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Ces colonnes de corps qui avancent, les lignes qui se croisent, se touchent parfois mais continuent de glisser dans un rythme dissonant, à la limite de l’harmonie. Et se déversent ces armées de visages, portées à travers la ville. C’est étrange, pourtant, comment les traits ne se fondent pas, et viennent plutôt vibrer comme une infinité de flashs. Tout apparaît si fragile. Aucun de ces corps ne se coule dans cette atmosphère prétendument lisse. Prétendument lisse. Les pans de ciels se détachent doucement, dans le mouvement d’un pinceau flou. Je regarderai les tours qui ne s’effondrent jamais, toujours au bord du chaos.

Le murmure impensé des humanités distraites, qui n’arrivent pas à s’oublier dans le flux. Les aspérités m’aspirent et mon esprit s’accélère en murmures silencieux. Il y a de la musique dans ces nuances de pas, qui griment, sans malveillance, le gris des pavés. Cette sensation que tout est à la frontière du réel, manifestement. Et il s’agirait que le sursaut devienne d’un coup plus fort. A ce jour, qu’une assemblée, touchante, d’errances terres à terres, qui peinent à se tenir.

Presse dans l’altitude de la ville le temps perdu et secoué, étiré à la langueur de cette absolue confiance. Je m’apaise en concentrations retrouvées et en variantes de signes. Les carrés construits à bouts de mots, enlevés de phrases qui s'embriquent et se cherchent le long des caractères. La typographie calme des rapports comme le soin d’une plaie innomée. Et j’articule avec lenteur dans une langue que je trouve, dont il faut épeler le rythme et recomposer le rythme. Mon esprit aux tâches, et mon corps retrouvé dans un mélange de bulles et de thé chaud. L’ennui désapprend parfois le calme qui nait des pages à remplir, la volonté persistante de la rigueur au galop. Comme une musique familière.

Il y a des chœurs silencieux dans ces couloirs, au portes des ascenseurs.

Les rues sillonnantes et les labyrinthes, tout réveille ces espaces de théâtre. C’est comme une peinture invisible qui viendrait défigurer des écrans de cinéma. C’est un jeu d’enfant.


Musique