http://imparfaiite.cowblog.fr/images/Blalba/tumblrm23z6i1Ami1qehb51o11280.jpg
Il allait dans une prairie immense avec la ferme intention de s'offrir au soleil. Dans un recoin vert, il chancela un peu pour atteindre l'arbre qui lui semblait le plus vieux, pour se coller contre son corps. L'absence et l'éclat étaient tels que les larmes lui vinrent avec une évidence fulgurante et douce, une de celles dont les plus fous d'entre nous ont le secret. Échoué sur la carcasse brune d'un vassal écroué, il rêvassait longuement et se targuait d'oublier les plus profondes de ses blessures. Il contempla ses paumes durant des dizaines de minute pour trouver le signe probant d'une vie infinie. En insistant sur le creux et la valse de ses nervures. En appuyant chaque extrémité de ses doigts sur le tracé des canaux vides qui glissaient au fond de sa main. En rêvant qu'il y trouverait le chemin. Et il murmurait toujours des mélodies inaudibles, comme si elles pouvaient suivre l'improbable portée inscrite à fleur de peau. L'amalgame d'un pianiste le long du cou d'un arbre creux. Il ferma les yeux doucement. Il respira plus faiblement, puis plus fort. Pouvait-on sentir les mouvements de son propre sang ? De l'air qui coule, de la même manière que l'on sent à l'extérieur de la peau, le vent. Il s'agirait de la brise vitale, ou plutôt de la tempête. Au sein de son sang, il se souviendrait peut-être de ce qu'il avait fait. "Pour en arriver là".