Samedi 30 janvier 2010 à 23:36

http://imparfaiite.cowblog.fr/images/6a00e5508e95a988330128768dfc6c970c800wi.jpgJe me laisse sans voix et je me dégoute tout autant. Il semblerait que je me penche de trop, parfois. Je me suis remise à lire régulièrement, avec le rythme symbolique d'au moins un livre par semaine depuis le début de l'année. J'ai ressenti au début, un soulagement, profond. J'avais manqué d'air, j'avais manqué de mots, d'ouvertures. Je lisais trop peu et ca me manquait. Mais maintenant j'étouffe, j'étouffe sous les pages. Je lis peut être des choses trop fortes. Je lis des livres de lecteurs qui me renvoient trop à moi même. Pourquoi je lis ? Par ce que j'aime cela ? Oui, c'est ce que j'ai toujours cru/dit/pensé. Qu'est ce qui est le plus fort ? Est ce que les études où je vais, la section où je suis ne me l'appellent pas trop aussi ? Oui et non. Pas seulement. Est ce que ma peur, d'être absolument larguée dans une (bonne) prépa va-t-elle transformer ma lecture en utilitarisme ? Vais-je cesser de lire de la poésie ? Vais-je perdre mon âme de lectrice. Certains blogs littéraires (et je ne fais là aucune généralité, loin s'en faut) m'agacent franchement à cause de la satisfaction non dissimulée du nombre de livre lu, de la satisfaction tout court, orgueilleuse du lire pour lire, de la performance en tant que telle. Certains blogs où on ne ressent pas l'amour de la lecture dans la chair. Les articles se succèdent sans folies, les titres sont sans originalités et tout est affaire de chiffre et de culture amassée. Je ne dis pas que de compter ces lectures est un mal, mais ce n'est pas un but. Je ne dis pas que critiquer un livre est sans fondements, je dis que cela ne doit pas être l'occasion d'un étalage d'orgueil, d'un "AHAHA, j'ai lu, MOI". J'ai peur de ses blogs de livre sans âme. Et si je ne prends pas de distance par rapport à cela, c'est bien par ce que cela me touche. Par ce que j'ai peur de perdre quelque chose qui fut pour moi des plus précieux et que j'ai peut être trop considéré comme acquis, dont j'ai perdu des repères. J'ai peur que mon orgueil aille ton manger, que mon immense besoin de reconnaissance (inérant à tous ou que je vis avec une intensité toute particulière ?) foute tout en l'air. Je lis trop vite pour rattraper le temps perdu, pour m'affranchir ou pour me targuer plus vite d'un savoir que je ne connais pas ? J'ai peur. Peur de ne plus pouvoir sentir les livres dans ce qu'ils ont d'essence et de me construire en façade. Mon vocabulaire me semble des fois tellement faux que j'en ai honte. Je n'oublie pas ce qu'a été la lecture pour moi, au début. Ce fut, tout d'abord, et profondément je le crois, le moyen de vivre au dehors, de rentrer dans des univers où l'identification aux personnages me permettait un voyage grand et entier, dans un univers. Ici, pas question de style à proprement parlé mais bien de mondes d'ailleurs qui me parlaient ou pas. C'était aussi, le moyen d'accéder directement à une certaine connaissance. C'était le moyen d'accéder, de faire jouer, de toucher mon intellect, sans intermédiaire, sans maitresse, parents ou que sais-je. J'étais seule avec ma tête. C'était un savoir accessible sans la figure de l'adulte. Et je sentais déjà se construire une distance avec l'autre, qui oscilla (et oscille toujours) entre fierté et désespérante, une distance désirée mais profondément redoutée, une distance accentuée ou nuancée. C'était mon orgueil, pitoyable qui cherchait un soutient, le désir d'être mieux, désir né de la profonde certitude que l'on est "moins bien", que l'excessive estime que l'on a pour vous, repose sur du vent. Sans savoir vraiment sur quoi elle pourrait reposer, peut être une perfection ou du moins une exceptionalité qui semble aussi dérisoire qu'inaccessible. Ainsi, du même coup, arrive la condamnation de l'orgueil, qui apparait blâmable en tout point. Je ne parvenais pas à mettre des mots sur tout cela mais mon engouement pour la lecture doit naitre des relations de toutes ces choses : le sentiment d'être différente, le désir de justifier une estime (ca, peut être un peu plus tard, quoique), l'envie d'apprendre, de savoir, le goût des mondes, l'envie de fuite, l'envie de voir... Tout cela qui allait développer une soif, soif de lire, qui me faisait lire toute la nuit, dès qu'une minute se présentait, une émulation intérieure qui me poussait à toujours lire des livres "plus longs", "plus durs", plus passionnants. Et je savais que je m'approchais plus vite du monde qui me convenait plus, celui des adultes, qui me semblait moins méchant (ahah), plus fascinant, plus protecteur, (plus gratifiant ?).
 

