Quand dans le sensible ailleurs qui est porté dans mon sein s'envole comme une brume le long des fenêtres closes, je tremble que les journées tranquilles passées à vivre n'aient servies à rien, et que l'ensemble large et imposant que constitue la ville offerte à mes regards puisse un jour s'effondrer. A cet instant précis, mon horizon vacille, et le point d'ancrage qui me reste est la vision trouble de mes murs, qui se dressent. Et le son de mes pieds, sonnant sur le sol, recouvert de parquet. Le son se projette contre le mur, et j'entrevois un lien, sous forme de confrontation fantastique, tactile, entre les deux faces restantes de mon être au monde. Les couleurs glissent, et je parle. Les couleurs se sont affaiblies, et je chante. Les couleurs s'écaillent, se perdent, et je crie. S'embrassent alors le son de ma voix et le mur, et la note dure des pieds contre le sol. Je donne une troisième dimension, ma volonté vacille, et le vertige demeure.
Il faudrait que je comprenne au coeur même de la pièce-abyme à rebours, vidée par la propre vision du faillible au dehors.
Il faudrait que mon cri vienne jaillir, non pas comme un jet débile et vain, mais comme la rupture inéluctable, la voix créatrice.
Je vacillerais moins si les talons volés au regard n'étaient pas si autres.
La fenêtre craquèle alors, poussée par le dehors.
S'ouvre, vole, veille.
Et je respire.
Les gens, dehors, marchent devant, les pieds ancrées, la tête qui se bascule doucement.
Les gens dehors, je les regarde, je les aime, et je les vois.
Les gens dehors, s'éclairent à la lumière de la ville, enfin retrouvée.
Comme d'habitude, un plaisir de te lire.