Vendredi 2 septembre 2011 à 21:33

http://imparfaiite.cowblog.fr/images/Nouveau/Capturedecran20110902a002044.pngA l'aube d'un nouveau jour, je. J'ai, quand j'écris un rythme. Je ne sais si c'est la petite musique dont parle Proust, ou l'habitude de mon anarchie de virgule. Quand j'écris j'ai un rythme. J'aime commencer par une phrase nominale, foutre des virgules partout, jouer les répétitions. Un peu vulgaire pas trop. Et les phrases trop courtes. Et l'adverbe qui se racole, toujours. Je n'écris plus et je le sens. Cet été, plus tôt dans l'été, je tremblais avec un crayon et un carnet. Les évènements passés, trop de choses à ne pas vouloir remuer. Trop de livres aussi. Il y a deux types d'étudiants en lettres, si je caricature. Ceux qui écrivent toujours plus, persuadés de leur génie (pas forcément les plus doués) et ceux que lire font taire (pas forcément les plus intelligents). Il y a un intermédiaire ou la lecture abreuve l'écriture. Mais trop de Proust, Genette, et tutti quanti, cela ne m'a pas aidé. Trop de beauté d'un coup, d'analyses et de commentaires, cela donne envie de se taire. Surtout quand ce que l'on écrit n'a jamais été de l'écriture, un "gribouillage", selon mon expression consacrée (que j'ai abandonnée, un peu trop private-joke à soi-même, un peu con). Bref, Mais tout de même. Raconter ma vie, aussi, a commencé à me paraître absolument vide. Et quand j'écris cela je me rends compte que cela me met encore mal à l'aise. Cela est l'une des raisons (et non pas la seule bien sûr) mais qui m'a encouragé à pousser l'écriture, à travailler là-dessus, comme pour trouver une légitimité. Enfin, plus véritablement, c'est le fait d'éprouver des sensations inconnues et démesurées qui m'ont poussées fondamentalement à chercher des mots plus vrais, et donc de me tourner vers la poésie. La quête de l’indicible. Capturer l'émotion, l'instant, l'amour, la haine, le désespoir. Il n'a pas s'agit d'un courageuse entreprise littéraire mais d'un besoin pressent. Mais l'écriture s'entretient. Le bonheur d'abord, la prépa puis une sorte de désillusion générale (état plus ou moins avancé du désespoir, à définir) font que je n'ai plus écrit. Le temps et l'envie manquent. Et ensuite vient le temps ou les choses ne viennent plus. Même dans les émotions les plus fortes. Je perds. Comme celui qui ne dessine plus. Bien sûr, rien n'est perdu et il est évident qu'il n'y avait de toute manière pas grand chose à perdre, mais ce peu, plus j'avance dans cet article, plus je sens que je ne veux pas le perdre. J'y pense depuis un bout de temps. Mais je n'ai plus le même aliment à moudre, celui qui m'a toujours fait écrire. L'émotion (je ne suis plus amoureuse, pas franchement désespérée, pas fondamentalement en colère, ni absolument heureuse). Peut être que plus encore, l'introspection commence à m'exaspérer au plus haut point. Je suis dans un moment de ma vie où les questions qui se posent ne peuvent obtenir dans l'immédiat ou peut être même jamais des réponses. Depuis un an, le fait de réfléchir sur moi-même m'ennuie. J'ai pas mal bossé sur moi même, pour comprendre relativement instantanément sans avoir besoin et envie d'utiliser le papier. Ce que je supporterais serait une sorte d'impressionnisme tactile. Facile à dire/écrire.
J'ai pris confiance en moi sur plein de choses, j'ai perdu de la confiance en écriture. Le petit peu qui fait sauter le pas de la page blanche. Celui de la vraie page blanche, la page à défi, où l'écriture en elle-même est problème. Ce bloc qui s'allonge est cependant un début.

J'ai toujours aimé écrire. Pour pleins de bonnes et de mauvaises raisons. Par besoin, originellement et fondamentalement, par "philosophie" (dans le sens d'une expérience intellectuelle (j'aurais envie de dire ontologique mais on va dire que je jargonne)), pour ma confiance (histoire de me dire que je pourrais éventuellement être un petit bonne dans autre chose que les cours). Après, il y a tout le côté humain que cela m'a apporté, par le blog et d'autres expériences mais cela fut plus d'heureuses surprises de parcours.

