Mercredi 19 décembre 2012 à 13:27
Lucien: Par ce que c'est écrit ?
Marthe: Par ce que c'est écrit, et pas vécu, c'est le je t'aime du théâtre, des mots, et de la littérature. Je ne t'aime pas comme cela. Si c'était "je t'aime bien", "je t'aime vraiment", "je t'aime beaucoup", "je t'aime" tout nu, mais avec un grand éclat de dire, de rire, cela irait. Là c'est le je-t-'aime-au-théâtre, ou tant de destins parlent ensemble. Je ne suis pas un destin, nous ne sommes pas un destin. Tu es mon ami.
Lucien: Et si, après mon prénom à moi, il est écrit "Je t'aime" ?
Marthe: C'est ton prénom, c'est ton problème, fais ce que tu veux.
Mercredi 12 décembre 2012 à 11:52
Je voudrais, j'aimerais, etc.
J'ai besoin de noter, de marquer, signifier. J'ai des envies subites, et j'ai peur de les oublier, comme j'aurais peur de me perdre en chemin. alors je me dis, il faudrait que je note. Mais face à la feuille, tout s'en va soudain, ou plus exactement, perd son épaisseur.
Depuis quelques mois, j'ai très souvent la peur d'avoir oublié quelque chose d'important, parfois c'est assez fort, mon coeur se met à battre, comme un début d'angoisse. De manière générale, c'est le sensation d'un arrière-soi qui perce régulièrement. Un arrière soi remuant qui se manifeste autant qu'il se dévoile. Un arrière soi bouillonnant, souvent triste, souvent irrité et crissant. J'ai l'impression d'être fondamentalement au bord de moi-même, en ce moment - avec les exceptions précieuses que provoque l'action intense, la discussion vraie, la découverte intellectuelle etc. Cet arrière moi n'a pas toujours la même couleur. Avant, c'était une douleur aigue et vrombissante (et en cela, porteuse, j'étais des fois proche de l'impression d'une folie. Folie de l'avènement. J'ai transformé cette douleur en énergie, et la perception de cette intensité en moi m'a rassurée sur ma propre cohérence, et je l'ai rapproché d'un épanouissement profond, qui prenait les habits d'une douleur, mais d'une douleur positive). Là, je dirais, une mer acide. Acidités douces, toutefois, tout se fait lentement, dans un engourdissement murmuré. Je pense en définitive qu'il s'agit d'une sorte de fatigue vitale, profonde, et l'impression, parfois, que je remets des choses pour après, après la prépa, après le concours, après. C'est "normal". Il fallait sûrement que cela arrive. J'ai toujours pensé, vécu que la prépa ne pouvait se vivre, pour moi, qu'avec la construction d'un véritable espace d'air extérieur. Finalement, je me dis que le fait d'être à l'internat cette année me fait peur quant à ce point, et par réaction, je n'ai plus envie de travailler, ou alors qu'en ayant l'impression d'un véritable travail pour le texte, pour le livre, détaché des exigences de prépa. Disons que je force le trait de mes habitudes d'avant, mais parfois cela se confine en un simple refus. Refus. Et j'aimerais écrire autre chose. Et mes envies perlent comme de nouvelles évasions, qui ne se suffisent d'être simplement notées. Ou remise à plus tard, même quand il s'agit de quelques jours.
Alors, je vais au cinéma.
Mais j'aimerais écrire, vraiment. Cesser mes bribes. J'aimerais créer, bricoler. peindre, manger des couleurs. (cf. la photo).
Je ne suis pas triste,mais lassée, je crois. Mais je me cabre régulièrement contre cet état, et je réfléchis à mon avenir, mais cela fait de nouvelles choses à noter, de nouvelles choses à penser, de nouvelles choses que je crois oublier.
Mercredi 12 décembre 2012 à 11:09
"Il y avait une semaine qu'avait fini dans la capitale Koné Ibrahima, de race malinké, ou disons-le en malinké : il n'avait pas soutenu un petit rhume...
Comme tout Malinké, quand la vie s'échappa de ses restes, son ombre se releva, graillonna, s'habilla et partit par le long chemin, pour le lointain pays malinké natal pour y faire éclater la funeste nouvelle des obsèques. Sur des pistes perdues au plein de la brousse inhabitée, deux colporteurs malinké ont rencontré l'ombre et l'ont reconnue. L'ombre marchait vite et n'a pas salué. Les colporteurs ne s'étaient pas mépris: « Ibrahima a fini », s'étaient-ils dit. Au village natal l'ombre a déplacé et arrangé ses biens. De derrière la case on a entendu les cantines du défunt claquer, ses calebasses se frotter; même ses bêtes s'agitaient et bêlaient bizarrement. Personne ne s'était mépris. « Ibrahima Koné a fini, c'est son ombre », s'était-on dit. L'ombre était retournée dans la capitale près des restes pour suivre les obsèques : aller et retour, plus de deux mille kilomètres."
Mardi 27 novembre 2012 à 18:09
couvre les plaies violentes des imprécations subies.
