Ce sont des couteux bien aiguisés que je m’enfonce sans trembler dans le ventre. J’ai l’esprit qui roule dans tous les sens, qui se cogne contre les pans de mur, de mots. Les émotions en panique, les liens absurdes et l’angoisse qui gronde. Je marche dans la rue, mes yeux me semblent étrangement tendus et lourds. Ce qui m’entoure me paraît grossièrement découpé et trébuche dans de bizarres appels au sens. Mes larmes à l’intérieur. Je voudrais parler à voix haute pour faire couler ce flux maladif coincé dans ma tête. Mes lèvres forment des mots absents mais je vais trop vite. J’ai l’impression de tout mélanger, et de tout fuir. Mon esprit se rétracte
Un refus. Devant l’obstacle, le cheval, pourtant si entrainé, malgré la pression des cuisses sur son ventre immense. Le cheval a baissé la tête et n’a pas sauté, il ralentit et s’avance en trottinant vers les barres alignées. L’angoisse soudaine, au-dessus de lui, vient-elle couler dans son corps ? La raideur passagère des jambes qui l'entourent, les mots à peine formulés « eh bien ? Qu’est ce qui ne va pas ? ».
Mon corps amarré pleure soudain, et tremble si fort. Un refus. Je voudrais pouvoir noyer mes mots à travers d’autres mots, à travers l’illusion d’une volonté plus forte. Je voudrais me faire taire.
Un refus. J’ai honte. J’ai peur de rentrer à l’appartement. Je m’enferme dans la bibliothèque blanche, qui se remplit tout au long de la journée. Cela me fait frémir. J’ai envie de plonger dans les rainures d’un livre et d’oublier longtemps la couleur de mes jours.
C’est une violence absurde et la fatigue, peut-être, c’est un amas de jugements-poignards qui se trament sous ma peau.