Mercredi 19 juin 2013 à 22:01
Il y les éclairs, et les grondements du tonnerre, là. Je n’aime pas quand, après cette crispation de lumière, il y a le silence (et pas de grondement).
Et si un jour, je pouvais re-vaincre la peur des mots. Mais c’est que lentement, le silence a pris trop de place en moi, et est devenu une habitude. Une habitude de pensée, d’agir. La négation. Je suis le pouvoir déréglé de la négation, et de la peur, au nom de la vie superficielle – de la sur-vie, celle à même la vie qui ne peut que murmurer les inflexions.
Et quoi décider, encore ?
Avec le tonnerre qui hurle. Julie, Julie, Julie, tu es le tonnerre et la pluie qui ruisselle, absurde et en puissance, à la vanité du goudron laid. La puissance qui se libère au-delà de toi sans te transporter ailleurs. La puissance gratuite, épuisée dans sa propre rétention – d’autres dirons qu’elle était têtue.
Je voudrais des impressions policées, ou plus entières. Je ne suis qu’une bribe, voilà.
C’est quand la liberté ?
La manière maladive et grotesque qu’a le ciel pour hurler son ardeur.
Osons, enfin, se dit elle, sans cesser de trembler.
« Je nage dans le vide ».
Et si on recommence tout ? Il faudrait l’accepter.
Les vocalises, les lectures et les tortures. La perte des sentiments en sus. J’écrirai. Oui. C’est la décision depuis longtemps. Mais maintenant, il faudra recommencer les gammes, avec ces paumes engourdies, et dire « j’écris », même si pour cela, pour l’instant, tu penses « mal », « un peu », « je sais pas pourquoi », « comme cela », « sans prétention », juste pour te regarder.
J’ai perdu ma voix.
Alors oui, recommencer. Les sons et les couleurs.
Dimanche 9 juin 2013 à 22:46
Perds pas espoir
Promis-juré qu’on la vivra notre putain de belle histoire
Ce sera plus des mensonges
Quelque chose de grand
Qui sauve la vie / qui trompe la mort / qui déglingue enfin le blizzard"
Lundi 27 mai 2013 à 1:12
Les lumières douces s’envolent au creux du ciel, les lumières se détachent lentement du sol pour venir se plonger au creux des nuages sombres.
Elle creusait la neige avec ses doigts nus. Et le froid lui faisait si mal. Si mal. Elle prenait la neige avec ses mains fines, sans l’écraser, juste assez pour la recueillir ailleurs et former des espaces libres. Elle creusait ainsi.
Cette infinie envie de pleurer la reprenait encore. Alors elle criait un peu pour se distraire de la douleur. Pour oublier ses mains plongées dans la neige, dans l’immensité blanche et tranchante de la neige.
Elle creusait sans aucun doute avec l’espoir qu’ont les gens fous. Pour réveiller les lumières qui lentement se révèlent à la nuit et montent rejoindre les nuées transparentes.
Elle ne pleurera qu’ensuite, quand l’entaille sera trop profonde, l’accumulation insupportable et que ses mains seront mortes, inaptes au sang et aux autres choses du monde.
Elle rêvera d’un monde où elle aurait été plus digne, encore. Et peut être plus heureuse. Plus protégée, et moins seule.
Elle chantera encore pour se donner du cœur, du courage, et la force de respirer.
Elle chantera, comme quand elle oublie que les escaliers profonds réclament encore.
Comme quand elle est libre.
Elle attend le murmure divin, au fond, qu’il surgisse des bruissements de la neige et des bruits de son propre corps.
Elle attend le bonheur, comme une vague silencieuse, qui se glisse le long du soleil levant.
Elle ne pleurera pas sur la vie des autres, ceux qui sont partis, ou ceux encore qui n’ont pas à avaler la neige de leurs doigts nus. Ceux à qui l’on a offert le printemps.
Ce n’est pas qu’elle n’aime plus cet hiver. Elle a juste peur qu’il ne finisse jamais.
Et qu’un jour, on la retrouve enfouie.
Les perles de lumière s’élèvent toujours et se mêle à la neige qui tombe et lui glisse sur le visage. La neige tombe toujours. Elle était douce. Les autres reçoivent la lumière.
