les cours ne me passionnent plus. Du tout. Avant j'adorais. Maintenant je crois que cela m'emmerde profondément. Le quotidien m'emmerde car il m'apparaît comme une cage, une cage dorée certes mais une cage quand même. Je l'ai toujours su, c'est vrai, mais je vivais avec la croyance d'une vie meilleure et je me plaisais à jouer à ce jeu où je faisais semblant de suivre les règles et puis, j'aimais apprendre, comprendre. Là, je suis lasse. Malgré mes efforts, je ne peux donner du sens à tout cela, insuffler l'espoir nécessaire. Je n'ai envie que de bouger, créer et d'être avec les autres. Oui, c'est cela. Et puis rompre avec toute forme d'aliénation qui passe par le quotidien. J'ai envie de vivre pleinement et de profiter. J'ai une putain d'envie de tout envoyer en l'air. De me lever en cours et partir. Pathétique.
Pathétique par ce que je me rend bien compte que là, je suis dans un sentiment propre à mon âge et cela je crois, cela me vexe. Je suis vexée d'être à ce point comme tout le monde et bête, c'est de l'orgueil. C'est mal (!). Je me demande juste que si la société étouffe ces élans c'est pas par ce que justement ils montrent à tel point elle se trompe et que cela lui fait peur. Je ne sais pas. C'est peut être tout simplement de la bétise, ou autre chose, je ne sais pas. J'ai ressortis des pseudos textes où je parle de l'absurdité de la vie. J'y est repensé en étudiant Camus. Par ce que, en fait .... je dis la même chose. Sauf que c'est moins bien écrit, moins puissant, moins précis et moins complet. Mais c'est cette idée. Idée de l'absurde. de l'automatisme. De l'homme machine. De l'homme moderne. Cela fait drôle et peut être un peu plaisir aussi. Oh, et encore...
Je veux mettre du piment dans cette vie idiote. Je voudrais sortir avec quelqu'un que j'aime. Avant, il faudrait que j'arrête d'être amoureuse de m'enfoncer dans cet amour impossible. Oui il faudrait. Et arrêter de me laisser dévorer par ses envies de voyages qui ne me font plus croire en rien, faire rien et me plaindre. Il faudrait. A vrai dire, je ne sais pas tellement quoi faire, cela viendra quand je serais plus prête. Pour l'instant, j'ai juste cette impression d'être une ingrate égoïste qui ne se contente pas d'une vie particulièrement douce, avec des amis formidables et vraiment pas de problèmes. De toutes manières, je crois quand même en la vie, en la force des choses et je sais que je passerais cette étape, que j'aurais sûrement appris autre chose ... quand je serais profondément prête. Je suis optimiste et en plus, je commences à entrevoir les humains. En attendant, il faut que j'arrive à me reconcentrer sur les choses, à réaccepter progressivement le quotidien, de lui redonner sa valeur et puis me retenir de faire des conneries. Par ce que, vraiment, j'ai faillit aller lui parler pour lui dire chez pas quoi. Genre prendre un verre. Ou alors balancer un crayon à ma prof d'histoire. J'ai vraiment faillit le faire. J'avais ce crayon entre mes mains. Je le faisais tourner. J'avais cette envie de le balancer. Je me suis rendue compte de la connerie de mes pensées. Je ne l'ai pas fait.
Elle sentait en elle cette profonde et démente lassitude du quotidien, qui ne cessait de l'irriter. Et brûlaient en elle, l'amour et le voyage qui ne cessaient la fatiguer émotionellement, de la rendre encore plus vulnérable. Mais elle devenait encore plus sure d'une chose : c'était une amoureuse de la vie.
Et que, même s'il ne cessait de se plaindre, cela allait quand même beaucoup mieux. Qu'elle ne souffrait plus. Qu'elle respirait enfin. Que tout cela ne devait en fait qu'un appel d'air. Que la pseudo écriture lui permettait de renforcer pour mieux le dépasser.