Lundi 27 mai 2013 à 1:12

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Les lumières douces s’envolent au creux du ciel, les lumières se détachent lentement du sol pour venir se plonger au creux des nuages sombres.

Elle creusait la neige avec ses doigts nus. Et le froid lui faisait si mal. Si mal. Elle prenait la neige avec ses mains fines, sans l’écraser, juste assez pour la recueillir ailleurs et former des espaces libres. Elle creusait ainsi.

Cette infinie envie de pleurer la reprenait encore. Alors elle criait un peu pour se distraire de la douleur. Pour oublier ses mains plongées dans la neige, dans l’immensité blanche et tranchante de la neige.

Elle creusait sans aucun doute avec l’espoir qu’ont les gens fous. Pour réveiller les lumières qui lentement se révèlent à la nuit et montent rejoindre les nuées transparentes.

Elle ne pleurera qu’ensuite, quand l’entaille sera trop profonde, l’accumulation insupportable et que ses mains seront mortes, inaptes au sang et aux autres choses du monde.

Elle rêvera d’un monde où elle aurait été plus digne, encore. Et peut être plus heureuse. Plus protégée, et moins seule.

Elle chantera encore pour se donner du cœur, du courage, et la force de respirer.

Elle chantera, comme quand elle oublie que les escaliers profonds réclament encore.

Comme quand elle est libre.

Elle attend le murmure divin, au fond, qu’il surgisse des bruissements de la neige et des bruits de son propre corps.

Elle attend le bonheur, comme une vague silencieuse, qui se glisse le long du soleil levant.

Elle ne pleurera pas sur la vie des autres, ceux qui sont partis, ou ceux encore qui n’ont pas à avaler la neige de leurs doigts nus. Ceux à qui l’on a offert le printemps.

Ce n’est pas qu’elle n’aime plus cet hiver. Elle a juste peur qu’il ne finisse jamais.

Et qu’un jour, on la retrouve enfouie.

Les perles de lumière s’élèvent toujours et se mêle à la neige qui tombe et lui glisse sur le visage. La neige tombe toujours. Elle était douce. Les autres reçoivent la lumière.

Un jour, elle aura le droit d’être triste, vraiment. Un jour elle pourra pleurer. Je ne pense pas tout de fois qu’elle pourra comprendre. Elle pourra panser.

Elle attend dans la neige, de loin, c’est à peine si on pourrait la voir remuer. Elle ferme les yeux, pour dormir, et se souvenir de la chaleur du temps. Pour imaginer un monde ailleurs, où….

Elle dort dans la neige, et la lune coule, au bord de ses lèvres, elle brille et glisse peu à peu, comme ce qui restait de vie.

La lune couve et la protège, quand elle dort. Quand elle creuse, aussi. La lune comprend la neige. Le soleil, lui, a disparu, derrière la lune.

Vois-tu toujours l’ensemble des choses passées quand tu ries ? Et quand ton sourire dessine la force même de ce que j’ai pu aimer ? Quand la vie se suspend aux écoulements de la lune qui brille sur mes lèvres, et viennent se jeter dans mon cœur ? Sens-tu autre chose que ce rire nerveux qui secoue les épaules de ton être, lorsqu’il sent la neige sur ses yeux ? Et est-ce que la nuit pourra éternellement nous protéger ? Lorsque le refus se fait plus pur, et les étoiles à peine voilées.

Comprendras-tu un jour la tristesse qui te parcoure profondément ? Au-delà.

Elle, la neige, la nuit, et les lumières douces.

Vendredi 24 mai 2013 à 8:36

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Mercredi 15 mai 2013 à 18:19

Ce texte a été écrit dans le cadre du troisième challenge de l'atelier d'écriture du net organisé par la blogueuse Parisian ShoeGal (j'avais déjà participé une première fois ici).

Le thème et les contraintes de cette fois-ci :
"une scène urbaine se déroulant soit pendant un orage en vous inspirant des deux premières strophes du poème de Verlaine Il pleure dans mon cœur, soit pendant une canicule en vous inspirant de la première strophe du poème de Rimbaud Soleil et chair.
Première contrainte : le texte devra être rédigé au présent.
Deuxième contrainte : une palette de couleurs à intégrer obligatoirement dans votre texte. Fleur de soufre (jaune), aurore (orange), incarnat (rouge), tourterelle (gris), majorelle (bleu), lavande (bleu), céladon (vert), pourpre (rouge violet), orchidée (violet). "

Là encore, je participe aussi pour me "contraindre" à écrire, surtout que j'ai l'imagination fatiguée (épuisée) en ce moment, et que ça m'attriste un peu (beaucoup). Et c'est bien sympa à faire, très stimulant. N'hésitez pas à vous lancer ! (la forme est libre).


***
 
http://imparfaiite.cowblog.fr/images/photos/1150bd9ab72abe54a7f5b88a101c8713-copie-2.jpg© André Kertész Paris in the Rain

Dans le champ lavande du crépuscule lunaire,
L’asphalte rayonne d’un doux reflet orchidée
Et résonne aux assauts de cette pluie rageuse.