Un jour, elle aura le droit d’être triste, vraiment. Un jour elle pourra pleurer. Je ne pense pas tout de fois qu’elle pourra comprendre. Elle pourra panser.
Elle attend dans la neige, de loin, c’est à peine si on pourrait la voir remuer. Elle ferme les yeux, pour dormir, et se souvenir de la chaleur du temps. Pour imaginer un monde ailleurs, où….
Elle dort dans la neige, et la lune coule, au bord de ses lèvres, elle brille et glisse peu à peu, comme ce qui restait de vie.
La lune couve et la protège, quand elle dort. Quand elle creuse, aussi. La lune comprend la neige. Le soleil, lui, a disparu, derrière la lune.
Vois-tu toujours l’ensemble des choses passées quand tu ries ? Et quand ton sourire dessine la force même de ce que j’ai pu aimer ? Quand la vie se suspend aux écoulements de la lune qui brille sur mes lèvres, et viennent se jeter dans mon cœur ? Sens-tu autre chose que ce rire nerveux qui secoue les épaules de ton être, lorsqu’il sent la neige sur ses yeux ? Et est-ce que la nuit pourra éternellement nous protéger ? Lorsque le refus se fait plus pur, et les étoiles à peine voilées.
Comprendras-tu un jour la tristesse qui te parcoure profondément ? Au-delà.
Elle, la neige, la nuit, et les lumières douces.
Mercredi 15 mai 2013 à 18:19
Le thème et les contraintes de cette fois-ci :
"une scène urbaine se déroulant soit pendant un orage en vous inspirant des deux premières strophes du poème de Verlaine Il pleure dans mon cœur, soit pendant une canicule en vous inspirant de la première strophe du poème de Rimbaud Soleil et chair.
Première contrainte : le texte devra être rédigé au présent.
Deuxième contrainte : une palette de couleurs à intégrer obligatoirement dans votre texte. Fleur de soufre (jaune), aurore (orange), incarnat (rouge), tourterelle (gris), majorelle (bleu), lavande (bleu), céladon (vert), pourpre (rouge violet), orchidée (violet). "
Là encore, je participe aussi pour me "contraindre" à écrire, surtout que j'ai l'imagination fatiguée (épuisée) en ce moment, et que ça m'attriste un peu (beaucoup). Et c'est bien sympa à faire, très stimulant. N'hésitez pas à vous lancer ! (la forme est libre).
Dans le champ lavande du crépuscule lunaire,
L’asphalte rayonne d’un doux reflet orchidée
Et résonne aux assauts de cette pluie rageuse.
L’eau jaillit, rugit puis éclate autour d’elle ses
Reflets majorelle, sa matière translucide
Et peint avec violence le contour des rues.
Alors, elle glisse avec grâce entre les visages
De pierre qui forment le pavé incarnat
Pour se jeter enfin dans les entrailles du monde.
Devant moi, la ville, barbouillée de trainées pourpres
Est envahie par les ombres, par la traversée
Des silhouettes floues chassées par cet orage.
Et mon cœur se noie encore dans cette ivresse
Fleur de soufre, dans le chagrin immense et lourd
Qui se déroule à mes pieds et soudain m’envahit.
Je suis perdu ici et j’entends la nuance
Tourterelle et précieuse aux fantassins du monde
Dont la mélancolie vomit à s’en faire croire.
Dans ce corps ravalé aux charmes de l’aurore
Je suis assis ici aux prises avec le ciel
Rendu vert céladon par sa propre misère.
Je suis la ville saoule qui un jour t’a perdue.
Jeudi 9 mai 2013 à 12:34
Dans le son des autres, et les effluves du temps
Mercredi 8 mai 2013 à 22:57
J'avais envie de jeter des conneries.
Jeudi 2 mai 2013 à 21:46
Je fais de la cuisine,
Je bois du thé avec ma mère,
Je vois des amis,
Je revis, peut être bien.
Mais je sens, en suspens, au-delà des frustrations, les questions qui me tauraudent, les doutes.
Chaque chose en son temps.
Chaque.
Et l'imagination ? Et les coups. Et les espoirs. Et les peurs. Et mon envie de vie.
Et encore une fois, encore une valse. Et l'amour de l'art. Et les amis, et les autres, qui croient, et qui pensent.