La peau sillonne ses propres gouffres,
Et parait comme une portée où je me perds
en mélodies, en substance, en langueur
Et tes rides m'accueillent, et je tremble.
Je voudrais les obtenir. Je voudrais les embrasser.
Je voudrais.
Pliures brisées, plis du temps.
Mon visage lisse se nourrit de la vie qui creuse et habite le tien
Mon visage désire l'expérience du vide.
Joies et peurs, abimes fous
L'infamie volontaire et le désir à mort.
Prends moi enfin, et je m'en vais.
Et tu m'appelles.
Vois-tu combien Vois-tu comment ?
Laisse moi pourquoi, laisse moi
Ou prenons-nous
Ou parlons nous entier
Entités
Attentions
Et tableaux
Comme des galeries, comme des chants
Comme des avenues, comme des rivières
Comme des traces fantastiques et fascinantes
Ta vie à même la peau
Mon esprit malmené
Et les espoirs
Jeudi 1er novembre 2012 à 18:20
Un souffle plus froid que l’absolu en grève.
Tu es encore si doux
Dimanche 28 octobre 2012 à 18:35
"Elle : Oui, ce soir je m'en souviens. Mais un jour, je ne m'en souviendrai plus. Du tout. De rien.
Elle lève la tête sur lui à ce moment là.
Elle : Demain à cette heure-ci je serai à des milliers de kilomètres de toi.
Lui : Ton mari, il sait cette histoire ?
Elle hésite.
Elle : Non.
Lui : Il n'y a que moi alors ?
Elle : Oui.
Il se lève de la table, la prend dans ses bras, la force à se lever à son tour, et l'enlace très fort, scandaleusement. Les gens regardent. Ils ne comprennent pas. Il est dans une joie violente. Il rit.
Lui : Il n'y a que moi qui sache. Moi seulement.
En même temps qu'elle ferme les yeux, elle dit.
Elle : Tais-toi.
Elle se rapproche encore plus de lui. Elle lève sa main, et, très légèrement, elle lui caresse la bouche avec sa main. Elle dit, presque dans un bonheur soudain.
Elle : Ah ! Que c'est bon d'être avec quelqu'un quelquefois.
Ils se séparent, très lentement. (...)
Lui : Parle encore.
Elle : Oui.
Elle cherche. N'y arrive pas.
Lui : Parle. (...)
Elle : Dans quelques années, quand je t'aurai oublié, et que d'autres histoires comme celle-là, par la force encore de l'habitude, arriveront encore, je me souviendrai de toi comme de l'oubli de l'amour même. Je penserai à cette histoire comme à l'horreur de l'oubli. Je le sais déjà."
M. Duras, Hiroshima mon amour
Vendredi 19 octobre 2012 à 15:26
Voici mon personnage, voici au moins son ombre, son ombre qui masque les irrégularités de l’asphalte, son ombre qui veille. Voici mon personnage, je l’invite à parler, je l’invite à se montrer. Voici mon personnage, son nom est perdu, mais voici son ombre, et par là même sa silhouette, et son corps, et sa vie. La carrure s’affile le long du trottoir, elle joue sur les inégalités du goudron, du gravier. C’est un homme d’une force incroyable, voyez-vous, et c’est pour cela qu’il se reflète sur cette rue, dans une image violacée, à la fois intense et transparente.
Lundi 15 octobre 2012 à 11:22
Alain Resnais
Maintenant que le film décante, je le perçois plus profond. Les jeu des acteurs, les textes, virtuosité de la réalisation. Mélanges théâtre, cinéma et vies.
Lundi 15 octobre 2012 à 10:54
Réchauffée, polie et à l’avenant, le souffle est si fragile en moi que j’ai besoin de le caresser beaucoup de le nourrir et parfois même de l’oublier. Il est temps, maintenant, d’être au monde et de jaillir quelque part, quelque plus. Et vous ?
Vendredi 28 septembre 2012 à 23:50
Les vagues régulières et violentes d’un désespoir à l’arrière-plan de moi-même, d’une tristesse qui vient, et se bascule, et claque sur la paroi au fond de mon être, tristesse inaccessible à l’entendement, que je soigne par une catharsis à l’aveugle, en cherchant par l’art à transcender la barrière intérieure. Les souffles de douleur caressent et frappent, mais disparaissent dès que je m’en approche trop pour en éprouver la source.
J’ai le cœur qui saigne à flot, dans une douce euphorie, les larmes intérieures se brisent avec violence mais avec échos contre les sons de la musique. J’ai le cœur qui hurle mais qui n’entend pas son cri et qui se croirait alors presque en train de chanter. Il ne reste de sa douleur que ce sentiment fort, à fleur de peau, sensible comme une plaie vive, à chaque note. L’euphorie de l’écoulement intérieure expressif dans une nouvelle dimension, jaillit, jaillit. Se mêlent la fatigue (immense), le désespoir (infini comme la mer), la joie (bonheur esthétique), provoquée au fond par une certaine confiance retrouvée, confiance dans l’art, donc dans la vie. Confiance soudaine, circonscrite, fragile devant le flot intérieur qui ne cesse de se cogner contre les parois de mon corps, que je voudrais ex-primer (d’où cette soif intense de création, d’art). Folies esthétiques : enthousiasme sensible à la musique, ravissement intellectuel (Barthes est un putain de poète.).
