Mercredi 12 décembre 2012 à 11:09

"Il y avait une semaine qu'avait fini dans la capitale Koné Ibrahima, de race malinké, ou disons-le en malinké : il n'avait pas soutenu un petit rhume...

Comme tout Malinké, quand la vie s'échappa de ses restes, son ombre se releva, graillonna, s'habilla et partit par le long chemin, pour le lointain pays malinké natal pour y faire éclater la funeste nouvelle des obsèques. Sur des pistes perdues au plein de la brousse inhabitée, deux colporteurs malinké ont rencontré l'ombre et l'ont reconnue. L'ombre marchait vite et n'a pas salué. Les colporteurs ne s'étaient pas mépris: « Ibrahima a fini », s'étaient-ils dit. Au village natal l'ombre a déplacé et arrangé ses biens. De derrière la case on a entendu les cantines du défunt claquer, ses calebasses se frotter; même ses bêtes s'agitaient et bêlaient bizarrement. Personne ne s'était mépris. « Ibrahima Koné a fini, c'est son ombre », s'était-on dit. L'ombre était retournée dans la capitale près des restes pour suivre les obsèques : aller et retour, plus de deux mille kilomètres."

Par maud96 le Mercredi 12 décembre 2012 à 13:00
Les ombres des morts, leurs bruits... il n'y a pas si longtemps, il fallait couvrir les miroirs dans la chambre du mort, de peur de l'y voir, ou qu'il ne s'y voit... Joli texte en tout cas !
Par monochrome.dream le Mercredi 12 décembre 2012 à 17:53
Que c'est beau... Je n'ai jamais lu Ahmadou Kourouma et cet extrait résonne en moi comme une invitation.
Par Khâroline le Vendredi 14 décembre 2012 à 17:28
Je suis fan de Kourouma <3
J'en parle régulièrement sur mon bolog ^^
Merci de m'avoir replongée dedans...
A bientôt !
 

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