Mon chemin est entré, dans les sursauts des jours.
L'atonie avalée et les tremblements, toujours.
Jeudi 11 avril 2013 à 23:43
A côté de moi, il y a une ombre et un bout de cigarette rouge. De temps en temps, une bouffée éclaire une bouche et un nez comme un phare lointain.
Le tison s'est écarté de la bouche qui rentre alors dans le noir. Il s'approche de moi. Je ne fais pas attention. Un coup de coude dans mon bras. Le tison se rapproche. Je prends la cigarette. Je tire deux touches. La main la reprend.
— Merci.
C'est le premier mot. J'étais seul. Je ne savais même pas qu'il existait. Pourquoi cette cigarette vers moi?
Je ne sais pas qui il est. Le tison rougit de nouveau à sa bouche, puis il s'en écarte et s'approche de nouveau de moi. Une touche. Nous sommes ensemble maintenant, lui et moi: on tire sur la même cigarette. Il demande.
— Franzose?
Et je réponds:
— Ja
Il tire sur sa cigarette. Il est tard. Il n'y a plus aucun bruit dans la chambrée. Ceux qui sont sur le banc ne dorment pas mais se taisent. Moi aussi je demande:
— Rusky?
— Ja.
Il parle doucement. Sa voix semble jeune. Je ne le vois pas.
— Wie Alt? ( Quel âge? )
— Achtzehn. ( Dix-huit ).
Il roule un peu les r. Il y a un silence pendant qu'il tire sa bouffée. Puis il me tend la cigarette et disparaît de nouveau dans le noir. Je lui demande d'où il est.
— Sébastopol.
Il répond chaque fois docilement, et dans le noir, ici, c'est comme s'il racontait sa vie.
La cigarette est éteinte. Je ne l'ai pas vu. Demain je ne le reconnaîtrai pas. L'ombre de son coprs s'est penchée. Un moment passe. Quelques ronflements s'élèvent du coin. Je me suis penché moi aussi. Rien n'existe plus que l'homme que je ne vois pas. Ma main s'est mise sur son épaule.
A voix basse:
— Wir sind frei. ( Nous sommes libres).
Il se relève. Il essaye de me voir. Il me serre la main.
— Ja.
Dimanche 31 mars 2013 à 0:07
Hier à huit heures Madame Bérange, la concierge, est morte. Une grande tempête s'élève de la nuit. Tout en haut, où nous sommes, la maison tremble. C'était une douce et gentille fidèle amie. Demain on l'enterre rue des Saules. Elle était vraiment vieille, tout au bout de la vieillesse. Je lui ai dit dès le premier jour quand elle a toussé : "Ne vous allongez pas, surtout !… Restez assise dans votre lit !" Je me méfiais. Et puis voilà… Et puis tant pis.
Je n'ai pas toujours pratiqué la médecine, cette merde. Je vais leur écrire qu'elle est morte Madame Bérange à ceux qui l'ont connue. Où sont-ils ?
Je voudrais que la tempête fasse encore bien plus de boucan, que les toits s'écroulent, que le printemps ne revienne plus, que notre maison disparaisse.
Elle savait Madame Bérange que tous les chagrins viennent dans les lettres. Je ne sais plus à qui écrire… Tous ces gens sont loin… Ils ont changé d'âme pour mieux trahir, mieux oublier, parler d'autre chose…
(...)
Sur la fin ma vieille bignolle, elle ne pouvait plus rien dire. Elle étouffait, elle me retenait par la main… Le facteur est entré. Il l'a vue mourir. Un petit hoquet. C'est tout. Bien des gens sont venus chez elle autrefois pour me demander. Ils sont partis loin, très loin, se chercher une âme. Le facteur a ôté son képi. Je pourrais moi dire toute ma haine. Je sais. Je le ferai plus tard s'ils ne reviennent pas. J'aime mieux raconter des histoires. J'en raconterai de telles qu'ils reviendront, exprès, pour me tuer, des quatre coins du monde. Alors ce sera fini et je serai bien content."
