Le claquement de la porte du gymnase. L'air froid mais vivifiant. Marcher Marcher Marcher. Les pensées qui se mélangent. Tu te poses trop de questions. Tu penses trop. Trop de choses de l'intérieur qui demandent à sortir. Tu ne veux pas. Ce n'est jamais le bon moment. Là encore moins, tu es encore dans l'enceinte du lycée. Il fait noir et seul quelques salles sont encore allumées. Tu ne peux pas continuer comme ça. Ces journées ont été trop dures. Sais-tu seulement pourquoi ? Non. Les autres sont partis devant. Tu ne sais même pas si tu préfères. Tu ne sais plus. Tu veux être seule. Mais non. Tu veux être entourée mais tranquille. Tu ne sais même plus ce que tu veux ce soir. Un tramway passe devant toi. Tant pis. Attendre le prochain. Quelques sourires et signes de mains à d'autres personnes sur les quais. Non, tu ne veux voir personne en fait. Tu as besoin de t'évader. Le regard fixe sur le panneau des horaires, tu te surprends à ne plus penser à rien. Le tramway arrive. T'asseoir. A coté de toi, deux dames lisent . Celle en diagonale lis Goethe. Ca te rappelle l'année dernière, les cours de français. Le romantisme. Tu souris. Celle juste à ta gauche... Tu n'arrives pas à voir ce que c'est. Tu lis quelques lignes par-dessus son épaule. Cela parle d'histoires d'hommes et de femmes. Là, c'est une conversation entre filles. Une s'indigne de l'emploi du mot Slip et l'autre lui reproche de ne révéler que le mot alors que c'est le fait qu'il porte des sous-vêtements qui soit révoltant. Soit... Tu détournes les yeux. Tu changes de chanson. Tu sens que tu as des choses à extérioriser . Tu regardes quelles musiques pourraient t'y aider... Tu tentes différentes choses. De toutes manières tu écoutes toujours les mêmes chansons. Les arrêts défilent. Les gens partent, d'autres montent. La musique continue, elle... Cela fait comme dans un film. Tu adore cette sensation. Mais, malgré toi, tu commences à repenser à ces choses. Ces choses qui te montaient les larmes aux yeux en sortant du lycée... Tu rejettes un coup d’œil sur le livre d'à côté. Nous sommes dans les pensées de la narratrice qui raconte qu'elle a fait avouer des paroles à un copain. Des phrases comme "On baise et on discute après" et d'autres trucs. Cela t'énerve. La lectrice a des chaussures hautes en cuir, style Kickers , des cheveux rouges. et des collants bariolés. Toutes ces couleurs contrastent avec son air sérieux, presque sévère et ses lunettes droites. La femme descend. Tu as presque oublié de regarder la couverture.de son livre. Tu jettes un regard précipité. C'est une couverture criarde avec un grand talon, vert, comme celui du "Diable s'habille en Prada". Elle est partie. Tu te colles le long de la fenêtre. Te tu pelotes dans ton manteau, dans ton écharpe. La musique devient plus forte. Tu regardes le paysage défiler. Les pensées reviennent. Des fois, elles sont si fortes que tu ressens quelques chose physiquement. Ton ventre qui se tort... Oui, c'est cela, comme le matin... tu n'as pas envie de penser à tout cela. Tu essayes d'aiguiser ta pensée sur des choses plaisantes. Tu échoues. Encore encore encore. Le mur cède. Il craquelait depuis la veille mais là, il a cédé. Tu te mets à réfléchir à tant de choses. Tant de choses qui te blessent, où tu te reproches quelques chose... Même l'écrire, là maintenant, te fais du mal. Tu as envie que cela cesse. Tu ne peux pas. Cette impuissance te blesse d'autant plus. Des images. Comme des flashs back qui se transforment en coup de poings. Tu te retiens de réagir extérieurement. Tout est là, bouillonnant en toi. Les larmes qui montent. De toutes façons, cela fait des dizaines de fois depuis le début de la journée, depuis des mois, qu'elles sont venues au bord de tes yeux et elles n'ont jamais coulé. Tu décides de les oublier. De te concentrer