Mardi 19 janvier 2010 à 21:56

Notre maison ancrée, vécue, toujours a été l’abri de chevaux. Jusqu’à 7, il me semble.  J'avais 3 ans quand mon père m'a acheté un poney, que j’avais balbutiée Sijolie. J'ai passé des heures avec elle, à lui raconter mes premiers malheurs, mes premiers bonheurs, complice. Gamine. J’ai l’odeur et la forme des dimanches avec mon père, en famille, à s’occuper des chevaux et à s’enfoncer dans les chemins de boue.  Et, j’ai passé mon temps à lui chanter. Sur son dos, en la brossant, en allant la voir. Les cris et les essais mélodiques, protégés. Et le temps, et le temps. Elle a été maman, grand mère, matrone de la tribu changeante.  Et puis, mon père est mort et les chevaux de la maison ont du partir.  Peu à peu. Sauf elle. Quand j'allais la voir ... Papa. C'était lui, nos dimanches matins et les sorties en campagne. C'était moi, ma première passion et mon amour au vert. C'était un nous qui subsistait. C'était un passé constructeur. La première amie. La gamine qui crie de moi. Gardienne, aussi, des poussières qui n’en sont pas.
Je suis arrivée ce soir. Dans la voiture, Marc m'a dit que depuis 16h, elle était allongée, incapable de se relever complètement. Le vétérinaire ne pourrait arriver avant 18h30. Je suis allée vers elle. Elle a remuée et j'ai commencé à murmurer. J'avais honte. Cela faisait longtemps que je n'étais pas venue. J'avais honte. Ses poils d'hiver était frisés par l'eau et la boue. Elle ne se relevait pas. Je me suis approchée. Cri étouffé, je pleure. Les instant frissonant, ses yeux se fermaient, elle s'abandonnait. Mais la douleur reprenait sa jambe, qui tremblait qui tremblait. Je suis restée. Mes doigts en glace, son intérieur de feu.

Elle était couchée.
Les arbres dessinés dans le tombant du noir.
J'ai chanté de ma voix la plus douce.
Ca a parlé de la nuit.
Et la nuit est venue.

Merde.
Les souvenirs craquèlent les parois du sang.
Je me précipite dans l'amoureux d'amer.
Caressant la pluie gelée du bord de ses joues,
Le museau souffle sur la poussière des photos.

J'ai l'impression d'avoir perdu mon père une autre fois, d'avoir vu mourir une partie de moi. Une vieille amie, grande. http://imparfaiite.cowblog.fr/images/IMG6205.jpg

Un article larmoyant. Certes. Pure épanchement de ma part. C'est un moment important de ma vie. Cela est certain. Je corrigerai, surement. Mes mots ne me suffisent pas.
Par Got-a-secret le Jeudi 21 janvier 2010 à 15:52
Touchant effectivement.. Je savais pas qu'elle avait des problèmes, j'espère vraiment qu'elle va mieux ..
Et puis c'est normal, c'est aussi un des plus grands souvenirs que tu as avec lui.

Courage ♥♥
Par SweetLove le Dimanche 24 janvier 2010 à 17:53
C'est extrèmement poignant. Je t'ai vu quelques instants dans me tete avec elle, reflet de ton père. Je suis vraiment désolée, j'espère que ça ira, que ça t'aura quelque peu liberée de l'écrire.
Par Got-a-secret le Dimanche 24 janvier 2010 à 18:33
Oh non... Je suis désolé :/
Par citr0nelle le Dimanche 24 janvier 2010 à 22:00
Quand je lis tes lignes, je me revois il y a bientot quatre ans, couchée sur le corps inanimé et froid de ma ponette, pleurant toutes les larmes que j'avais. Sous sa couverture, sa peau était déjà froide. Je suis restée près d'elle jusqu'à se qu'on vienne la chercher, là je n'ai pas pu resté, j'ai décroché son licol, enlevé sa couverture qu'elle ne pouvait pas garder, l'ai embrassée une dernière fois et je suis partie je ne pouvais pas voir cette grue la soulever et l'emmener. Je n'ai jamais eu le courage de laver ses affaires, elles sont toujours soigneusement emballées. Après quatre ans, le vide ne s ecomble pas, malgré les autres, son hénissement dans l'écurie manquera toujours. Courage!
Par bleuframboisse le Lundi 25 janvier 2010 à 22:31
Tes mots ont suffi à mettre des larmes dans mes yeux.
j'espère que tu vas bien.
Par monochrome.dream le Mardi 26 janvier 2010 à 19:23
Double deuil... qu'il faudra surmonter. Te dire qu'elle a été heureuse, l'Amie tant aimée, avec toi. Ce qu'elle t'a donné ne mourra pas, tu sais ?, tu l'as ancré en toi. Et la mémoire qu'on en garde fait vivre nos "en-allés" bien au-delà du seuil de leur mort.
Courage courage courage courage courage courage (k)
Par Fait-dHivers le Jeudi 28 janvier 2010 à 21:29
Je reviendrai lire, c'est promis.
Par Princess-Maorie le Lundi 1er février 2010 à 20:48
La vie nous prend tout ce qu'elle nous donne, doucement, les uns après les autres, ils s'en vont, comme ça, sans prévenir, sans dire au revoir, bien trop tôt. Et c'est toujours plus dur. A chaque fois. Recommencer. Recommencer. Et c'est toujours un plus dur.
Par LambeauxDeVie le Samedi 6 février 2010 à 12:51
Des larmes aux yeux. Après ces quelques mots.
Je pense à toi. Fort. Fort. Même si c'est un peu tard.
Par Elora le Mardi 9 février 2010 à 21:55
Ces mots ne te satisfont pas, certes. Mais, ceux que tu as posés là ont suffit à me toucher, pour cette ponette qui a été la tienne. Pour la simple et bonne raison, que je connais également un fort attachement à un équidé.

Et, au fond, c'était le plus beau cadeau que ton père t'avait fait et peut-être cette chose qui vous lier encore, depuis son décès.

Je reprendrais également le commentaire de Princess-Maorie parce que je suis intimement persuadée qu'elle n'a que trop raison.
Par Satine le Samedi 27 février 2010 à 10:30
oh mon dieu. je ne sais même pas quoi dire tellement cet article me touche en plein coeur.
 

Chuchoter à l'oreille









Commentaire :








Votre adresse IP sera enregistrée pour des raisons de sécurité.
 

La discussion continue ailleurs...

Pour faire un rétrolien sur cet article :
http://imparfaiite.cowblog.fr/trackback/2956449

 

<< Présent | 1 | 2 | 3 | 4 | 5 | Passé >>

Créer un podcast