Dimanche 3 août 2014 à 0:02


Le son est saturé, mes doigts se plaquent et se crispent. Envole-toi, envole-toi? Malgré la lourdeur expressive, je les sens reprendre surface et couler sur le blanc du clavier, et je les sens aller comme une rivière. Je rêve toujours que je joue les morceaux que mes oreilles écoutent, plus ou moins consciemment, plus ou moins fort. Je rêve que je joue, comme pour matérialiser l'énergie qui se glisse dans mon corps, les sons que coulent et rebondissent au fond de moi.

***

La dépression a agit sur moi comme une force annihilante, prenant possession, peu à peu de tout mon être, pour le plonger dans une léthargie profonde. Il s'agissait alors de résister aux assauts répétés de cette masse informe de tristesse. Et à chaque bataille perdue - elles l'étaient toutes, de ce que je me souviens - se voir perdre du terrain et descendre d'un étage. Il m'a fallu alors beaucoup de temps pour comprendre que je ne bataillais pas contre un simple faiblesse mais contre quelque chose qui me mangeait, quelque chose de plus gros que moi. Chasser le "c'est un peu difficile en ce moment, mais ça va, je ne me laisse pas abattre". Peu à peu, se relever devient plus dur et la rage rugit devant l'impuissance, devant tant d'efforts dispensés mais vains alors que l'énergie se fait rare. Et il était impossible de fuir le champ de bataille. Et il était impossible de fuir. On en pouvait qu'attendre, paralysée par la fatigue profonde, les angoisses. On ne pouvait qu'attendre, attendre que le temps passe, ou trouver un échappatoire le temps de quelques heures. Retrouver un peu de bonheur, mais le retour au noir était alors si douloureux. Que fallait-il choisir ? L'oubli et l'attente neutre ou les contrastes douloureux ? En même temps, dans ces instants, j'étais rassurée de me rendre compte de ma capacité à ressentir. Je n'avais pas tout perdu, tout n'était pas perdu, altéré. J'aurais tellement aimé pouvoir hurler, pleurer de désespoir. Je n'étais qu'une attente, une fatigue, et une langueur de plus en plus pesante. Les choses se ternissaient autour de moi. J'essayais de contenir les assauts de noirceurs qui m'assaillaient. Oui, "j'ai pas le temps là, j'ai pas le temps, je peux pas, j'ai pas les armes". Quand la boîte de Pandore finissait pas craquer et s'entrouvrir, je devenais terrifiante de douleur, de noir et de pleurs. J'essayais de tout refermer très vite. Dès fois, il y a eu A. qui me prenait dans ses bras et essayait de me calmer, de répondre à mes questions pressantes, à la marée de mes angoisses. A. vivait un peu la même chose et elle était dans les mêmes gammes d'intensités. Alors quand A. était là, je savais qu'elle avait les épaules, que je ne lui ferai pas (trop) peur. J'essaie de rassembler mes souvenirs, mais tout est brouillé quand j'essaie d'assumer cet angle de vue. Quand je n'extraie pas les moments de vie mais que je tente de voir les élans sous-jacent, la tristesse toujours refoulée, la perte de soi, l'absence à soi qui envahit.

