"La poudrière de l'être intérieur ne saute pas toujours. On la croirait de sable. Puis, tout à coup ce sable est l'autre bout du monde." Henri Michaux
( à écouter surtout à partir de la deuxième minute)
Frustration. C'est le sable, l'eau qui fuit dans les infimes de la main. Le visage de l'enfant se raidit, la concentration lui pèse et les grains filent toujours. Tout s’enfuit, mais le sable ne se détruit pas, il ira s’infiltrer, il pourra se cacher, fuir à l’infini, il a existé, il ne sera perdu. Le soleil fait respirer la peau en la purifiant, le vent accompagne l’astre dans une bienveillance tendre. Nature, Maman. Il y a eu réunion. Un élan nouveau frappe l’intérieur, il est temps. Il suffit d’être prudent et d’apposer l’équilibre. La main, les doigts soupirent. Eux non plus n’embrasseront jamais le sable de la pensée. La déception fait place à la sérénité. L’existence nue est le diamant. La roche de la limite humaine la protège au fond mais ne la détruit pas. Si on accepte son caprice, elle demeure et sait se faire aimer et apprendre. C’est un premier trésor de la surprendre. Elle accompagne. Cesser une bonne fois pour toute de se prouver ses vies à travers l’autre et les éclats grossiers qu’on peut lui présenter, même sous la pression de l’habitude constance. L'image du marchand en faillite qui présente, désespéré ,son bien, s'accroche aux vêtements des passants en les suppliant d'acheter, ou de regarder son magasin. École, travail, attente. Sacrifier les stupides paillettes pour se frayer un chemin sans difficultés mais faire respirer l’or à la nécessité seule et …à l’amour. La patience, l’orgueil et l’égoïsme. Se réhabiliter soi même. Les autres n’y arriveront pas sans toi. La sérénité fragile et éphémère enveloppe dans un souffle serein. Ma douleur est là, le manque demeure encore si fort. Dans chaque coin de soi, lui, est toujours présent. Pourtant .... je l’aime mieux. Les choses se tissent de l’intérieur et prennent un aspect moins tumultueux. Je t’aime. Je t’aime. Je t’aime. Et dès que ma pensée file libre et qu’elle vient vers toi, elle me le répète. De toutes façons, cela sera toujours le cas. Je t’aimerai toujours, le tout est de le faire différemment. Je rêve d’un cœur tout simplement apaisé par ta présence et débarrassé du besoin constant de ta personne, je rêve d’un cœur heureux en sentant ta joie mais qui n'en réclame plus incessamment la preuve de ton visage ou de ton attitude, je rêve pour toi d’un bonheur « qui te montera dans l’âme » et avec toi d’une complicité libre. Je rêve d’un moi où les flux de ton inconscient, de ton être tout entier ne soient plus une drogue, juste une douceur simple et vraie. J’ai envie de t’écrire, je ne sais pourquoi. J’ai envie de te parler alors que je demeure tout à fait conscience qu’à l’heure qu’il est, je suis tout à fait incapable de savoir ce que je veux t dire. Je pense que je veux la certitude d’un lien durable. Je refuse le vide. Peut être est-ce une erreur. Les sentiments se tairont peu à peu mais la certitude d’avoir rencontré une personne exceptionnelle, que j’ai envie de connaître … je ne sais pas. Le fait de ne plus te voir me blesse à coups de poignards mais me fait revivre autrement. Il y a mutation. J’ai juste peur que cela comme les autres fois. J’ai deux mois, qui me paraissent une éternité.
Tout d’un coup, c’était le noir, le vide et tout s’est braqué. La seule porte lumineuse était définitivement hors d’atteinte et les autres étaient fermés. Et les sons frappaient sur ces murs autrefois allumés. Seule seule seule. L’était-elle vraiment ? Dans cette douleur, oui, bien sur. Tu ne peux, personne ne peut rentrer dans la vérité de quelqu’un. La poésie est sourde à l’appel. Elle parle au cœur mais n’est pas assez attentive pour panser un absolu troué. Alors, on va voir certains, avec un espoir. Pas de réponse. C’est normal, il n’y a pas de haine, peut être un peu de déception et puis l’amertume tenace de n’avoir rien compris. On ne demande pas à ses amis l’impossible. On ne demande pas à ses amis les réponses d’un paradoxe. Mais le doute brouille les pistes au point de ne plus rien voir.
L’eau continue de couler, le sable avec. Les pensées filent et fusent. Elles brillent. « Je ne suis jamais seule ». On est jamais seul. Il y a tous les gens qui ont vécu avec nous, que notre cœur conserve et fait vivre. Il y a les souvenirs qui sont là pour nous rappeler la joie, la tristesse, tout ce dont la conscience peut nous permettre de reprendre pied. Il y a les sensations qui nous font sentir vivant. Il y a la nature qui couve toujours. Il y a l’art qui répond inlassablement. Cette histoire ne cesse de me faire voir en face ce que j’avais besoin de voir, dont les réflexes m'étaient de plus en plus flou, que le cheminement et l'avancée de la conscience des choses pouvaient me faire perdre. On se retient jamais l’innocence. Par contre, je pense, qu’au même titre que nos peurs infantiles peuvent, si on les laisse nous envahir, nous bouffer jusqu’à la dernière ride, nos joies, nos certitudes et notre sagesse de ce temps où, au fond, par instinct, nos avions compris beaucoup plus de chose sur la vie demeurent. Ils faut les ré apprivoiser. Elles se sont tapis derrières nos certitudes illusoires, nos certitudes transitions, derrière une date d’histoire et une croyance viscérale, croyant être abandonnées. Fouiller fouiller fouiller. Seule la réalité, la violence de la réalité parfois, nous permet de dégager ces certitudes, sans blesser la conscience qu’il y a derrière. Et c’est un fennec qu’il faut découvrir. Certains ne s’enfuient jamais, restent à nos côtés tout le temps. La joie immense d’en sentir un qui veille sur soi. Il s’agit pas de se bâtir de nouvelles certitudes-bouclier. Il s’agit de ré accepter la vie une nouvelle fois. A chaque fois, entrevoir une nouvelle vision de son infini. A chaque nouvelle découverte, il s’agit de relever la tête sans pour autant le faire trop et s’encombrer de sa fierté : oublier de regarder devant soi. Ne pas se perdre dans la recherche d’une perfection illusoire; d'un "toujours mieux" en attendant de vivre, mais accepter de voir ce que la vie veut nous montrer. Ce qui est en nous mais que avions oublié ou qui n’avait pas encore éclot. A chaque instant, chaque joie, chaque difficulté, sa ou ses fleurs. Goûter le bonheur de l’instant et la beauté de cette nouvelle arme pacifique, ancrée dans la réalité. VIVRE. VIVRE. VIVRE. VIVRE. VIVRE. VIVRE. Aimer.
Il m’a fait oser devenir arbre.
Contre la solitude et la fragilité de la fleur nue.
Contre la hauteur et le renferment de la pierre rare.
Contre la facilité et le refus du gravillon.
Cet absent-si-présent en toi, auquel s'adresse le début de cet article, est bien puissant... trop sans doute.