- Tu sais, moi … je ne peux pas parler. Non, arrête, ne souris pas, tu deviens illisible en plus. En fait, cela me fait peur. J’ai peur. Je suis terrifiée à l’idée de rester muette toute ma vie. Maintenant, ici, là, depuis longtemps, peut être même depuis le début, je n’arrive pas à parler. Explique moi, toi, s’il te plait. Comment on fait ? Je voudrais savoir.
- Je ne sais. Je recherche ma voix.
- Pourtant tu parles, tu me parles.
- Tu m’entends ?
- Je ne sais pas vraiment. Je pense. Pas tout, bien sûr. Ce sont des murmures dans mon infini, mais je les adore tes murmures tu sais. Et je les entend comme jamais. Des fois, j’ai même l’impression que j’en ai besoin. C’est pour cela, j’aimerais bien que tu m’apprennes.
- C’est vrai que, il peut m’arriver d’entrevoir l’un de mes échos, indistinctement. Ils sont cependant trop fragiles pour que je te les confie, trop rares, bien trop rares aussi. Enfin … Je m’entend à peine et tu voudrais que je t’aide ?
- Oui. S’il te plait. Apprend moi.
- Mais… Pourquoi ? Pourquoi veux-tu parler ?
- C’est le silence, la confusion, la prison, la solitude et l’absence.
- Ce n’est pas plutôt par ce que tu veux que l’on t’entende ?
- Si, un peu. Exister. Mais … ce n’est pas forcément comme tu le penses. Je veux aussi pouvoir répondre.
- Et appeler ?
- Oui.
- Et déclamer ?
- Non. Pas déclamer, danser. Je veux la proximité, la légèreté et le sérénité. Voler.
- C’est une utopie.
- Je sais. C’est pour cela que je me contenterai des murmures. S’il te plait, apprend moi.
- Mais comment ?
- Je ne sais pas. Commence par te dire, .
- Me chuchoter , moi ?
- Oui, le plus fort, le plus longtemps et le plus profondément possible.
- Qui sont ces gens ?
- Je ne sais pas.
- Que peux-tu me dire sur eux ? Comment tu les vois ?
- Je ne sais pas, j'ai écris beaucoup de choses automatiquement et j'ai été amené à les rencontrer. Après, ils m'ont parlé.
- Et ils t'ont dit quoi ?
- Qu'on ne savait pas parler et qu'on ne savait pas entendre.
Ce n'est qu'après coup que j'ai compris, un peu.
(Dis, il vient d'où ?)