Je voulais retrouver ces souvenirs. J'y peine encore un peu. Je voulais car je réfléchissais à savoir à quel point j'étais effectivement arrivée à m'extraire de tout cela. Je me rends compte qu'il m'a déjà fallu une année scolaire pour me défaire de la peur, me dire que j'étais sortie du lieu (physiquement et matériellement parlant) de la bataille, que je n'étais plus là, que c'était différent. J'ai pris beaucoup de temps à me remettre physiquement de tout cela. J'ai beaucoup dormi, avec un sommeil très troublé, traumatisant et lourd. Et là, à la lueur d'un nouveau réveil froissé - même s'ils se font de plus en plus rare - je pensais au fait que je reste dans une sorte de léthargie. Une léthargie protectrice cette fois. Inconsciemment, je m'isole des choses et des gens, comme si cela pouvait me faire mal. Cela me rappelle mes double sommeil douloureux. Je me réveille, mais en fait je dors encore et je rêve que mon esprit est coincé dans mon corps. Mon corps dort et j'attends la sonnerie du réveil pour qu'il réagisse. mon esprit se débat pour réveiller mon corps avant, il panique à l'idée de se retrouver coincé. Finalement, je me réveille vraiment et la frontière entre rêve et réalité se sont brouillées. Je ne suis plus dans la tristesse à fleur de vie, je ne suis plus dans cette langueur innommable, cette attente de délivrance, cette répulsion constante de tous les assauts de ma douleur mais je ne suis pas pour autant sure d'être réveillée. Je suis à fuir - inconsciemment - toute sorte d'attache. Au début de l'année, je faisais un blocage violent pour tout ce qui était prévu régulièrement. Je détestais l'idée de remplir mon empli du temps avec des choses hebdomadaires. Je me sentais tout de suite mal, le spectre d'une nouvelle prison. Il me fallait du temps, de la liberté, ne serait-ce que sur le papier. Les premières semaines avec beaucoup de travail m'angoissaient. Pas que le travail en soi me dérangeaient mais l'idée que je n'aurais peut être plus de temps me faisait très peur. Alors je dégageais du temps, encore du temps, pour ne rien faire. Organiser des sorties, oui mais pas trop, il me fallait mes plages blanches. L'idée de limite a priori m'a toujours froissé et là le sentiment s'est terriblement accru. Pas plus tard qu'aujourd'hui, j'ai encore eu ce sentiment en regardant - alors qu'elles viennent juste de commencer - quand terminaient mes vacances. L'idée d'un horizon fixe me fait mal.

Je me rends compte que d'une certaine manière je me suis encore assez isolée, d'une autre manière. Dans une optique protectrice cette fois. J'ai quand même beaucoup de choses, j'ai passé beaucoup de temps avec mes amis mais au fond, je me demande si je n'ai pas encore peur. Peur de la vie, par ce qu'elle pourrait rouvrir la boîte de Pandore, par ce que ça sera peut être quelqu'un, par ce que je ne me maîtrise plus et je sors de tout cela totalement floue à moi-même. La dépression a fait sur moi l'effet d'une léthargie, dont je ne suis pas encore réveillée. Chaque espace de soi est à reconquérir, à réveiller, à rassurer. J'ai peut être juste, inconsciemment, peur de ce que je peux y retrouver.

Mais je commence en essayant d'aller à la rencontre de mes souvenirs de l'année dernière.
Et à continuer à retrouver la parole.

(Mon envie irrépressible de voyage: la recherche d'un terrain neutre et isolé pour refaire l'expérience de soi en "sécurité" ?)
 

Vendredi 25 juillet 2014 à 23:30

"Les étoiles, murmura-t-elle, les étoiles ! Elles tombent, regarde !" Que disait-elle ? Au loin le ciel était noir, perpétuellement noir. Dans la nuit, seul le bruit de la vi(ll)e et celui du vent se faisaient entendre. Elle restait assiste, prise d'enthousiasme: "Les étoiles, elles tombent et viennent s'enrouler dans le vent ! Je les vois !"

Vendredi 18 juillet 2014 à 16:39

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L'année tout doucement s'est décantée, variations de perspective.
J'ai regardé l'année dernière et ses déchirures. Je me suis souvenue de cet été là,
a bout de souffle, à bout d'énergie, à bout de tout
Je me suis souvenue de l'angoisse et de mon esprit écrasé
Du temps qui s'étire et vient murmurer à l'agonie
Des poussées d’adrénalines salvatrices
Je me souviens de l'ennui et de la peur qui coule
L'année doucement a avancé, et j'apprends à recoller mes morceaux
Au long des lignes claires
La mélodie qui dort, s'éveille parfois
Dans l'obscurité lourde des appels profonds
Dans le retour au calme, il faut retrouver le soleil.


Vendredi 18 juillet 2014 à 16:13

Quand je sentirai l'air à nouveau envahir mes poumons,
Quand tu seras à nouveau à la portée de mes yeux

Dimanche 13 juillet 2014 à 13:51

Brouillonnée de l'intérieur, vidée et errante.

Samedi 12 juillet 2014 à 3:16

La fatigue me coule des yeux, et les palpitations de vie m'échappent au fil de l'eau.  Je m'envole dans la rue vide, ivre et belle dans un océan d'espoir. Qu'auraient voulu ceux dont l'instance n'est guère qu'une contrainte ? Je déclare la sentence levée et les envolées lyriques. Avoisinant l'espace, mon corps chancèle d'insouciance, la puissance pénètre mon être. J'y crois. Epiquement votre, je plongerai au coeur de mes pensées pour y extrait le jus, l'essence et les fruits.