Si je voulais continuer à me poser des questions, je me demanderais pourquoi je choisis toujours ce support du blog.
Et si 1)quelques personnes lisent encore ici 2) et sont arrivées à ce point de l'article 3)et  ont également un blog, j'aimerais bien avoir leur avis en tout franchise.
Comme pour la plupart des personnes qui tienne une "page internet" (autre, auto jargon à bannir, mais pour ma défense le mot blog est peu classe et peut renvoyer à des réalités qui me rebutent), j'ai un rapport étrange à cet endroit. La thématique vue et revue du vu sans être vu.
Pour moi, il y a la raison très pragmatique que je tape plus vite que j'écris, donc quand ma pensée fuse, je peu (à peu près) suivre.
Je sais que les raisons de maintenant, ne sont plus celles d'hier. Aujourd'hui, il y a le côté continuité. Je tiens ce blog depuis longtemps, et cette dimension de temporalité suivie me plait. Il y a également la possibilité esthétique que cela apporte, le fait de pouvoir ajouter photos, musiques ...
Oui, il y a le côté Duras, "écrire, c'est hurler en silence". Le blog c'est le paroxysme.
Le côté "être lu", a perdu en importance d'années en années. Très présent au début, il est désormais facultatif, je pense. Le fait de "pouvoir être lu", me suffit. La réalisation effective de la chose peut me réjouir dans la mesure où cela a pu me permettre d'avancer, de rencontrer des gens très chouettes, de confronter les points de vue. Mais cela n'est pas essentiel.

en résumé, il faut que je recommence à écrire, ilfaut, il faut. Par ce que cela me manque, et que plus j'attends plus cela est difficile.
 
Par Madness.of.Love le Vendredi 2 septembre 2011 à 22:00
C'est effrayant de te lire, pour ce que ça renvoie à ma propre personne. Parce qu'à moi aussi, ces deux années de prépa' ont émoussé mes envies d'écrire, et le temps. J'ai appris, plus rapidement qu'ailleurs, à vivre et ressentir, et j'ai perdu (un instant) le besoin d'écrire (dommage). J'ai tenté d'attraper tout ce que je pouvais vivre, de ne pas perdre mes envies profondes, mais c'est difficile. J'ai du mal à me dire que ces deux années, LÀ-BAS, m'ont en partie détruite (parce que c'est le cas, je m'en rends compte maintenant que je n'y suis plus et que je n'y retournerai plus). Et (pour continuer dans le racontage de vie, encore et toujours), je suis un peu maso' car cela va me manquer. Je sais que le lycée va me manquer, atrocement, que j'y ai vécu de très belles choses comme d'horribles. Et aucun mot n'a jamais pu le retranscrire parce que je n'ai jamais eu la force (jusqu'à présent, du moins) d'écrire cette expérience magique qu'ont été ces deux années. Peut-être quand je serais plus âgée et que je me souviendrais avec nostalgie de ces murs, des amours esquissées que j'y ai vécues, des peines carabinées aussi, des pleurs et des rires. Et du guitariste, par-dessus tout, je crois.

Et tout ce que tu écris (ou presque, je ne suis pas étudiante en lettres) me renvoie à moi. À la personne que j'étais encore il y a quelques mois. (C'est très égoïste, en effet.)

J'ai pris mes vacances, et j'ai retrouvé ce goût de l'écriture. Cette envie de poser par des mois, pour moi et pour les autres.
Le support de la page Internet ? La simplicité, forcément, la rapidité, et le plaisir d'être lue. Je sais que je le suis, ne serait-ce que par une ou deux personnes, peu importe, réellement. J'aime mon espace Internet, je n'y renoncerai pas. C'est l'endroit où je peux dessiner un peu ce qui se passe dans ma tête et le livrer aux autres, brut comme il est (et j'ai relu mes derniers articles, ils sont tout de même très, très personnels). C'est une manière pour moi de m'assumer, aussi, de faire face à chacun de mes actes et de mes sentiments sans pouvoir les nier, justement parce que je les ai rendus publics.
Internet, c'est une seconde maison pour moi (mais j'ai choisi les pièces où j'évolue), et j'en suis bien heureuse.

