Lundi 11 mai 2009 à 23:35

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La pluie tambourine contre la vitre, à côté de moi. Bientôt, les premières gouttes laissent place à des trombes rugissantes. La pièce est plongée dans l'ombre. Les fins rayons du soleil traversent les nuages et se faufilent avec peine. Je m'assoie. Respiration. Je suis tout à fait seule dans cette maison. Seule seule seule. Le tabouret racle le carrelage blanc. Je lève les yeux. Tête à tête. Je pose un pied sur la pédale dorée, à droite. Et je joue. Non, je ne sais pas jouer, j'improvise. Tout s'accélère, mon coeur se met à battre. Tellement sensible. Je sens, ressens, comprends. Il y a quelque chose qui se réveille. C'est un déclic, un instant magique qui se produit. Il y a réconciliation. Mes mains, mes doigts et ce piano. Tout est si simple. Je me sens portée par quelque chose. Ma tête invente des mélodies et ces doigts tellement durs devant la partition, deviennent légers, libres et heureux. Mes mélodies sont tristes. C'est comme l'écriture, pour le début, c'est plus facile. Je ne pense même pas à me juger. Je suis portée par quelque chose. Je ne peux pas m'arrêter. Je fais des millions d'intro à des morceaux inachevés. Et tout s'envole. Tout tout tout. Je plane. C'est étrange. Il y a la pluie, ce nouveau moyen d'expression. Cette sensation. Mes doigts reliés à mon intérieur. Je m'impressionne. Mes improvisations sont stéréotypés, pas toujours très esthétiques, mais elles sont et j'ai la si agréable surprise de voir que je peuxtfaire quelque chose avec un piano. J'ai envie de plus. Continuer. Je bouillone, rayonne, je ne sais. Je me surprends à chanter. Comme je le fais si souvent, juste laisser les mots sortir. Et si ce sont des onomatopées, elles prennent tout de même un sens. La voix suit le piano et le piano suit la voix. La tête, les envies, les impulsions orchestent cet hasard magique. La mémoire tente d'imprimer des sons. Mais elle comprend que ce ne sont pas des histoires de son, même si j'aurais aimé me souvenir de quelques mélodies qui sonnaient bien. C'est plus fort. C'est plus moi. J'ai cette impression de nouveauté. Avoir ouvert une brèche dans quelque chose condamné depuis des années. Je sens le travail, le découragement et l'impuissance, tapient dans les ombres de cette grotte mais par dessus tout je ressens la sérénité, la délivrance. Fermer les paupières. Bordel estasique. Des cris, des chants, des accords saccadés, des liaisons douces. Je me retrouve, un peu,dans ces moments où je me perds. Les notions se mélangent, tout est remis en cause. Je bois trop. J'ai trop honte. Je me juge trop. Et j'ai ces élans de dégouts. Et j'ai ces élans de sublime. Drame romantique ? (Blague de littéraire ah-ah) Seule une véritable constante se dessine : le paradoxe du caractère humain. J'avance tellement, j'évolue tellement. Alors que, à la vue de certains ressentis, de certaines pensées, j'ai cette impression tenace de regresser. L'un n'exclue pas l'autre. Les contraires ne s'excluent pas. Nous sommes hommes, je suis homme. Alors, j'accepte les paradoxes de mon être. C'est ce qui fait que je tiens mais c'est aussi ce qui fait que j'ai du mal à m'exprimer,  que j'ai tellement cette sensation d'inachevé de grossiétreté dès que j'essaye de créer quelque chose. Je ne maitrise pas assez bien l'écriture, la parole ou que sais-je pour rendre cette atmosphère, cette sensation, cette chose pourtant universelle. C'est une des choses que je recherche à travers cette page web, je peine énormément. Dès que j'écris quelque chose, poste un article, il est presque inéluctable que la seconde d'après en relisant, tout cela me semble faux car trop dans l'optique des oppositions simples qui s'excluent. Et c'est pour cela que j'aime mieux mes textes lorsqu'ils ne parlent pas de moi, du moins pas directement, qu'ils n'ont pas cette prétention d'être un miroir direct, j'ai moins li'mpression de trahir. De toutes manières; jje continue à écrire. Pour m'introspecter, pour progresser, pour me trouver, trouver et peut être un jour,atteindre cette objectif de l'expression. Que cela soit par l'écriture ou par autre chose.



Ce que l'on écoute en cours ...
Par Satine le Mardi 12 mai 2009 à 9:23
c'est tellement agréable, la pluie qui tambourine la fenêtre. surtout sur les vélux! non seulement c'est plutôt mélodieux, mais en plus ça donne une sensation de confort, de douillet tout à fait délectable =)
Par LambeauxDeVie le Mardi 12 mai 2009 à 13:41
Le bruit de la pluie, sur les fenêtres. Je crois que je suis comme amoureuse de ce bruit. Il m'apaise.
Et le piano, le mien, j'ai du l'abandonner de force depuis que je suis à Nancy. Il me manque tellement.
Par monochrome.dream le Mercredi 13 mai 2009 à 23:21
Vers le début du texte, tu écris cette phrase : "je plane". Et moi, fatiguée, j'avais lu "je piano"...
Par Impasse le Samedi 16 mai 2009 à 21:48
Ton texte est tellement... Et c'est si agréable de constater que je ne suis pas la seule possédée par les sons et tout ce qui nous entoure ^^

"Tellement sensible. Je sens, ressens, comprends. Il y a quelque chose qui se réveille. C'est un déclic, un instant magique qui se produit. Il y a réconciliation."

C'est exactement ça...
Par maud96 le Dimanche 24 mai 2009 à 12:45
Je crois que moi, devant un piano, les chats se sauveraient !
Je suppose qu'on ne peut qu'être maladroit, quand on veut parler de soi-même : les mots "formalisent" trop le réel, et le rendent infidèles au ressenti authentique... Nous sommes pour nous-même trop complexes... ou trop inconsistants, comme la météo quoi !
 

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