Mon habitation au coeur bringuebalant, fragile et soourd continue sa route et sa rencontre aux ardeurs.

Vois-tu la force de mon être ? Cette puissance qui jamais ne faiblit? L'instinct du combat et les codes de protection ? Vois-tu que je demeure dans les pans entiers qui m'unissent au monde ? Je regarde les horizons en recherchant la subtance qui les lient.

Mercredi 9 juillet 2014 à 15:35



Sous la pluie, Paris, je ramasse encore les fils mouillés sur le trottoir.
Je suis seule et je marche à l'horizon des rues qui se vident.
Articulant l'espoir aux silhouettes des automnes à venir,
J'ai toujours envie de chanter dans les rues presque désertes
Comme pour accompagner la pluie qui perle le long de mes cheveux

Sous la pluie, Paris, je reprends doucement racine
En apprivoisant la peur du tord,
De l'autre
Et de moi.
Les allées à symbole m'entourent de leur grandiloquence bienveillante.
Dans l'immensité grise, il y a encore tout à faire fleurir
Mais je me sens prudente et je cherche la douceur de la pluie,
La douceur de l'eau, qui vient d'au-delà du corps.

*

Le bruit du temps comme un murmure saturé
La cadence des pluies aux corps animés
La violence et la densité des chutes
Se jettent à même l'espace
Dans une douce
Folie.

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Mardi 17 juin 2014 à 10:28

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Samedi 7 juin 2014 à 22:44

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Je marche seule dans les alentours. La ville m’appelle de son souffle impatient. Je reprends la mer

Je cherche qui je suis,

Et j’irai éclore au creux de la vie, discrète comme un nuage. J’irai grandir à même le jour

Libère ton écrire Julie !

Je repense à toi et tes mots de nuit, « tu es un lointain fantasme ».

Depuis que je née, la vie avance

 

Je voudrais pouvoir chanter encore, te glisser doucement les mots de mon cœur dans les yeux, tournoyer librement. Cela sera bientôt. La liberté, le bonheur et l’identité, c’est un travail à même la vie, qui peut éclore en moments de grâce mais rien n’est figé, et je dois continuer, à me reapproprier chaque jour ce que je suis-ce que je veux être.

Paris a enfin avalé la pluie, restée présente ce matin, Paris revêt son odeur d’été, l’odeur de ses soirées qui appellent à l’ivresse. Dans ces moments, des souvenirs se réveillent également. Ce sont les souvenirs d’été qui refleurissent, les étés tumultueusement tristes et joyeux. Mes étés à Paris ont toujours été le temps des plus grandes ruptures (factuellement, vécues plus ou moins là). Le prochain promet d’être plus calme, dans la continuité de mon monde. Premier été entier à panam, et l’horizon dégagé (serait-ce une invitation ?). Serait-ce une invitation ?

La douleur qui dort en moi m’offre des instants de courage, et je sais que je fais du chemin.

Samedi 7 juin 2014 à 0:06

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Des morceaux de monde tombent à même le ciel,
Et ils s'inscrivent dans une boucle infinie
Lui, il court autant qu'il peut
Cherchant quelque chose de vital, au milieu des champs de roses
Le monde se dilate et respire de la fumée noire
Dans les spirales infinies qui couvrent le sol
Je te regarde avancer au coeur,
Et tes yeux projetés à l'avenir

Nous cherchons une sorte de paradis dans le creux des fleurs
Nous dans une folie ancrée dans ton être
Dans la confiance éperdue de la voix qui te guide
Et te murmure de continuer dans ces tumultes hideux
Qui te crient que tu es là

Nous entendons une forme de paradis derrière le désastre

Jeudi 22 mai 2014 à 14:04

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Musique.

Je suis le combat intrépide et l'espoir forcé. Dans la plaine de l'absence je ne sais plus te dire, et je t'oublie peu à peu. Je suis le torrent de larme qui gise au fond de mon coeur, trop souvent empêché. La douleur n'a pas de cri dans la caverne du doute. Je ne te sais plus, Papa. Je suis encore assez faible pour entendre mon ventre se tordre quand je pense à toi, quand je pense à toi fort, que j'ose aller plus loin que le simple effleurement de la pensée, quand j'ose ouvrir ce livre désespérément trop vide, de notre vie à partager. Je ferme les yeux quand ce n'est plus supportable. A quoi cela rime-t-il ? Mes souvenirs deviennent plus flou, le temps passe, je vis. Je vis mais je ne peux pas m'approcher du trou noir qui est là, de ce puits que je garde au coeur de moi-même. Que je garde. Quand j'ai le courage d'y jeter un mot, je n'entends que l'écho de mon être qui se recroqueville. Papa.
 