sur cette espèce de bataille intérieure. Tu ne peux pas. Tu te martèles toi-même. Ces pensées, tu les trouve stupides. STUPIDES.Tu passes doucement une main sur ta joue. Elle est humide. Tu pleures. Tout doucement mais, tu pleures. Tu abandonnes. Tu te fais du mal, tu le sais, mais tu n'arrives plus à lutter. Tu pleures doucement. Tu te mets à imaginer qu'il est là. Tu devines sa réaction. Tu n'y arrives même pas. Il te manque. Des larmes silencieuses. Tu aperçois ton reflet dans le tram de l'autre côté; tes yeux sont rouges. Tant pis. La voix du tram annonce ton arrêt. Tu aperçois une fille de la classe. Tu sèches tes larmes. Tu descends. Elle s'approche de toi, tu observes sa réaction. Elle commence à parler du bus... Tu es rassurée. Elle retrouve une autre amie, tu dis des choses vides, en résistant à la tentation d'appuyer pour relancer la musique. Le trajet passe. Sa copine descend. Soulagement. La fille de ta classe se met à parler d'amour, d'avenir. Tu es un peu plus pertinente. Tu dévies les questions qui parlent de toi. Tu n'en as pas envie. "J'ai peur que tu ne te vides pas assez". Tu y réfléchis. Intérieurement, tu souris, Quoi? Pas me vider ? Egocentrique comme je suis ? Moi qui écris des tartines sur mon blog? J'assomme avec ma vie, mes avis divers et variés. Je parle trop. Toujours trop. Mais, je ne dis pas le fond, c'est vrai. Je n'arrive même pas à ma le dire à moi-même alors... "Non non mais je disais ça comme ça". Oui, elle a raison, n'en parlons plus. Le car s'arrête. Tu lui dis au revoir. Descendue, tu relances la musique. Il fait noir, tu aimes cette ambiance. Tu marches rapidement, au rythme de la mélodie. Silvie n'est pas arrivée. Tu commences à l'attendre devant l'église. Tu commences à fredonner. Personne n'a l'air d'être là. Les voiture qui passent te dévisagent. Tu commences à jouer comme une enfant avec les pavés sur le sol. Fredonnant toujours, tu marches, danse presque sur les pavés. Tu déposes ton sac. Elle n'a pas l'air d'arriver de toutes façons. Tu ne pense plus à rien. Tu chantes à présent. Tu danses presque sur le parvis de l'église. In the Cascade, in the Cascade, you washed me ... La voiture arrive. Tu montes dedans. "Désolée pour le retard". Tu dis que ce n'est pas grave juste par convention. Mais, tu y repenses. Tu murmures un nouveau merci, cette fois profondément sincère. Ce moment que tu venais de passer. C'était bien, juste bien, simple, comme ce que tu recherches. L'exacte opposition de l'oppression continuellement que tu ressens plus ou moins en ce moment.
~~~
Depuis, je ne fais que penser à ce moment. Je veux revivre cette simplicité libératrice. Quand j'y repense, je ne me souviens que du bien que tout cela m'a fait, je ne culpabilise pas. Du tout. C'est rare. Tellement rare. J'ai envie de toucher du vrai, du beau, du simple. J'ai envie d'absolu. J'ai envie d'immensité. J'en ai marre. Je suis fatiguée aujourd'hui. Plus le courage de rien. Je ne vis que dans l'illusion. L'illusion des belles choses, de l'avenir. Je sais profiter du présent mais seulement quand je crois aussi dans l'avenir. Illusions illusions. J'ai l'impression d'être sur Terre,.Dans la réalité , est-ce vraiment le cas? Je croyais avoir fondamentalement progressé. Non., ce n'était que superficiel. Je suis superficielle. Je suis tout ce que je ne voudrais pas être. J'arrive à changer des choses en moi. Je fais du travail sur moi-même. Je m'impose beaucoup (trop ?) de choses. Je fais des progrès mais je n'y suis toujours pas. Tout est fondamentalement superficiel. Je suis superficielle. J'aime la personne que les gens voient en moi. Mais ce n'est pas moi. L'image que je renvois est tellement différente de qui je suis. Je ne suis pas mature, du moins tellement pas qu'on voudrait me faire croire. C'est juste dur de se le dire.