L’eau jaillit, rugit puis éclate autour d’elle ses
Reflets majorelle, sa matière translucide
Et peint avec violence le contour des rues.

Alors, elle glisse avec grâce entre les visages
De pierre qui forment le pavé incarnat
Pour se jeter enfin dans les entrailles du monde.

Devant moi, la ville, barbouillée de trainées pourpres
Est envahie par les ombres, par la traversée
Des silhouettes floues chassées par cet orage.

Et mon cœur se noie encore dans cette ivresse
Fleur de soufre, dans le chagrin immense et lourd
Qui se déroule à mes pieds et soudain m’envahit.

Je suis perdu ici et j’entends la nuance
Tourterelle et précieuse aux fantassins du monde
Dont la mélancolie vomit à s’en faire croire.

Dans ce corps ravalé aux charmes de l’aurore
Je suis assis ici aux prises avec le ciel
Rendu vert céladon par sa propre misère.

Je suis la ville saoule qui un jour t’a perdue.

Jeudi 9 mai 2013 à 12:34

Dans le bruit du soir, et les vapeurs du passé,
Dans le son des autres, et les effluves du temps


Mercredi 8 mai 2013 à 22:57

Je re-sens.

Je suis sur mon lit, la nuit est brisée, tombée. J'écoute Björk, comme avant. Et ce sont des murmures qui s'allongent, au plus profond de moi. Je suis sur mon lit, mon ordinateur callé sur mes jambes, mal éclairée, et je suis en arrière. C'est étrange, ces sensations qui se réveillent, pourtant détachées de leur objet de l'époque. Je revis des sentiments à la dérive, et cela m'apaise. Depuis quelques jours, j'ai cette sensation de retourner à des sentiments, des habitudes de pensée de cette époque de lycée, si intense. Peut être que cela me rassure. J'ai cette question d'identité qui ne fait que de remuer: me suis-je perdue en route ? Et maintenant, Julie ? Il y a eu cette période où je me connaissais très bien, et je passais beaucoup de mon temps à contenir, border et comprendre mes sentiments, et qui j'étais. Puis il y a eu cette course où, sous l'impulsion du bonheur puis, de l'euphorie, puis, de cette course. Je n'ai pas totalement arrêté d'écrire, mais j'ai arrêté de m'analyser autant. Voire j'ai arrêté. Je sens, je sais, que beaucoup de choses ont évoluées. Alors, alors, y a t-il quelque chose à re-prendre? Et ces sentiments, ces sensations, marqueraient une continuité. Et ma capacité à aimer, à nouveau, à sentir, encore (oui oui, j'ai ce genre de peur). Je ne glisse pas tout les quatre matins. Ce ne sont pas des souvenirs, ce n'est pas une nostalgie, c'est un re-vécu, par bribes et par esquisses mais de la puissance. "It's in our hands, it always was". Refoulements, refoulements. Et les vagues se creusent, toujours plus profond. Je ressens, et je vois, à travers les trainées grises de mes respirations, dans une sorte de tornade. Cette impression qui dort tout au long de moi. Et puis maintenant, et puis vraiment ? Pas les orientations, les chemins à tracer. Juste soi, et à nouveau. Devant cette place immense, qui donc ai-je à re-connaître ? Non pas que je me sois perdue, mais c'est un certain rapport, très précis. Je déborde. Voyez-vous. Ce sont mes sens. J'avais peur qu'après cette apnée inédite de quelques semaines (le concours, bien sur mais depuis que j'en ai "marre"), je sois asséchée. C'est mon imagination que je ne voulais pas abimer, sur cette fin. Alors qu'elle s'était tant nourrie (innutrition). Voilà.
J'avais envie de jeter des conneries.
 

Jeudi 2 mai 2013 à 21:46

http://imparfaiite.cowblog.fr/images/Nouveau/80501912061038313EblT7RVEc.jpgEnfin. Enfin je respire un peu. Je suis en vacances depuis déjà cinq jours mais je commence juste me détendre vraiment. De me rendre compte que je peux - enfin - relâcher la pression, que mon corps recommence à entrevoir la possibilité de faire de vraies nuits, que je ne ressasse pas dans ma tête des conneries. Quand même, en passant les deux ENS, ça m'a fait quarante-deux heures d'épreuves, plus, le lendemain de tout cela, un oral pour Sciences Po Paris (qui ne s'est pas bien passé d'ailleurs, et c'est peut être cela que je ressasse le plus). Tout cela sur plus d'une semaine et demi. Tellement de pression, tellement de.

Je fais de la cuisine,
Je bois du thé avec ma mère,
Je vois des amis,
Je revis, peut être bien.

Mais je sens, en suspens, au-delà des frustrations, les questions qui me tauraudent, les doutes.
Chaque chose en son temps.
Chaque.

Et l'imagination ? Et les coups. Et les espoirs. Et les peurs. Et mon envie de vie.
Et encore une fois, encore une valse. Et l'amour de l'art. Et les amis, et les autres, qui croient, et qui pensent.
Mon chemin est entré, dans les sursauts des jours.
L'atonie avalée et les tremblements, toujours.

 

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