***
"Ce qui me taquinait chez eux, c'était de foutre en l'air le pot de colle, toujours en branle sur le réchaud. Un jour je me suis décidé. Mon père en apprenant ça, il a prévenu tout de suite Maman, que je l'étranglerais un jour, que c'était bien dans mes tendances. Il voyait tout ça. "
***
"Dans le noir, derrière la tante, derrière son fauteuil, y avait tout ce qui est fini, y avait mon grand-père Léopold qui n'est jamais revenu des Indes, y avait la Vierge Marie, y avait Monsieur de Bergerac, Félix Faure et Lustucru et l'imparfait du subjonctif. Voilà. "
***
"Nous eûmes de nouveaux déboires avec le "Zélé"... tellement perméable et foireux qu'il s'effondrait dans ses cordes!... Il nous ruinait en hydrogène, en gaz méthanique... A force de pomper tout de même, il prenait un petit élan... Avec deux ou trois soubresauts il franchissait assez bien les premiers arbustes... S'il arrachait une balustrade, il fonçait alors dans le verger...Il repartait encore une secousse... Il ricochait contre l'église... Il emportait la girouette... le peu de gaz s'évaporait... Il a raclé avec son cul toutes les betteraves du Nord-Est. La belle nacelle en rotin, elle avait plus de forme à force... Sur le plateau d'Orgemont, il est resté deux bonnes heures entièrement enfoui, coincé dans la mare, un purin énorme !... Quand on a replié le "Zélé", il sentait si fortement les matières et le jus de la fosse...qu'on a jamais voulu de nous dans le compartiment... On a voyagé dans le fourgon avec l'ustensile, les agrès, la came. "
"J'suis né en mai, c'est moi le printemps"
Des extraits...Que de conneries !
(Expérience de lecture. STOP. Emportement.STOP)
Samedi 30 mars 2013 à 19:44
Et l’espoir qui glisse.
Je suis un enfant revenu, que l’on berce pour la première fois
Et qui courre au creux de la colline,
Dévalant les couleurs de l’aube.
Je suis une pluie ouverte.
Et la floraison intime, des choses libérées.
Dans le souffle nu, perlant au corps du bois creusé, et infiniment pâle, elles glissent ailleurs, et je les suis, et je les vis encore. Elles rient, rient, rient, et elles se précipitent aux alentours.
Je suis ces flux tout-puissants, et la chair du cœur qui les offre.
Je suis la mer dans l’ordinaire d’un silence trop ancré, machinalement empêchée
Je suis la mer soudainement vivante, déferlante dans les remous des brisures du clavier, dans le chaos soudain de l’harmonie nuptiale, de sa propre promesse d’amour.
Je n'articulerai pas un mot, je ne pleurerai rien.
Je, pour une fois.
Mardi 26 mars 2013 à 10:30
Je suis une rancoeur,
Que vive la colère !
Je suis fatiguée de cette tension sourde,
De la violence palpable face à l'abandon de ton être
De ce putain de silence mi-désolé, mi-stupide
Je suis une rancoeur,
Un mépris tacite, une nouvelle coupe
Je ne te hais pas, ce qui est plus cruel
Je n'arrive pas à laisser couler mon coeur
qQ'il vienne enfin, comme une vague,
Te frapper fort, briser les schémas malheureusement figés
Je me tais, et je souhaite si fort ton absence.
Mais tu es là, mollement, mais là.
La fuite est impossible?
(Alors, alors.
Jets.)
***
Je me protège trop.
J'accumule trop.
Les tensions au creux de mon corps, mon corps fatigué, excuse moi. Je le consolerai.
Mon corps libéré, un peu, sourit doucement.
J'aimerais le nourrir, et balayer enfin le
"Prendre sur soi"
L'expression est impossible, refusée.
Je voudrais.
Et le silence.
"Musicienne du silence",
Je t'appelle.
Lundi 25 mars 2013 à 8:39
A la nue accablante ...
A la nue accablante tu
Basse de basalte et de laves
A même les échos esclaves
Par une trompe sans vertu
Quel sépulcral naufrage (tu
Le sais, écume, mais y baves)
Suprême une entre les épaves
Abolit le mât dévêtu
Ou cela que furibond faute
De quelque perdition haute
Tout l'abîme vain éployé
Dans le si blanc cheveu qui traîne
Avarement aura noyé
Le flanc enfant d'une sirène.
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