J’aurais des idées noires si j’étais presque réveillée, et que le sommeil lourd de ma propre absence s’en allait un temps. Au loin des mots, au loin de moi, des allées et venues troubles de mon être, qui oscille à nouveau, et trace des cercles gris, en demandant pourquoi. Aux tempes de mes souvenirs, le vide se croise et profile le long de ma peau. Ma tête gronde, et j’en souffre en demi-teinte, car les couleurs me perdent. Demi-teinte, absence, fatigue, ailleurs. Je suis ailleurs et mon corps signifierait l’abandon, si je ne me cramponnais pas à des restes de volonté. Le long des lignes, je fouille le moindre sursaut de sens, et, le moment venu, je le saisis avec envie, je le garde au fond de moi, mais il s’éteint, comme une luciole. La lumière claire de ma vie d’équilibre fou, la lumière rouge de ma vie d’amoureuse, la lumière me manque. Je sais qu’il manque quelque chose. Puis-je me soutenir moi-même ? J’ai une vie par brefs sursauts, qui court sur un horizon gris, qui semble s’essouffler. Et je le contemple, et je le regarde, et je ne sais que faire, je regarde impuissante mon propre monde me fuir, et les semences d’espoir se rétracter sur elles-mêmes. Devant le miroir, je contemple mon visage, plus mince, mes cheveux bruns profonds, doux, plus courts. Je tends à croire tout de même que rien ne fut vain, et que les évolutions profondes qui me portèrent à l’euphorie, aujourd’hui, demain, au lendemain de fête, j’apprendrai à les vivre, et à les conjuguer. Je suis la plurielle née de ses propres désirs, la croisée des chemins qui apprend à vivre. Sans le soutien structurant de l’autre, j’erre plus, mais pas nécessairement. J’aimerais savoir pourquoi je suis si fatiguée, jamais triste, mais si fatiguée.
Peut-être, c’est juste l’invitation à moi-même renouer avec l’intense. Et cesser de fuir mes propres douleurs, et l’amour.