Mais; je pense. Qu'est ce qui fait un vrai amour de lecture ? Il n'y en a pas de pur mais m'en rendre compte me fout un coup. Le sentiment, et j'utilise ce mot dans un sens fort,  qui nous lit à lecture, ce sentiment de connivence, ce sentiment n'est jamais pur. Du moins, toute sa vie. Je pense qu'on doit se construire lecteur, de même qu'on se construit écrivain, homme, soi. A la différence peut être que subjectivité, symbolisme, individualité, se caressent et se tordent avec intensité.

Le rapport à la lecture est aussi évidemment lié à notre classe, pour reprendre un vocabulaire sociologique. Si, dans notre famille, la lecture est reconnue ou déniée et cette dernière devient alors moyen de dépasser ces barrières. C'est à la fois beau et affreusement utilitaire, c'est à la fois libérer l'homme d'un certain déterminisme et le tordre encore plus (un grand traumatisme d'enfance est surement que le manichéisme du bien et du mal qui s'excluent est une belle foutaise).

Et l'utilitarisme littéraire est-il à blâmer ? Est ce une des étapes où nous devons parfois passer ? Le condamner est ce rentrer dans la mystification d'une chose qui ne résonne que si peu en réalité ? Mystifier la lecture n'est ce pas d'ailleurs nous éloigner d'elle pour nous éloigner du même coup à ce que nous avons de profondément matériel et bas ? Oui et non. Surement. Nous ne nous regardons pas en face et la lecture peut être l'un des flous soutenant mais je maintiens qu'elle a quelque chose de plus fort que tout, de transcendant qui la maintenant, dans ce statut si particulier que peuvent être celui de l'art, l'amour.

J'ai de plus en plus de mal à avoir de véritable goût littéraire car j'appréhende avec force les influences qui les façonnent. Ma classe sociale, mes rencontres. Eribon raconte dans son livre "Retour à Reims" (qui est chamboulant, c'est de là qu'est né cet amas verbal) comment, en cours de musique, les classes se dessinaient. Les petits bourgeois,  fermaient les yeux à l'écoute d'une musique classique, feignant l'extase pendant que les fils d'ouvrier ricanaient. Et cet exemple, il pourrait en avoir mille, ce qu’il faut aimer ou ne pas aimer, ce qu'il faut ou non avoir lu. Tant de goûts malaxés, façonnés par notre milieu social, dont nous ne pouvons franchement nous défaire. Le peu de  livres à forte inspiration sociologique que j'ai pu lire (A.Ernaux, Eribon) me font toujours froid dans le dos car, sans pourtant invoquer un déterminisme social inéluctable (qui serait au fond sans réel sens), mettent en exergue la puissance du vecteur social.

Je sens les tensions intérieures qui se fracassent au réel avec violence. J'entends la puissance sociale qui est la toile de fond, le chef d'orchestre et la toile de résonance. Vertige. Vertige. Vertige. L'humaine s'imbrique, je m'imbriqué. Mon rapport à moi, relativement torturé (comme tout le monde), perdu dans un monde de puissance. La découverte, avec l'adolescence de son individualité violente nous fait oublier le schéma social. Oh, souvent, on le SAIT. Mais, on ne le SENT pas. Et je sens trop maintenant comment ma spontanéité naturelle ne fait que hurler tout ce que je refuse, que cela vienne du plus personnel (aussi exclusivement personnel que cela puisse être) au plus formaté socialement (autant que cela puisse être, là aussi). Je ne cesse de travailler sur un moi qui m'échappe plus que je l'approche. Et, ca aussi, j'ai beau le savoir depuis longtemps, je me résolu à le sentir que depuis peu (quelques années tout au plus). Là aussi, je sais qu'il y a des choses à apposer à ces tensions, des "Deviens ce que tu es", une re-creation de soi en défaut d'une création. Je sais aussi que certaines choses sont tenaces. C'est assez drôle de se rendre compte que l'on a beau savoir que, je ne sais pas, le bonheur infini est une contraction dans les termes, que les questions sont souvent plus importances que les réponses et que ces dernières sont vouées à ne pas embrasser la radicalité qui nous rassurerait, on y croit, toujours un peu, plus ou moins, selon les périodes et les demandes de notre vie sensible. L'impossible nous est souvent impossible à penser. De même, j'énonce moi même des poncifs qui vont affreusement manquer de nuance et dont je me sentirais le besoin, intérieurement ou non, de justifier les faiblesses plus tard. La découverte du gouffre de l'individualité nous marque tellement fort que la croire restreinte en certains points nous heurte profondément, aussi riches, justifiées et dé passables que puissent être ces restrictions. Avant d'arriver à accepter ce que l'on est, il faut déjà consentir à ce qu'on ne puisse pas être autrement sur certaines choses. (Ne serais-ce que nous sommes finis ?)

