Les vagues régulières et violentes d’un désespoir à l’arrière-plan de moi-même, d’une tristesse qui vient, et se bascule, et claque sur la paroi au fond de mon être, tristesse inaccessible à l’entendement, que je soigne par une catharsis à l’aveugle, en cherchant par l’art à transcender la barrière intérieure. Les souffles de douleur caressent et frappent, mais disparaissent dès que je m’en approche trop pour en éprouver la source.
J’ai le cœur qui saigne à flot, dans une douce euphorie, les larmes intérieures se brisent avec violence mais avec échos contre les sons de la musique. J’ai le cœur qui hurle mais qui n’entend pas son cri et qui se croirait alors presque en train de chanter. Il ne reste de sa douleur que ce sentiment fort, à fleur de peau, sensible comme une plaie vive, à chaque note. L’euphorie de l’écoulement intérieure expressif dans une nouvelle dimension, jaillit, jaillit. Se mêlent la fatigue (immense), le désespoir (infini comme la mer), la joie (bonheur esthétique), provoquée au fond par une certaine confiance retrouvée, confiance dans l’art, donc dans la vie. Confiance soudaine, circonscrite, fragile devant le flot intérieur qui ne cesse de se cogner contre les parois de mon corps, que je voudrais ex-primer (d’où cette soif intense de création, d’art). Folies esthétiques : enthousiasme sensible à la musique, ravissement intellectuel (Barthes est un putain de poète.).
(AVANT)
JE VOUDRAIS CRIER
Entre les murs de cette chambre si nouvelle et déjà si mienne, chaque parcelle de mon corps tremble devant l’assaut répété. Et les mots se répètent aussi, à la manière d’une invocation. Je panse devant l’échec de la pensée, je panse en noyant dans l’émotion pure ces surplus de moi, ces pensées dont la colère me secoue. A travers elle, c’est mon équilibre personnel qui vacille. Et j’irai me projeter dans le ciel avant d’abandonner mon corps, et j’actionne désespérément mes doigts sur le clavier, avec un désespoir nouvellement heureux, porté par cette symbiose nouvelle du flux et de l’ailleurs.
« Tu disais souvent, je vais te perdre / Je te répondais tout le temps, tu dis n’importe quoi, comme toujours »
« Avant »
«Mais on refaisait l’amour, souvent …avant »
Discipline d’ailleurs qui éclate au sein du seuil, faire craquer les murs solides d’un désir.
Ma violence intérieure, mon sursaut d’envie Oui, retour profond aux fondements de sa propre puissance, et de son identité (pour moi, l’impression sensible de mon flux vital, l’envie de créer, l’envie d’aimer). Je repense à ce mot, amour. Fondement absolu, inconscient, lourd. Je repense à mes discussions avec la psy. Amour amour. Amour physique, maintenant, vécu comme l’expérience absolue (dépassement de l’altérité, sensation intense de son être au monde).
Encore, une fois, la surprise de la sensation profonde, ressentie au fond de son corps-même et dont on se rappelle par là l’existence, avec une force immense. Avec un trouble immense. L’appréhension d’une sensation intense, quand elle est voilée par l’intérieur même qui l’exprime.
Je me retrouve, même dans le désespoir gris, à nouveau dans les essences bouillonnantes qui m’ont toujours accompagnée. Au cœur de l’intense.
« Puis tu disais mon grand, mon grand, refais moi l’amour. »
« L'espoir fait vivre. L'espoir fait vivre. Vivre d'espoir, vivre d'espoir faire vivre. Vivre d’espoir fait vivre ».
Euphorie, délire total.
« J’avale le vent j’avale la vie. Mais assez parlé de moi ».
Ca y est, je suis épuisée
Les guillemets-italiques, cf. Benjamin Biolay "L'espoir fait vivre" et "Jaloux de tout"
Vendredi 28 septembre 2012 à 23:50
Dimanche 23 septembre 2012 à 14:57
Craquèlent au fond de moi les effluves lointaines des restes de tendresses.
Craquèlent au fond de moi les miettes éparses de notre désir
Craquèlent au fond de moi les dernières lettres de ton nom
Craquèlent au fond de moi les signes souriants d'un au revoir
Enfin ?
Mais je refuserai l'adieu.
Mardi 18 septembre 2012 à 17:41
Quand dans le sensible ailleurs qui est porté dans mon sein s'envole comme une brume le long des fenêtres closes, je tremble que les journées tranquilles passées à vivre n'aient servies à rien, et que l'ensemble large et imposant que constitue la ville offerte à mes regards puisse un jour s'effondrer. A cet instant précis, mon horizon vacille, et le point d'ancrage qui me reste est la vision trouble de mes murs, qui se dressent. Et le son de mes pieds, sonnant sur le sol, recouvert de parquet. Le son se projette contre le mur, et j'entrevois un lien, sous forme de confrontation fantastique, tactile, entre les deux faces restantes de mon être au monde. Les couleurs glissent, et je parle. Les couleurs se sont affaiblies, et je chante. Les couleurs s'écaillent, se perdent, et je crie. S'embrassent alors le son de ma voix et le mur, et la note dure des pieds contre le sol. Je donne une troisième dimension, ma volonté vacille, et le vertige demeure.
Il faudrait que je comprenne au coeur même de la pièce-abyme à rebours, vidée par la propre vision du faillible au dehors.
Il faudrait que mon cri vienne jaillir, non pas comme un jet débile et vain, mais comme la rupture inéluctable, la voix créatrice.
Je vacillerais moins si les talons volés au regard n'étaient pas si autres.
La fenêtre craquèle alors, poussée par le dehors.
S'ouvre, vole, veille.
Et je respire.
Les gens, dehors, marchent devant, les pieds ancrées, la tête qui se bascule doucement.
Les gens dehors, je les regarde, je les aime, et je les vois.
Les gens dehors, s'éclairent à la lumière de la ville, enfin retrouvée.
Mercredi 12 septembre 2012 à 10:17
La pluie s'abat et coule d'un coup
Foulées d'eau jaillissantes aux courbes même du ciel
Flux d'ailleurs jetés face contre terre
Claques, Plaques, Ploc
Le son des gouttes filées, glisse, continu et soudain.
Et murmure régulièrement son éternelle récitation
Berçant ainsi toujours les alentours surpris.
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