Dimanche 18 mai 2014 à 20:10

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Samedi 10 mai 2014 à 21:29

Je suis de la fenêtre la pluie qui se déverse et frappe les toits.
Aux lignes surplombantes des cheminées de feu,
Le ciel parait si loin, et si tassé
Le ciel s'en est allé, abattu par l'eau


Jeudi 8 mai 2014 à 13:59

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(Musique)

J'étais sur la mer, et les voiles se déployaient. Le bateau avançait dans la nuit sur une eau calme et inconnue. Il faisait froid, la mer avait fait son chemin entre deux montagnes. Et nous voguions. Toi, tu étais dans une embarcation à l'arrière, tenue par une longue corde, une corde de plus en plus longue, qui se déroulait dans l'océan, et plongeait dans l'eau. Même si je t'oubliais souvent, tu étais là; nos embarcations reliées. Je ne le savais plus mais tu étais là. Parfois je t'apercevais, poussé par le flux de l'eau dans l'horizon de mon regard, et on se faisait signe. C'était rarement très long. On se manquait souvent. Alors, c'était un membre de l'équipage qui me disait "il était là, il aurait voulu vous voir". Et je t'attendais un peu pour te répondre, puis je me lassais.

La mer et les rivières défilaient en nous parlant du temps. La forêt et les vents avançaient au rythme de l'eau. La corde se déroulait à l'infini, sans s'emmêler pourtant. Qui étais-tu alors devenu ? Parfois, je doutais même de pouvoir te reconnaître, au creux des nuages qui descendaient, au coeur du brouillard qui habitait l'horizon. "Il était là cette nuit, mais vous dormiez. Il n'a rien voulu dire." "On l'a aperçu au loin, il semblait vous chercher". Au réveil, la sensation de t'avoir manqué, cette émotion d'arrière-plan qui me prenait le coeur, et puis le quotidien te portait hors de mon souvenir. Parfois, à l'approche d'une île connue, je croyais pouvoir te croiser. Je déchiffrais le rivage puis je m'éloignais des côtes. Des fois je t'avais vu, des fois nous nous étions même parlé. Tu me paraissais peu à peu appartenir à une autre vie. Toi, le passé, l'oubli et les murmures du temps.

***

Dans un autre monde, dans une autre vie, dans une autre forme d'endroit. J'aurais pu partir. Dans l'instant qui fut là, et la secousse indicible, invisible et fugace, qui ne dit pas son nom. Alors que mon esprit reprenait des forces, je touchais le bord de l'eau et mon coeur reprenait de l'air. J'ai tourné la tête et j'ai vu la corde se dérouler plus vite et le nœud se défaire. Je n'ai pas bougé, je n'ai rien dit, je n'ai rien senti. Cela ne changerait rien, peut-être ai-je pensé. J'ai vu la corde courir le long du blanc et s'enfoncer dans la mer. J'ai regardé au loin, et j'ai vu que ton esprit n'était pas loin et qu'il s'éloignait plus vite. Tu étais encore si proche. Tu t'éloignais alors, pour t'enfoncer dans le brouillard. Je ne sais pas si tu as déjà vécu cela, si ton bateau était lui, plus libre que le mien. Le lendemain, on m'a dit que tu étais passé - c'est comme si tu avais senti quelque chose. J'ai souri car mon coeur n'a pas frémi. J'ai souri car je t'aime mieux.

C'est peut être un autre monde, peut être une autre vie, c'est une autre forme d'endroit. Je regarde les étoiles au loin. Ma vie avec toi a pris comme en un battement la couleur du souvenir. Les images me paraissent floues, d'un coup, mais j'espère m'approprier alors leur langage. Je ne t'ai pas oublié, je ne le ferai pas (tu es une partie de moi, tu es une partie de ce que je suis). Mais, je me suis en allée, je me suis détachée (alors même que je ne savais pas que tu étais toujours tellement là). Je te sourie à travers la lune. Et je déploie les voiles. 

Mardi 6 mai 2014 à 9:55

Vol en nuit noire, atterrissage manqué.

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