De la même manière que toi, être lue m'importe beaucoup moins que pouvoir être lue.

Ton article est merveilleux. ♥

Et je t'embrasse fort.
Par Madness.of.Love le Vendredi 2 septembre 2011 à 22:30
(Je ne crois pas qu'il ait été très intéressant, je crois que j'ai surtout raconté ma propre vie haha.)

Je vais à Hélène Boucher, c'est dans le 20ème. Je pense me sentir un peu plus à l'aise là-bas, ce ne sera pas trop trop difficile :).
Pas trop d'appréhension ? ♥
Par Madness.of.Love le Vendredi 2 septembre 2011 à 22:38
J'ai eu la chance d'avoir l'internat (encore, oui !) donc ça m'a beaucoup simplifié les recherches ! :D

Tu restes dans ton foyer ? ;)
Par Adelsmera le Vendredi 2 septembre 2011 à 23:01
Je me retrouve beaucoup dans ce que tu dis. Sur pas mal de choses, tu mets des mots très justes sur des intuitions que j'avais.
"L'introspection commence à m'exaspérer au plus haut point. Je suis dans un moment de ma vie où les questions qui se posent ne peuvent obtenir dans l'immédiat ou peut être même jamais des réponses. Depuis un an, le fait de réfléchir sur moi-même m'ennuie. " Pour tout te dire, cette phrase m'a fait lacher un "Mais c'est trop ça" tout haut alors que je ne suis pas seule dans la pièce et que je n'ai pas la moindre envie d'expliquer ça aux personnes présentes.

Ensuite, je me retrouve aussi dans ce que tu dis à propos de ton blog. J'avoue souvent me demander à quoi ça rime. Ma réponse ressemble globalement à la tienne. C'est surtout la continuité (j'aime me relire, alors je me dis que si dans quelque mois j'ai rien à relire je serai frustrée.).

Merci pour ces mots si justes.
Par maud96 le Samedi 3 septembre 2011 à 14:02
Bel article,en tout cas, introspectif sur l'acte d'écriture. D'accord avec toi (et Madness.of.Love) pour dire combien les études "déssèchent" l'inspiration d'écriture, et mènent à douter de soi. Une sorte de "castration littéraire" qui joue à tous niveaux, l'inspiration (donc l'élan intérieur pour écrire) et le style (le "formatage" prépas ou "grandes écoles" y est pour beaucoup !)
Le blog, qui permet presque tout, qui est "libre" autant dans son temps que dans son mode d'expression,devrait être une soupape libératrice pour cette "furieuse envie d'écrire".... Mais c'est là, au moment d'écrire, que l'on découvre, les études et aussi l'érosion de "l'adultification" aidant, qu'on a l'impression d'avoir tant perdu.
On perd souvent, entre 18 et 20 ans, une fraîcheur de ton, des émois (tendresses ou déceptions), des élans naïfs d'indignation,... on a appris à se "contrôler". L'autocontrôle, l'autocensure briment l'élan littéraire, je crois. Il faut conquérir à nouveau, par le travail littéraire, ce qui était foisonnement brut.
Tu as cette très belle phrase : "Le blog, c'est le paroxysme". Mais le paroxysme est le "pic" de la courbe de Gauss d'une maladie ou d'un sentiment. Il est donc l'acmé, mais aussi le début d'une "redescente". Heureusement ! il est "invivable", pour soi et les autres, car exacerbé. Je suppose que le "calme plat" de l'inspiration littéraire, le sentiment de "vide", font partie de la discipline d'écriture.
Ce qui justifie, et j'en suis bien d'accord avec toi, qu'il faut savoir accepter l'aspect longitudinal d'un blog, ses hauts-et-bas dans le temps, et donc la continuité. Je suis toujours triste quand certains, croyant "se renouveler", renient en quelque sorte leur ancien blog... mais sans les critiquer vraiment : car il est vrai qu'on peut aussi "s'enferrer" dans un mode blogal que l'on regrette ensuite, car il ne nous correspond plus. Les grands peintres, entre autres, ont tous eu leurs "périodes" !
 

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