A l'aube d'un nouveau jour, je. J'ai, quand j'écris un rythme. Je ne sais si c'est la petite musique dont parle Proust, ou l'habitude de mon anarchie de virgule. Quand j'écris j'ai un rythme. J'aime commencer par une phrase nominale, foutre des virgules partout, jouer les répétitions. Un peu vulgaire pas trop. Et les phrases trop courtes. Et l'adverbe qui se racole, toujours. Je n'écris plus et je le sens. Cet été, plus tôt dans l'été, je tremblais avec un crayon et un carnet. Les évènements passés, trop de choses à ne pas vouloir remuer. Trop de livres aussi. Il y a deux types d'étudiants en lettres, si je caricature. Ceux qui écrivent toujours plus, persuadés de leur génie (pas forcément les plus doués) et ceux que lire font taire (pas forcément les plus intelligents). Il y a un intermédiaire ou la lecture abreuve l'écriture. Mais trop de Proust, Genette, et tutti quanti, cela ne m'a pas aidé. Trop de beauté d'un coup, d'analyses et de commentaires, cela donne envie de se taire. Surtout quand ce que l'on écrit n'a jamais été de l'écriture, un "gribouillage", selon mon expression consacrée (que j'ai abandonnée, un peu trop private-joke à soi-même, un peu con). Bref, Mais tout de même. Raconter ma vie, aussi, a commencé à me paraître absolument vide. Et quand j'écris cela je me rends compte que cela me met encore mal à l'aise. Cela est l'une des raisons (et non pas la seule bien sûr) mais qui m'a encouragé à pousser l'écriture, à travailler là-dessus, comme pour trouver une légitimité. Enfin, plus véritablement, c'est le fait d'éprouver des sensations inconnues et démesurées qui m'ont poussées fondamentalement à chercher des mots plus vrais, et donc de me tourner vers la poésie. La quête de l’indicible. Capturer l'émotion, l'instant, l'amour, la haine, le désespoir. Il n'a pas s'agit d'un courageuse entreprise littéraire mais d'un besoin pressent. Mais l'écriture s'entretient. Le bonheur d'abord, la prépa puis une sorte de désillusion générale (état plus ou moins avancé du désespoir, à définir) font que je n'ai plus écrit. Le temps et l'envie manquent. Et ensuite vient le temps ou les choses ne viennent plus. Même dans les émotions les plus fortes. Je perds. Comme celui qui ne dessine plus. Bien sûr, rien n'est perdu et il est évident qu'il n'y avait de toute manière pas grand chose à perdre, mais ce peu, plus j'avance dans cet article, plus je sens que je ne veux pas le perdre. J'y pense depuis un bout de temps. Mais je n'ai plus le même aliment à moudre, celui qui m'a toujours fait écrire. L'émotion (je ne suis plus amoureuse, pas franchement désespérée, pas fondamentalement en colère, ni absolument heureuse). Peut être que plus encore, l'introspection commence à m'exaspérer au plus haut point. Je suis dans un moment de ma vie où les questions qui se posent ne peuvent obtenir dans l'immédiat ou peut être même jamais des réponses. Depuis un an, le fait de réfléchir sur moi-même m'ennuie. J'ai pas mal bossé sur moi même, pour comprendre relativement instantanément sans avoir besoin et envie d'utiliser le papier. Ce que je supporterais serait une sorte d'impressionnisme tactile. Facile à dire/écrire.
J'ai pris confiance en moi sur plein de choses, j'ai perdu de la confiance en écriture. Le petit peu qui fait sauter le pas de la page blanche. Celui de la vraie page blanche, la page à défi, où l'écriture en elle-même est problème. Ce bloc qui s'allonge est cependant un début.
J'ai toujours aimé écrire. Pour pleins de bonnes et de mauvaises raisons. Par besoin, originellement et fondamentalement, par "philosophie" (dans le sens d'une expérience intellectuelle (j'aurais envie de dire ontologique mais on va dire que je jargonne)), pour ma confiance (histoire de me dire que je pourrais éventuellement être un petit bonne dans autre chose que les cours). Après, il y a tout le côté humain que cela m'a apporté, par le blog et d'autres expériences mais cela fut plus d'heureuses surprises de parcours.
Si je voulais continuer à me poser des questions, je me demanderais pourquoi je choisis toujours ce support du blog.
Et si 1)quelques personnes lisent encore ici 2) et sont arrivées à ce point de l'article 3)et ont également un blog, j'aimerais bien avoir leur avis en tout franchise.
Comme pour la plupart des personnes qui tienne une "page internet" (autre, auto jargon à bannir, mais pour ma défense le mot blog est peu classe et peut renvoyer à des réalités qui me rebutent), j'ai un rapport étrange à cet endroit. La thématique vue et revue du vu sans être vu.
Pour moi, il y a la raison très pragmatique que je tape plus vite que j'écris, donc quand ma pensée fuse, je peu (à peu près) suivre.
Je sais que les raisons de maintenant, ne sont plus celles d'hier. Aujourd'hui, il y a le côté continuité. Je tiens ce blog depuis longtemps, et cette dimension de temporalité suivie me plait. Il y a également la possibilité esthétique que cela apporte, le fait de pouvoir ajouter photos, musiques ...
Oui, il y a le côté Duras, "écrire, c'est hurler en silence". Le blog c'est le paroxysme.
Le côté "être lu", a perdu en importance d'années en années. Très présent au début, il est désormais facultatif, je pense. Le fait de "pouvoir être lu", me suffit. La réalisation effective de la chose peut me réjouir dans la mesure où cela a pu me permettre d'avancer, de rencontrer des gens très chouettes, de confronter les points de vue. Mais cela n'est pas essentiel.
en résumé, il faut que je recommence à écrire, ilfaut, il faut. Par ce que cela me manque, et que plus j'attends plus cela est difficile.