Je place donc comme centrale la question de l'orgueil, à soi, au monde, à notre condition.
Au principe même de vérité, il nous lie. Si je blabate ainsi, c'est bien pour tenter d'appréhender le souffle d'un murmure de vérité. Et si on ne prend à réfléchir à l'écriture, à la lecture, c'est bien que l'on pourrait se perdre dans autre chose que soi ? Est ce vraiment le cas ? Les limites qu'on se définie sont elles recevables dans leur principe même ? Alors quoi ? L’acceptation totale de nous ? Ou est la frontière avec la résignation. Notre rapport si fort à la nature … nous sommes en tellement de points symboliquement elle et elle, symboliquement nous. J’imagine l’homme comme des horizons où l’on voudrait tracer les contours.

Ceci est un amas verbale, un fil de pensée déroulé dans l'instant, que je vous prie de le lire avec du recul, par ce que trop poncif, trop spontané, pas assez réfléchi mais écrit écrit écrit avec une certaine forcé dérisoire qui me donne envie de le poster.
Vos poèmes préférés ? (clique)

Vendredi 29 janvier 2010 à 19:53

http://imparfaiite.cowblog.fr/images/dyn002original800572jpeg266664729fed52dc7721d58f3164cb233752b43.jpg
 Capturée et striée
La fenêtre qui envole
Nos regards

  ~
Larme d'eau suspendue
S'accroche au vide
Tombe soudain à sa perle

  ~
Le sensible plonge en encre
Surprise de ton monde
Te souffle


Vos poèmes préférés ? (clique)

Dimanche 24 janvier 2010 à 22:36

http://imparfaiite.cowblog.fr/images/6a00e5508e95a98833012876f562e1970c640wi.jpgIl est des souffles de vie où les yeux brulent de fatigue. Des journées, aussi, où le train parle "Gare Monparnasse,Terminus". Il faut se lever, prendre son sac à soi, son sac à main. Descendre. Et pendant que son être, monte monte, vole, gonflé de liberté de se savoir seule dans la capitale. Une fraction de seconde, tout nous appartient. Marcher dans les rues, retrouver une amie, manger chinois et visiter les écoles dans des cadres de romans éternels.Tout est accessible, démesurément facile et le monde se déroule différemment car le cadre chargé, vous implose à chaque pas. Je n'ai même pas le temps de me poser des questions sur un pseudo potentiel, une intelligence d'opérette. Tac, je marche. Je parle. Je joue comme une gamine avec les regards des autres. Ma pensée s'ivre de ces inconnus différents, cette affluence d'anxiété sage, folle ou réservé, ces intelligences concaves sur des dalles vernies. Elle boit le flux des nouveauté sociales, le ramdam de la vente de soi par un sourire, une rencontre, des corps agrippés à des bulletins. Les parents, fiers, timides, remplis d'ambition, de fierté ou d'amour. Ceux en parkas jaune, ceux en costard griffés. Les encourageurs, les donneurs de leçon, les effacés, les intrépides. Seule, mon cœur battait plus fort, encore. Seule. Victoire, mêlée de crainte. Et je riais, intérieurement, de voir les réalités des mythes. Et je riais, de me concentrer sur les regards, d'écouter en passant les entretiens mêlés.

