Paris 1960s Photo: Johan van der Keuken
Dans la force d'une émotion, quelque chose d'un trop, comme la tentation d'un abîme, qui se cacherait à chaque coin de soi.
D'un coup, nous sommes ramenés à nous, à travers la reviviscence brutale et intense d'une émotion passée. Le sentiment y est entier, placé dans l'étui pourtant lointain de la personne que nous étions alors. Puis, vivace, émerge la douleur d'un arrachement puisque le bonheur y est tout de suite à nouveau lointain et immédiatement terni par les souvenirs que la marée amène avec lui. Demeure pourtant la certitude d'avoir été heureuse. Je sens mon cœur qui se contracte, pendant que la voix dans mes oreilles murmure au revoir, inlassablement. Demeure l'émotion intacte de l'excitation puissante et sans peur d'il y a des années, pourtant contenue dans ce chant qui ne fait que répéter "sayonara". Comme si, au commencement même de ce bonheur là, était caché le chant nostalgique de sa fin, où je me trouve maintenant. Je sens cette partie de moi soudain réveillée s'éloigner à nouveau. Je n'ai pas envie de la retenir. Le bruit du métro reprend ses droits. Et je m'arrête lentement pour laisser défiler les lignes de voitures noires. La bruine, la nuit, ce quartier de Paris où habite mon amour. Tout cela renaît à moi sous une nouvelle couleur et la musique passe, changée elle aussi.
Paris devient une fresque inachevée où viennent se peindre mes émotions à même la pierre, à même le ciel, à même les rues, où la vie s'y déroule en surprises. J'habite désormais Paris, c'est-à-dire que la ville abrite désormais, en silence, des espaces de moi. Je suis dispersée dans Paris, comme autant de recueils d'enthousiasme, de désespoir et de nostalgie parsemés. Je me rencontre parfois, au détour d'un faux-hasard. Un ancien visage, une émotion enfouie, ou bien est ce la sensation diffuse qu'apporte un endroit connu. "On oublie jamais les gens que l'on a rencontré, on a parfois du mal à s'en souvenir".
Paris devient cet album éparpillé, si immense et diffus, où je vois parfois éclore des instants de ce que je fus, perdus en moi.
D'un coup, nous sommes ramenés à nous, à travers la reviviscence brutale et intense d'une émotion passée. Le sentiment y est entier, placé dans l'étui pourtant lointain de la personne que nous étions alors. Puis, vivace, émerge la douleur d'un arrachement puisque le bonheur y est tout de suite à nouveau lointain et immédiatement terni par les souvenirs que la marée amène avec lui. Demeure pourtant la certitude d'avoir été heureuse. Je sens mon cœur qui se contracte, pendant que la voix dans mes oreilles murmure au revoir, inlassablement. Demeure l'émotion intacte de l'excitation puissante et sans peur d'il y a des années, pourtant contenue dans ce chant qui ne fait que répéter "sayonara". Comme si, au commencement même de ce bonheur là, était caché le chant nostalgique de sa fin, où je me trouve maintenant. Je sens cette partie de moi soudain réveillée s'éloigner à nouveau. Je n'ai pas envie de la retenir. Le bruit du métro reprend ses droits. Et je m'arrête lentement pour laisser défiler les lignes de voitures noires. La bruine, la nuit, ce quartier de Paris où habite mon amour. Tout cela renaît à moi sous une nouvelle couleur et la musique passe, changée elle aussi.
Paris devient une fresque inachevée où viennent se peindre mes émotions à même la pierre, à même le ciel, à même les rues, où la vie s'y déroule en surprises. J'habite désormais Paris, c'est-à-dire que la ville abrite désormais, en silence, des espaces de moi. Je suis dispersée dans Paris, comme autant de recueils d'enthousiasme, de désespoir et de nostalgie parsemés. Je me rencontre parfois, au détour d'un faux-hasard. Un ancien visage, une émotion enfouie, ou bien est ce la sensation diffuse qu'apporte un endroit connu. "On oublie jamais les gens que l'on a rencontré, on a parfois du mal à s'en souvenir".
Paris devient cet album éparpillé, si immense et diffus, où je vois parfois éclore des instants de ce que je fus, perdus en moi.
-abîme est un nom masculin.
-sans peur d'y il (?)
Les deux derniers paragraphes sont, pour moi, l'aboutissement clair stylistiquement du premier. C'est donc une réussite.
Le premier est un funambule qui tient son cap, en maladresse légère qu'on aimerait blâmer, alors qu'elle est sensible, belle et donc maîtrisé.
Bien joué :D
<3