Lundi 30 janvier 2017 à 21:07

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Puis elle s'effondra. Au loin, le tumulte des présences et la peur qui grandit.  Dans cette confusion de bruits et de lumières rouges, son corps était étendu. La fraicheur du sol pénétrait lentement la peau de ses mains et des arabesques de poussières venaient s'y glisser. Elle pouvait y voir le ciel. Le ciel immense au creux de son corps, qui lui ouvrait soudain l'horizon. Les étoiles infinies défilaient devant ses yeux, comme des lucioles multicolores. Son souffle demeurait étonnamment régulier et soulevait doucement sa poitrine. Elle bougeait à peine. Il avait fallu tomber. Son corps docile et multiplié dans l'air dévorait l'angoisse. Au loin, tellement loin, une silhouette noire riait. 

Les murmures insinuant qui s'écoulaient de ses poumons venaient se briser sur le mur, blanc-sale, en face d'elle. Elle sentait le silence glisser entre ses lèvres, lentement monter aux nues et s'envoler. A la surface de ses lèvres, l'air invisible et doux d'un instant qui se déroule. Elle devinait le temps s'enfuir, et le mur se déshabiller. Pour se joindre à la danse, son cerveau à l'abandon coloriait au hasard les irrégularités de la peinture.

Au dehors, les pas réguliers sur les échafaudages gris.
 

Samedi 7 janvier 2017 à 13:58

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Ce qui est assez étonnant, c'est que je considère toujours cet espace comme étant très important. Un peu comme la plateforme, il ne s'y passe plus grand chose, comme quelque chose d'un sursis. Pourtant, c'est précieux. Malgré ce nom qui sent bon l'adolescence, malgré les articles éparses et dont le nombre ne fait que baisser d'année en année, il y reste quelque chose de moi. Il y reste ce souvenir, ou plutôt cette certitude, que j'aime écrire, que je peux écrire et autre chose que du factuel, que du scolaire, que du professionnel. Il y a cette facette de moi que j'ai appris à chérir. Je me dis que tant que tout est là, que tant que j'écris, même peu, il reste quelque chose de cette flamme et de cet enthousiasme en moi. Cela me rassure. Un refuge contre les assauts de la vie courante, contre le découragement. Un refuge de poésie, de rêves. Cette partie de moi, qui écrit et qui s'accroche, elle est un refuge et un socle. Comme chaque année, je voudrais pouvoir m'investir plus. Comme chaque année, je sais que cela sera difficile. J'ai toujours des études trèsx exigeantes, encore des concours et des contraintes. Je travaille, en plus. Comme chaque année, je tiendrai. Je prendrai le temps de venir souffler sur ce feu tremblant. Je le sais. C'est paradoxalement quelque chose dont je suis fière, d'avoir su conserver cet espace d'internet pendant plus de 10 ans (et oui!). De l'avoir toujours façonné à mon image. D'avoir su en conserver quelque chose, de ne pas avoir voulu en faire un produit plus consensuel. Finalement, comme j'ai toujours résisté à en donner l'adresse aux gens que je connaissais et comme cette plateforme n'est plus aussi active, il est devenu presque désert. Finalement, je me suis libérée, au moins pour une partie de ma vie, d'une forme un peu traitre de fausse exigence, d'une envie de reconnaissance et d'approbation. Finalement. C'est peut-être aussi ce qui rend cet espace précieux. J'ai l'impression d'y trouver mon langage.

J'ai toujours eu en coin de tête, d'ouvrir un autre blog. Selon les périodes, ces envies évoluent. Parfois, j'aurais envie d'un blog beaucoup plus classique, en parallèle. Et conserver celui-ci ainsi, presque secret, et intime. Bien sûr, parfois, cela me décourage de me dire que je publie vraiment peu. J'ai peur, insidieusement, de continuer à souffler sur ce qui n'est pas un feu mais un tas de braises déjà mortes. Dans un coin de tête, j'ai toujours la phrase de Breton que m'avait rapporté J. sur la mort de l'imagination à 20 ans et qui m'avait rendue furieuse. Fumeuse assertion déterministe, mais qui vient réveiller la peur d'être rattrapée par le temps, ou par autre chose de plus fort que soi. Les pensées qui théorisent une forme de déclin m'ont toujours mises profondément en colère. C'est plus facile, de s'abandonner à la fausse évidence que la vie porte inexorablement vers le déclin. Les années passant, on se retrouve avec ses blessures, ses névroses et il est tellement plus simple de se dire que c'est là la marque de l'altération d'une pureté primitive. Bref.

Je me projette un peu difficilement vers 2017, car il y a encore la montagne d'un concours à l'horizon. Une fois encore, j'ai l'impression de m'y lancer épuisée et j'ai bien du mal à ne pas partir perdante. Je suis fatiguée, essoufflée et j'ai toujours cette impression qu'il me manque un profond élan de volonté. Pourtant, je suis déjà sur le sentier, plus ou moins bien équipée, un peu hésitante, mais j'avance. Au loin, la montagne me paraît encore immense, mais j'ai déjà un premier col à franchir en courant et, paradoxalement, cela me motive. J'ai envie d'y arriver. Je voudrais que cette envie viennent me nourrir et vienne combattre cette fatigue qui m'habite. Peut être que ce n'est qu'une représentation illusoire et idéalisée de la motivation, ceci-dit.

Cette année 2016, malgré tout, je me suis sentie mieux. Je continue à récupérer. J'ai trouvé une forme d'équilibre plus profond grâce à mon amour. Je ressens grâce à lui une forme de paix et de sentiment qui me rassure profondément. J'ai trouvé l'énergie pour finir une année difficile et d'enchaîner sur une épreuve. J'ai voyagé. J'ai trouvé que j'étais parfaitement entourée et que cela était la plus belle chose de ma vie.

Pour 2017, avant tout j'aimerais conserver et ancrer cet équilibre. Conserver toutes ces personnes autour de moi. L'aimer lui avec encore plus de confiance. Plus pragmatiquement, j'aimerais gravir la montage entière et y planter mon drapeau (malgré la difficulté, malgré les peurs, malgré la fatigue). J'aimerais venir écrire plus souvent ici et me remettre plus régulièrement à la lecture. J'aimerais cultiver la confiance dans les choses et prendre plus de temps pour ce qui me fait du bien. J'aimerais continuer à lutter contre la peur, donc. Ou plus exactement, continuer à l'apprivoiser. Continuer à être moins jugeante dans ma manière d'appréhender les choses, que cela soit pour moi et pour les autres. J'ai fait déjà beaucoup de progrès. Peut-être aussi, arriver à canaliser ma colère et mon angoisse quant à l'avenir du monde. Plus pragmatiquement encore, j'aimerais passer moins de temps sur les réseaux sociaux.

Je vous souhaite à tout.e.s celles et ceux qui passez encore par ici, une très belle année 2017.

 

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