Il y a trop de choses, parfois dans un jour. La femme à la bouche de coquelicot, je l'aime beaucoup. Et mes amis. Et ma famille. Et ces instants à rire devant les photos du passé. Et les discussions. Et le bras que devient froid sur le bord de la fenêtre du train, les joueurs de pétanque du jardin du Luxembourg, le conducteur de bus blond, avec le beau sourire, l'arabe adorable à l'épicerie, le bruit de la fontaine, celui des pages qui se tourne, la nuit du bus, ce dernier qui s'écoule, peu à peu, les nuis avec elles, les clementines sucrées, le froid qui réveille la peau, les mots de Breton quand ils courent pour exploser et vivre, ses phrases longues en respirations et la beauté,beauté. (l'amour ? (charnellement et/ou platonique ?))

Je complexe beaucoup trop. Il faut continuer, quand le miroir nous blesse malsainement, à le laisser crier, seul. Seul. Seul.  On sera prête à se fixer, nue des orgueils, des espoirs, un jour, pour des instants ou des heures. Et cela commence(ra ?) par des coups d'oeils furtifs à l'ombre de l'amour. Et la sagesse, aussi, de savoir s'en éloigner. Un rapport à soi qui danse avec le miroir, sans se laisser briser.

Et j'ai envie d'écrire des lettres, que je n'enverrai pas.

Mercredi 20 janvier 2010 à 21:25

http://imparfaiite.cowblog.fr/images/6a00e5508e95a988330120a57d13d0970c800wi.jpgEt si je vous demande vos poèmes préférés ?
Vous me dites ... ?


Mardi 19 janvier 2010 à 21:56

Notre maison ancrée, vécue, toujours a été l’abri de chevaux. Jusqu’à 7, il me semble.  J'avais 3 ans quand mon père m'a acheté un poney, que j’avais balbutiée Sijolie. J'ai passé des heures avec elle, à lui raconter mes premiers malheurs, mes premiers bonheurs, complice. Gamine. J’ai l’odeur et la forme des dimanches avec mon père, en famille, à s’occuper des chevaux et à s’enfoncer dans les chemins de boue.  Et, j’ai passé mon temps à lui chanter. Sur son dos, en la brossant, en allant la voir. Les cris et les essais mélodiques, protégés. Et le temps, et le temps. Elle a été maman, grand mère, matrone de la tribu changeante.  Et puis, mon père est mort et les chevaux de la maison ont du partir.  Peu à peu. Sauf elle. Quand j'allais la voir ... Papa. C'était lui, nos dimanches matins et les sorties en campagne. C'était moi, ma première passion et mon amour au vert. C'était un nous qui subsistait. C'était un passé constructeur. La première amie. La gamine qui crie de moi. Gardienne, aussi, des poussières qui n’en sont pas.
Je suis arrivée ce soir. Dans la voiture, Marc m'a dit que depuis 16h, elle était allongée, incapable de se relever complètement. Le vétérinaire ne pourrait arriver avant 18h30. Je suis allée vers elle. Elle a remuée et j'ai commencé à murmurer. J'avais honte. Cela faisait longtemps que je n'étais pas venue. J'avais honte. Ses poils d'hiver était frisés par l'eau et la boue. Elle ne se relevait pas. Je me suis approchée. Cri étouffé, je pleure. Les instant frissonant, ses yeux se fermaient, elle s'abandonnait. Mais la douleur reprenait sa jambe, qui tremblait qui tremblait. Je suis restée. Mes doigts en glace, son intérieur de feu.

Elle était couchée.
Les arbres dessinés dans le tombant du noir.
J'ai chanté de ma voix la plus douce.
Ca a parlé de la nuit.
Et la nuit est venue.

Merde.
Les souvenirs craquèlent les parois du sang.
Je me précipite dans l'amoureux d'amer.
Caressant la pluie gelée du bord de ses joues,
Le museau souffle sur la poussière des photos.

J'ai l'impression d'avoir perdu mon père une autre fois, d'avoir vu mourir une partie de moi. Une vieille amie, grande. http://imparfaiite.cowblog.fr/images/IMG6205.jpg

Un article larmoyant. Certes. Pure épanchement de ma part. C'est un moment important de ma vie. Cela est certain. Je corrigerai, surement. Mes mots ne me suffisent pas.

