Les lumières douces s’envolent au creux du ciel, les lumières se détachent lentement du sol pour venir se plonger au creux des nuages sombres.
Elle creusait la neige avec ses doigts nus. Et le froid lui faisait si mal. Si mal. Elle prenait la neige avec ses mains fines, sans l’écraser, juste assez pour la recueillir ailleurs et former des espaces libres. Elle creusait ainsi.
Cette infinie envie de pleurer la reprenait encore. Alors elle criait un peu pour se distraire de la douleur. Pour oublier ses mains plongées dans la neige, dans l’immensité blanche et tranchante de la neige.
Elle creusait sans aucun doute avec l’espoir qu’ont les gens fous. Pour réveiller les lumières qui lentement se révèlent à la nuit et montent rejoindre les nuées transparentes.
Elle ne pleurera qu’ensuite, quand l’entaille sera trop profonde, l’accumulation insupportable et que ses mains seront mortes, inaptes au sang et aux autres choses du monde.
Elle rêvera d’un monde où elle aurait été plus digne, encore. Et peut être plus heureuse. Plus protégée, et moins seule.
Elle chantera encore pour se donner du cœur, du courage, et la force de respirer.
Elle chantera, comme quand elle oublie que les escaliers profonds réclament encore.
Comme quand elle est libre.
Elle attend le murmure divin, au fond, qu’il surgisse des bruissements de la neige et des bruits de son propre corps.
Elle attend le bonheur, comme une vague silencieuse, qui se glisse le long du soleil levant.
Elle ne pleurera pas sur la vie des autres, ceux qui sont partis, ou ceux encore qui n’ont pas à avaler la neige de leurs doigts nus. Ceux à qui l’on a offert le printemps.
Ce n’est pas qu’elle n’aime plus cet hiver. Elle a juste peur qu’il ne finisse jamais.
Et qu’un jour, on la retrouve enfouie.
Les perles de lumière s’élèvent toujours et se mêle à la neige qui tombe et lui glisse sur le visage. La neige tombe toujours. Elle était douce. Les autres reçoivent la lumière.
Un jour, elle aura le droit d’être triste, vraiment. Un jour elle pourra pleurer. Je ne pense pas tout de fois qu’elle pourra comprendre. Elle pourra panser.
Elle attend dans la neige, de loin, c’est à peine si on pourrait la voir remuer. Elle ferme les yeux, pour dormir, et se souvenir de la chaleur du temps. Pour imaginer un monde ailleurs, où….
Elle dort dans la neige, et la lune coule, au bord de ses lèvres, elle brille et glisse peu à peu, comme ce qui restait de vie.
La lune couve et la protège, quand elle dort. Quand elle creuse, aussi. La lune comprend la neige. Le soleil, lui, a disparu, derrière la lune.
Vois-tu toujours l’ensemble des choses passées quand tu ries ? Et quand ton sourire dessine la force même de ce que j’ai pu aimer ? Quand la vie se suspend aux écoulements de la lune qui brille sur mes lèvres, et viennent se jeter dans mon cœur ? Sens-tu autre chose que ce rire nerveux qui secoue les épaules de ton être, lorsqu’il sent la neige sur ses yeux ? Et est-ce que la nuit pourra éternellement nous protéger ? Lorsque le refus se fait plus pur, et les étoiles à peine voilées.
Comprendras-tu un jour la tristesse qui te parcoure profondément ? Au-delà.
Elle, la neige, la nuit, et les lumières douces.