Dimanche 13 janvier 2013 à 9:41

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Se mêler à l’indicible par un rythme, et une lente appréhension du vide, choisir dans le cours du son l’envolée de la lyre et laisser le battement de son propre corps jouer et courir. Dans l’obscurité, la musique est présence. Au cœur des imprécations vécues et chantées, il y a mon être qui tremble. Il y a mon être qui crie.
Je suis la jeunesse sauvage.
Je suis l’intense éprouvé, dans sa chair même.
Et j’ai peur. Infiniment.
La peur me mord la peau avec une intensité telle que je tendrai à l’oublier. La douleur est diffuse, mais l’abîme au sein de ma chair est immense, me traverse, diffuse son absence.
J’en appelle à l’horreur, à l’amour, ou à toute autre forme degrés. Je prierai presque pour recouvrir le sacré et chasser la peur et la fuite de l’absolu. J’invoque de manière solennellement les racines de ma joie et ma force pour combattre. Et j’irai au cœur des flammes pour jaillir à nouveau et comprendre. Pour voir
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La main dans le cœur, il s’agissait d’en sonder la profondeur et la régularité afin de comprendre pourquoi les douleurs y étaient si aigues. Et les courbes rongées de sang portaient l’organe dans une drôle de posture, comme s’il était en suspension dans le corps, au milieu des lignes d’une partition infinie, mêlée de gouttes de peur. Le feu y était faible mais on pouvait toujours en distinguer la flamme : « est-il en fin de vie ? » demanda l’infirmière au regard doux. L’homme resta sans rien dire, sans cœur pour répondre. Il palpait les sons de la grosse boule de chair entre ses mains et l’inspectait avec une précaution savante, le portait à son oreille, puis au creux de son bras, puis juste devant ses yeux, tout prêt, si près que ses yeux devinrent rouges. « Il est faible, mais chante encore, ce sera long mais ça ira » répondit le médecin. L’homme demanda : « je peux donc le garder ? » Le médecin acquiesça avec un sourire et vint reprendre le cœur. Il le déposa sur une table blanche avant de se laver les mains. Un grand silence envahie la salle : l’infirmière avait éteint le son pour permettre au médecin de mieux inspecter le cœur, qui luisait faiblement. L’homme, pourtant surpris, ne réagit pas. Il caressait la cavité vide de son propre corps et se regardait vomir avec curiosité. Il glissait le doigt le long de l’abyme formé par l’absence du petit cœur luisant et avec le sang sur ses doigts, formait des petits dessins, comme des dessins d’enfants. Il entreprit de dessiner la mer, mais comme il n’y entendait rien, ce n’était pas facile. L’infirmière ralluma, s’approcha de lui. Elle regarda les vagues sur le sol blanc de l’hôpital, elle regarda les lignes ondulées de sang rouge glisser et venir mourir sur le carrelage étincelant. L’infirmière vit la mer et elle souriait encore. « Le cœur est sauvé. Avez-vous entendu qu’il est revenu ? ». L’homme la regarda, perplexe. Il peignait pourtant avec le sang de la cavité, il y a quelques secondes à peine ! Le médecin était devant lui et frottait ses mains, avec un petit bruit discontinu : « Eh bien, regardez ! ». Le cœur était revenu, il était plus petit, sous le coup de l’effort d’être sorti si longtemps, une inspection au-dehors est toujours une épreuve. Mais son rythme était plus rapide. Les yeux sur la mer, l’homme caressait le torse sans cicatrice ni béance, l’homme caressait son cœur boursouflé mais rageur à travers la paroi. « Il est encore faible, mais il se remettra vite. Il vous aime beaucoup ». L’homme sourit : « Moi aussi »

Setting fire to our insides for fun
collecting names of the lovers that went wrong
the lovers that went wrong.

We are the reckless,
we are the wild youth
chasing visions of our futures
one day we'll reveal the truth
that one will die before he gets there.

 

Par maud96 le Mardi 15 janvier 2013 à 19:51
Un peu "gore" cette histoire de coeur extirpé de sa cavité naturelle, mais si bien écrite ! tu es douée !
 

Chuchoter à l'oreille









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