Dimanche 17 janvier 2010 à 18:44

http://imparfaiite.cowblog.fr/images/6a00e5508e95a988330120a51d6fca970c640wi.jpgGalimatias intenable des environs
Et le jour
Mon corps t'étreint de la pluralité aveugle
Tombant
Tu achètes un souvenir pour m'oublier
Tout entier
J'arrache les peaux froissés de ton cigare tremblant
Et la nuit
L'eau qui imprègne le sol lèche les visages
Chante
Arabesque tendue du trop vers le poing
Les cassés
Pose avec la main des alentours
Et latent

Frotte ton nom, et crie le. Chasse ton corps, et fuis le
La température est de vingt degrés.
La cellule s'écrase, le fou d'amour. Claque.
Un lavabo ploque d'être laid. "Et vous ?"

J'attends le rien
Il ne vient pas
Nous errons
Vous ne savez pas

Et je souffle court les enfouis et les folies déconcertantes que ta fumée frissonne à mon oreille.

CASSE-RÔLES 



Ou, écrire un mot d'..., sous son nez, le lire. Et s'en rendre compte, après coup.
Mon homme de neige n'est pas de glace

Samedi 16 janvier 2010 à 21:56

http://imparfaiite.cowblog.fr/images/4114401062402c1946eeo.jpgJ'entreprose.

Je voudrais que l'on me raconte les Hommes, leurs vies et les fragments de leurs destins. Je mets la musique plus fort, pour me sentir plus faible et me fondre dans l'atmosphère. Je voudrais être l'air ambiant de ces villes survoltés d'instants trop près. Je lis dans ces yeux, dans ceux là ou dans les autres. Le rapport au monde est trop puissant pour ne pas m'attirer. Les mouvements y sont explosés et libres. Je voudrais les lire. Mes mots se cognent aux parois. Ecrire est dur car l'écriture est chargée. Chargée de toutes les autres plumes, chargée des balles de soi contre soi, des balles contre le monde, autant que des rayonnements d'amours vifs. Les mots s'accrochent à la main et enveloppent l'être de plus en plus près. Pour l'étouffer ? Ils y ressentent mieux les contradictions. Mes désirs. Caressant les injures des fantaisies à la hache. Ils répondent à la violence et à ma propre puissance. Je les tord, je les tord, pour les résister. Pourtant. Pourtant. Pourtant. Ils restent sur les tissus de mes lèvres, mes yeux les aident un peu. Ils dorment en hurlant. Ils vivent terrés au fond. Et l'exception devient l'habitude. Quand avons-nous pris le pli de nous taire ? 

Je rêve de m'assoir à côté de mes admirés (ou des autres) et de les entendre, qu'ils cessent enfin de se taire et me noient avec leurs mots à eux. La marée haute de leur vie pour rassurer la mienne. Je veux des flots de murmures, des océans d'autrui. Je veux de l'eau claire en cascade. De celle qui vous frappe le corps de fraicheur, de dureté et de bonheurs. Leur instabilité comme des battements.

Lorsque l'on se jette dans le monde avec violence, jusqu'à l'extrémité de s'y détruire, n'est-ce pas aussi pour y voir un écho de nos distorsions intérieurs ? Pousser notre environnement à l'explosion par ce qu'il ne répond plus ? Un paysage nous rassure de sa force car la force même est en nous. Cette dernière est paradoxalement faible mais révoltée car étriquée. Nos pensées multipliées ont toujours soif d'absolu et pensent le voir dans le monde. Elles se plongent dans l'amour car elles y trouvent une puissance. On crie pour entendre notre propre voix. Quand un autre nous répond sans même parler, sur le même ton, on tombe et c'est le début de la folie. La folie se donne libre et c'est pour cela que nous la poursuivons. L'amour donne tout à voir autrement.
 

Jeudi 14 janvier 2010 à 15:54

http://imparfaiite.cowblog.fr/images/531765983-copie-1.jpgJe ne sais pas. Mes trajectoires se tracent avec ou sans mois. Les continuités. Où vais-je aller l'année prochaine ? Je rêve d'une nouvelle ville. Peut être, peut être pas. Si l'on croit trop en moi, je panique par ce que mes yeux durs transforment en mensonges, aussi, se méfient trop. C'est idiot. Les relations à l'autre se construisent dans la dualité, exacerbée par mon histoire de vie. Quand on a perdu une fois.

