Dans le glissement de l’été, mes pas résonnent sur le pavé du Sud. Je me colle contre toi, comme s’il n’y avait personne et je te porte dans ma gaîté. J’ai l’ivresse joyeuse et mon esprit ronronne. J’ai encore le goût du vin frais qui parcoure ma gorge et le pétillement sans parade de tes yeux bruns. Comme cette petite musique, dans l’éclatement de la ville, à parcourir ton passé, à effleurer aussi les endroits que tu n’approches plus - est-ce de la peur, mon amour ? Je suis contente que tu me parles car je sais mieux que toi ce qui déroule des ombres que l’on oublie. Je suis dans la rue calme au milieu d’un été sans nuage. Je suis là, entourée d’une vague d’affection et de confiance qui me parcoure l’échine et qui me parvient. Je la laisse me parvenir, dans ses éclats. Je recherche la liberté de te croire et l’ivresse de te connaître. Je recherche ta rencontre mille fois renouvelée. Je recherche cette douceur et cette gaîté-là. Ce sentiment-là, comme une vague profonde qui vient me surprendre lorsque tu t’occupes de moi, lorsque je sens l’angoisser marquer un recul devant notre ensemble. Je dessine les contours de cet apaisement comme on esquisse les alentours d’un nuage et je regarde dans ce demi-miroir les reflets de la lumière crue. Je respire de plus en plus clair.

Paris retrouve sa poigne incandescente et lucide. Je ressens dans ma poitrine les avancées brusques de cette eau qui dort. Lorsque j’étais mal à l’aise pourtant, il y a quelques jours, ce n’était pas ça, je retrouvais plutôt cette nuance de tristesse et de fatigue de la foule. Paris est la rencontre des eaux. Cette sensation en moi qui retrouve sa place, ou bien, se manifeste à nouveau, alors qu’elle est toujours lovée là, dans ma chair. Pourtant, je me sens chez moi, et le gris du ciel me rassure, car il raconte l’histoire des rentrées rangées, teintée de nostalgie, de rêves et d’odeurs de plastique neuf. Je me précipite et je range les vêtements. Je me loge comme on respire enfin, dans le canapé et je retrouve le rythme d’une routine qui, peut-être, me dilapide, mais me berce, me rassure, me console. Je suis chez nous. Au creux de l’équilibre, toujours fragile de notre amour. Ou plutôt, de notre avenir.

Je me réveille et je te sens, dans l’obscurité du jour à peine né. Les battements de mon cœur s’échardent encore aux assauts de mon esprit. Je ressens encore les images de la nuit rêvée et les liens cruels autour de mes poignets. La chambre, autour de moi, prend peu à peu forme, et le murmure de la vie revient. La nuit reprend à elle les histoires de peur, et je jette à moi la lueur du jour.

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