J'ai eu beaucoup de mal à écrire cet article. J'ai peur je crois. Je n'ai pu en parler qu'en commencent à la deuxième personne. Quelque chose cloche. Quoi ? Est-ce que c'est grave ? Que dois-je faire ? J'essaye de cibler tout cela mais dès que je déterre quelque chose, il n'est jamais seul. J'ai peur de m'attaquer à quelque chose de bien plus grand, plus fort que moi. J'ai mis de l'ordre dans la superficialité, j'ai creusé un peu, mais sûrement moins que je le croyais. La base, le fond, tout est pourri. Tout est à refaire. C'est beau de donner des conseils aux autres. Je sais le faire. Quelle conne ! MAIS BON DIEU QUELLE CONNE ! Pour qui je me prends ? Pour mieux que je suis? Je sais je sais je SAIS. Je sais trop de choses mais j'ignore l'essentiel. Je sais m'intéresser, aider les autres et je ne suis pas foutue de garder un équilibre moi-même ! Tout cela n'est que vent, foutaise. J'aspire à mieux que moi, j'aimerais être quelqu'un de mieux que moi. J'aspire à paraître mieux que je le suis. Tout est peut être inconscient mais c'est le cas. Je ne suis peut être qu'une connasse orgueilleuse. Oui, mais avec une conscience. C'est mon problème. Mes réflexions futiles, mes réactions stupides, mes défauts me sautent aux yeux. FUTILE, IMMATURE. Voilà à quoi je ressemble dès que je me confie. Voilà pourquoi je n'y arrive pas, voilà pourquoi je ne peux pas, voilà pourquoi écrire ces lignes m'est si dur. Mais je dois le faire. Je dois m'en rendre compte. Me prendre un mur sur le coup, peut être. Tant pis. Tant pis si tout ça ne devient que jérémiades d'adolescente attardée "Et gna gna gna je me trouuuve nulllllllle". RIDICULE. Ne me dites pas que tout cela est faux. Je n'ai pas envie de compliments, je ne sais de toutes façons pas les gérer. Je ne vous croirais de toutes façons, pas. Enfin ou alors peut être un peu. Je ne sais pas. Je ne cherche pas vos compliments puisque de toutes façons je sais que l'image que les gens ont de moi est faussée. AHAHA : encore un réflexe d'adolescente attardée : je justifie tout ce que je fais. Je... ne sais plus quoi faire. Je suis bloquée. J'ai peur de perdre ma carapace même si je sais que de l'enlever est le seul moyen de m'en sortir durablement. Cette carapace, c'est mon image de fille bien. Je dois m'en défaire. Doucement. Pour pouvoir vraiment me voir dans le miroir de la réalité. Je ne dois plus me défiler. C’est tout. Mais, même écrire ça, cela me rend tellement... triste.
Les violoncelles résonnent. (ceux de la musique d' Un long dimanche de fiançailles) Leur musique est comme l'accomplissement d'un rêve. D'un rêve de beauté et d'absolu auquel je dois me détacher. Trop m'y attarder, c'est me perdre sur le long terme. Ma drogue à moi. C'est l'espoir. Le rêve. Le Bovarysme quoi. Bovarysme modifié, appliqué à tout, dans une autre dimension. Mais, le même malaise. La même naïveté peut être aussi. Juste que je m'en rends compte et c'est ce qui me rend le plus mal je crois, mais m'évitera l'arsenic.
Lui #, il est, en quelque sorte, le révélateur de tout cela aussi. Il est la matérialisation de l'idéalisation des choses que je fais mais aussi de l'ambition décalée que je peux avoir. Je ne pourrais jamais lui plaire, ça me fait un mal fou de me le dire. C'est la vérité et c'est en ça qu'il me permettra d'avancer. Je ne peux que le remercier. De toutes manières, je ne peux que remercier le jour où je l'ai vu. Par ce que, avec toute la difficulté que cela m'apporte, je le trouve formidable. Personne ou presque ne lira ça en entier, je le sais bien. Je suis, assez fière de moi tout de même d'avoir réussis à l'écrire, c'est peut être prétentieux de dire cela mais, de toutes façons, au point où j'en suis ... Sachez juste que certains de mes principes ne bougerons jamais. Je serais toujours là pour vous. Je vous souhaite tout le bonheur du monde.