(AVANT)
JE VOUDRAIS CRIER
Entre les murs de cette chambre si nouvelle et déjà si mienne, chaque parcelle de mon corps tremble devant l’assaut répété. Et les mots se répètent aussi, à la manière d’une invocation. Je panse devant l’échec de la pensée, je panse en noyant dans l’émotion pure ces surplus de moi, ces pensées dont la colère me secoue. A travers elle, c’est mon équilibre personnel qui vacille. Et j’irai me projeter dans le ciel avant d’abandonner mon corps, et j’actionne désespérément mes doigts sur le clavier, avec un désespoir nouvellement heureux, porté par cette symbiose nouvelle du flux et de l’ailleurs.
« Tu disais souvent, je vais te perdre / Je te répondais tout le temps, tu dis n’importe quoi, comme toujours »
« Avant »
«Mais on refaisait l’amour, souvent …avant »
Discipline d’ailleurs qui éclate au sein du seuil, faire craquer les murs solides d’un désir.
Ma violence intérieure, mon sursaut d’envie Oui, retour profond aux fondements de sa propre puissance, et de son identité (pour moi, l’impression sensible de mon flux vital, l’envie de créer, l’envie d’aimer). Je repense à ce mot, amour. Fondement absolu, inconscient, lourd. Je repense à mes discussions avec la psy. Amour amour. Amour physique, maintenant, vécu comme l’expérience absolue (dépassement de l’altérité, sensation intense de son être au monde).
Encore, une fois, la surprise de la sensation profonde, ressentie au fond de son corps-même et dont on se rappelle par là l’existence, avec une force immense. Avec un trouble immense. L’appréhension d’une sensation intense, quand elle est voilée par l’intérieur même qui l’exprime.
Je me retrouve, même dans le désespoir gris, à nouveau dans les essences bouillonnantes qui m’ont toujours accompagnée. Au cœur de l’intense.
« Puis tu disais mon grand, mon grand, refais moi l’amour. »
« L'espoir fait vivre. L'espoir fait vivre. Vivre d'espoir, vivre d'espoir faire vivre. Vivre d’espoir fait vivre ».
Euphorie, délire total.
« J’avale le vent j’avale la vie. Mais assez parlé de moi ».
Ca y est, je suis épuisée
Les guillemets-italiques, cf. Benjamin Biolay "L'espoir fait vivre" et "Jaloux de tout"
Dimanche 23 septembre 2012 à 14:57
Craquèlent au fond de moi les effluves lointaines des restes de tendresses.
Craquèlent au fond de moi les miettes éparses de notre désir
Craquèlent au fond de moi les dernières lettres de ton nom
Craquèlent au fond de moi les signes souriants d'un au revoir
Enfin ?
Mais je refuserai l'adieu.
Mardi 18 septembre 2012 à 17:41
Quand dans le sensible ailleurs qui est porté dans mon sein s'envole comme une brume le long des fenêtres closes, je tremble que les journées tranquilles passées à vivre n'aient servies à rien, et que l'ensemble large et imposant que constitue la ville offerte à mes regards puisse un jour s'effondrer. A cet instant précis, mon horizon vacille, et le point d'ancrage qui me reste est la vision trouble de mes murs, qui se dressent. Et le son de mes pieds, sonnant sur le sol, recouvert de parquet. Le son se projette contre le mur, et j'entrevois un lien, sous forme de confrontation fantastique, tactile, entre les deux faces restantes de mon être au monde. Les couleurs glissent, et je parle. Les couleurs se sont affaiblies, et je chante. Les couleurs s'écaillent, se perdent, et je crie. S'embrassent alors le son de ma voix et le mur, et la note dure des pieds contre le sol. Je donne une troisième dimension, ma volonté vacille, et le vertige demeure.
Il faudrait que je comprenne au coeur même de la pièce-abyme à rebours, vidée par la propre vision du faillible au dehors.
Il faudrait que mon cri vienne jaillir, non pas comme un jet débile et vain, mais comme la rupture inéluctable, la voix créatrice.
Je vacillerais moins si les talons volés au regard n'étaient pas si autres.
La fenêtre craquèle alors, poussée par le dehors.
S'ouvre, vole, veille.
Et je respire.
Les gens, dehors, marchent devant, les pieds ancrées, la tête qui se bascule doucement.
Les gens dehors, je les regarde, je les aime, et je les vois.
Les gens dehors, s'éclairent à la lumière de la ville, enfin retrouvée.
Mercredi 12 septembre 2012 à 10:17
La pluie s'abat et coule d'un coup
Foulées d'eau jaillissantes aux courbes même du ciel
Flux d'ailleurs jetés face contre terre
Claques, Plaques, Ploc
Le son des gouttes filées, glisse, continu et soudain.
Et murmure régulièrement son éternelle récitation
Berçant ainsi toujours les alentours surpris.
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