Puis elle s'effondra. Au loin, le tumulte des présences et la peur qui grandit. Dans cette confusion de bruits et de lumières rouges, son corps était étendu. La fraicheur du sol pénétrait lentement la peau de ses mains et des arabesques de poussières venaient s'y glisser. Elle pouvait y voir le ciel. Le ciel immense au creux de son corps, qui lui ouvrait soudain l'horizon. Les étoiles infinies défilaient devant ses yeux, comme des lucioles multicolores. Son souffle demeurait étonnamment régulier et soulevait doucement sa poitrine. Elle bougeait à peine. Il avait fallu tomber. Son corps docile et multiplié dans l'air dévorait l'angoisse. Au loin, tellement loin, une silhouette noire riait.
Les murmures insinuant qui s'écoulaient de ses poumons venaient se briser sur le mur, blanc-sale, en face d'elle. Elle sentait le silence glisser entre ses lèvres, lentement monter aux nues et s'envoler. A la surface de ses lèvres, l'air invisible et doux d'un instant qui se déroule. Elle devinait le temps s'enfuir, et le mur se déshabiller. Pour se joindre à la danse, son cerveau à l'abandon coloriait au hasard les irrégularités de la peinture.
Au dehors, les pas réguliers sur les échafaudages gris.