 
Mon corps flambe. Mon bras, avalé. La peau marque a jamais. Un touché la hurle.
- Tu vois ? Maintenant, tu la protèges de tous tout en cherchant des réponses.
- Et c'est pour toujours ? Enfin, on ne peut pas ... guérir ?
- Totalement, non. Mais, on peut et on doit vivre avec.
- Je croyais. Je cherchais ... Enfin, je savais que cela serait dur mais pas impossible. Je savais que cela m'a fait éclore dans plus d'un sens. Mais ...

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Les couloirs du lycée. J'entends un coup de feu. Et tout commence, encore une fois. Je cours. Je cours. Une balle dans l'épaule, toutes les nuits.

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Torticoli : Refus d'une situation où vous avez l'impression de ne pas avoir le choix.

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Dans l'abri-caverne


    Je me jette vers toi et il me semble aussi que tu te jettes vers moi
    Une force part de nous qui est un feu solide qui nous soude
    Et puis il y a aussi une contradiction qui fait que nous ne pouvons nous apercevoir
    En face de moi la paroi de craie s'effrite
    Il y a des cassures
    De longues traces d'outils traces lisses et qui semblent être faites dans de la stéarine
    Des coins de cassures sont arrachés par le passage des types de ma pièce
    Moi j'ai ce soir une âme qui s'est creusée qui est vide
    On dirait qu'on y tombe sans cesse et sans trouver de fond
    Et qu'il n'y a rien pour se raccrocher
    Ce qui y tombe et qui y vit c'est une sorte d'êtres laids qui me font mal et qui viennent de je ne sais où
    Oui je crois qu'ils viennent de la vie d'une sorte de vie qui est dans l'avenir dans l'avenir brut qu'on n'a pu encore cultiver ou élever ou humaniser
    Dans ce grand vide de mon âme il manque un soleil il manque ce qui éclaire
    C'est aujourd'hui c'est ce soir et non toujours
    Heureusement que ce n'est que ce soir
[...]

Guillaume Apollinaire

~~~

Je ne vais pas mal, je vais même plutôt bien. "Aller bien". Cela veut dire qu'on consent à continuer un chemin ? Que ce dernier est agréable ? Que l'on ferme les yeux mieux que les autres jours ? Que l'on prend confiance dans les choses ? Que nos espoirs ont la belle vie ? Que notre non espoir nous sauve la vie ? C'est marcher, courir, virevolter, voler ? C'est une expression qui veut tout et rien dire. Peut être pour cela qu'elle nous plait tant. Je vais bien.
 

Vendredi 8 janvier 2010 à 22:02

http://imparfaiite.cowblog.fr/images/freja4tk3jq3.jpg
L'iconographie des monts en plaine, l'amour cassé des revendeurs de tripes, la rose carré touchée d'hystérie grabatère. L'enfolie subite des pourfendeurs de moineau, la colère rance des lavabos condensés. L'imagination frissonne sous les gorges déployées, et les amoureux transports longent les carreaux ramassés.

J'amour tes instants volés au marchand de bonheur. Sourie moi encore, je t'en pluie.

Ma pensée est ivre. Cela fait des jours qu'elle est titubante et désarmement lucide, empoigne le miroir des courtoisies égorgées. Et parle. Ma pensée est soule et se cogne aux murs de la pièce exiguë. Mais alors, elle s'arrête, se frotte, se joue la tête et rie. Rie en pleurant, sanglote avec enthousiasme, désespoire avec joie dans un mouvement trouble. Elle s'enveloppe sur elle même et sur le monde entier, en lançant la précipitation dans les limites du temps possibilisé, s'aventure par hase-art dans les recoins jonchés de deceptions froissés. Et ma pensée ivre tombe. Elle emporte avec elle les bibe-lots à poussière égarés. Ma pensée ivre aime tout foutre par terre.
Ma pensée ivre L'approche, toujours avec envie, elle rougit d'esclandre et chante, s'affaire à l'inaffairable dans un sérieux inégalé et écrit sur rien, tisse son manteau de jeune fille, les alentours plurotones. Elle claque les neiges des chaleurs désirables. Elle chagrin.
 
Nos enfances nous percutent, nous blessent-elles tant qu'on le dit ? La criblée de balle de la vie qui ravale les poumons.

Samedi 2 janvier 2010 à 21:23


Je vous souhaite une belle année.


2009 se referme avec un soupir.

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